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Ngoyo Moussavou : « Les défections n’empêcheront pas Ali Bongo Ondimba d’être réélu » au Gabon

Décidément, Ngoyo Moussavou a le sens de la formule. Ce jour-là, alors qu’il nous rend visite à J.A., c’est à l’avocat Robert Bourgi qu’il s’en prend…

« Bourgi, c’est un soldat perdu de la Françafrique, tacle l’ambassadeur du Gabon en France, très en verve. Longtemps, le Gabon a été pour lui comme une sorbetière. Tous les matins, il avait sa glace. Crime suprême à ses yeux, les nouvelles autorités gabonaises lui ont enlevé sa sorbetière. Il est privé de glace. Il n’est pas content, prend le chef de l’État pour cible et le dénigre à la moindre occasion. »

Des propos dérangeants

À l’évidence, Ngoyo Moussavou, 59 ans, n’a pas digéré la récente intervention de Robert Bourgi sur le plateau de la chaîne France 24. L’avocat y affirmait qu’Ali Bongo Ondimba avait été adoubé par la France en 2009, que son septennat confinait à la « dictature » et que le Gabon était « une poudrière prête à exploser ».

À l’écouter ainsi « cogner » (il ne renie pas le terme) sur l’ancien conseiller occulte de Nicolas Sarkozy, on se souvient que ce diplomate a été formé au journalisme au Cesti, à Dakar, qu’il a fait ses premières armes à L’Union, le quotidien gouvernemental qu’il dirigea par la suite, et qu’il y signait de redoutables pamphlets annonciateurs de disgrâce – à l’époque, Omar Bongo Ondimba laissait faire, voire encourageait, les fines gâchettes du journal à s’attaquer aux barons de son entourage, et Ngoyo Moussavou ne s’en privait pas.

Poussé dans le chaudron de la politique par Bongo père, ce natif de la province de la Nyanga (Sud-Ouest) est « appelé à la présidence » dans les années 2000. Il passe cinq ans au cabinet du chef de l’État avant d’entrer au gouvernement au poste de ministre des Travaux publics, de l’Équipement et de la Construction. Plus tard, il prend la tête du groupe parlementaire PDG (Parti démocratique gabonais) au Sénat.

Dans les années 1990, Ngoyo Moussavou s’était engagé, au côté d’Ali Bongo Ondimba, au sein du courant des rénovateurs du PDG, qui rêvaient de renouveler la classe politique. Parvenu à la tête du pays, Ali Bongo Ondimba met en œuvre ce vieux projet, mais rencontre beaucoup de résistance. Les caciques quittent le parti avec fracas. Dernière défection en date : celle de Guy Nzouba Ndama. Ce 31 mars, le président de l’Assemblée nationale a démissionné, claqué la porte du PDG et annoncé sa candidature à la présidentielle prévue en août.

Tout est affaire d’intérêt

À Paris, où il est en poste depuis 2011, Ngoyo Moussavou fait mine de ne pas s’en émouvoir : « Il est parti parce qu’il ne trouvait plus d’intérêt à rester au PDG. C’est comme ça, hélas, tout est affaire d’intérêt. Et puis ce n’est pas le premier président de la chambre basse qui démissionne. Jules Aristide Bourdes-Ogouliguende avait quitté ses fonctions avant la présidentielle de 1993. Cela n’a pas empêché la réélection d’Omar Bongo Ondimba. »

L’ambassadeur dit en revanche regretter les attaques personnelles contre le chef de l’État. « Avez-vous observé que ce sont toujours les mêmes qui, faute d’arguments, mettent en doute sa filiation ? » À l’en croire, des opposants (Jean de Dieu Moukagni Iwangou et Pierre Claver Maganga Moussavou) ont écrit en juin 2015 à l’Élysée pour que la présidence française atteste de l’authenticité de l’acte de naissance produit par le service d’état civil de Nantes (Ali Bongo Ondimba est né à Brazzaville en 1959, avant l’indépendance du Congo).

Ils auraient obtenu une réponse un mois plus tard. « Depuis, c’est silence radio, s’amuse Ngoyo Moussavou. Pourquoi ne reconnaissent-ils pas que leur stratégie a échoué ? »

Georges Dougueli

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