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Élection – Gabon : psychose générale à Libreville

Quasiment vidée de sa population, la capitale gabonaise vit au rythme des rumeurs et surtout des craintes d’émeutes au lendemain d’un scrutin sous tension.
PAR NOTRE CORRESPONDANT À LIBREVILLE, PIERRE-ERIC MBOG BATASSI

Les rues de la capitale gabonaise sont pratiquement désertes. Difficile de trouver un taxi. « J’ai garé mon taxi depuis samedi. Nous observons la situation. Au Gabon, les jeunes émeutiers s’en prennent parfois aux transporteurs pendant les crises politiques », a expliqué Vincent Lipobo, taximan.

Dans plusieurs quartiers, de nombreux magasins sont restés fermés. « Aucun commerçant ne veut voir sa marchandise emportée par les vandales et les pilleurs qui cassent et volent sans être inquiétés, parfois sous la barbe et le nez des policiers lors des émeutes. « J’avais perdu en 2009 tout ce que j’avais dans mon magasin au quartier Nkembo, dans le 2e arrondissement de Libreville, après la proclamation des résultats de la présidentielle. Nous avons encore ces événements en mémoire », se souvient Mohamed Koulibaly, commerçant.

Appel à l’aide de la communauté internationale

Dans les rares magasins qui ont ouvert leurs portes ce 29 août 2016, les étals de commerce ne manquaient pas du monde. « Il faut faire des provisions. Nous sommes inquiets. Personne ne sait ce que deviendra le pays après la proclamation des résultats ce 30 août. Chaque camp crie à la victoire. Cela ne présage rien de bon. Nous sollicitons l’aide de la communauté internationale pour éviter l’embrasement du Gabon. Nous avons peur », a dit le couple Ndiayet, rencontré dans un supermarché de la place.

Le sentiment de peur que partagent de nombreux Librevillois est renforcé par la présence des éléments des forces de sécurité dans les places publiques et les différents carrefours de la capitale gabonaise. C’est tout au moins l’impression de Paul Mihindou, militant de l’Union nationale (UN, opposition), qui estime que « les policiers sont déjà sortis des casernes pour mater ceux qui contesteront les résultats proclamés par la CENAP. C’est un signe avant-coureur qui annonce des tumultes dans le pays ».

Des appels à la retenue

« Je pense que les Gabonais sont assez sages pour ne pas compromettre la stabilité et l’unité du pays. Il faut un sursaut de patriotisme aux candidats de cette élection présidentielle. Je les invite tous à se soumettre au verdict des urnes. Je crois à la sagesse de Jean Ping et d’Ali Bongo Ondimba. Je suis optimiste. Il faut faire preuve de beaucoup de retenue lorsque l’unité nationale et la paix sont en jeu », a déclaré Michel Pecoinh, conteur gabonais. Le candidat Bruno Ben Moubamba, président d’une aile de l’Union du peuple gabonais (UPG, opposition), a lancé également l’appel aux deux rivaux, Ali Bongo et Jean Ping, pour le triomphe de la concorde et de l’unité nationale. « J’appelle ces deux acteurs politiques à la retenue et à la non-radicalisation des esprits. Nous sommes tous Gabonais et nous avons des droits constitutionnels, notamment celui de ne pas être d’accord les uns avec les autres, mais cela n’autorise personne à faire dans le terrorisme intellectuel et politique. Il n’est de l’intérêt de personne de laisser la violence prendre place dans notre pays. Nous sommes arrivés au bout du processus électoral et nous n’avons pas besoin de violence », a-t-il souligné.

Un scrutin globalement satisfaisant, selon les observateurs

La Mission d’observation électorale du Parlement africain de la société civile a rendu ses premières conclusions ce lundi, lors d’une conférence de presse à Libreville. Selon cet organisme, le scrutin du 27 août 2016 était libre, transparent et organisé de manière acceptable. Même son de cloche du côté des agents de la mission d’observation électorale de l’Union européenne, qui ont affirmé que les opérations de vote ont eu un caractère globalement satisfaisant et transparent.

Double autoproclamation

Le candidat Jean Ping s’est autoproclamé vainqueur du scrutin et a invité le 29 août son principal rival Ali Bongo Ondimba à reconnaître sa défaite. L’équipe de campagne du président sortant le dit également gagnant du scrutin. Le 28 août, l’ancien ministre de la Communication d’ABO, Alain-Claude Bilie-By-Nze, annonçait que le porte-étendard du Parti démocratique gabonais (PDG) et ses alliés étaient largement en tête sur 5 provinces parmi les 9 que compte le pays. « Nous sommes en route pour un second mandat », avait-il déclaré. Les résultats de cette présidentielle sont attendus le 30 août 2016 dans la soirée. 328 124 électeurs étaient attendus aux urnes.

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