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Jean Ping : «Je ne croyais pas qu’Ali Bongo oserait faire ça, c’est inimaginable»

Le leader de l’opposition revient sur l’attaque de son QG de campagne, dans la nuit, qui aurait fait deux morts. Il dit «ne pas être en mesure» de pouvoir lancer un appel au calme.

Il n’était pas à son QG de campagne lors de l’attaque par l’armée, cette nuit, du bâtiment. Jean Ping, 73 ans, ex-Premier ministre et principal opposant à Ali Bongo, conteste les résultats officiels proclamés mercredi, donnant le président sortant réélu avec 5594 voix d’avance. Joint par téléphone à Libreville, il dénonce «une fraude massive», et évoque quatre morts depuis que des émeutes ont éclaté, la veille.

Où êtes-vous ?
Je suis avec ma famille, je ne peux pas indiquer le lieu où je me trouve pour des raisons de sécurité. Je vois des flammes par la fenêtre. Je ne suis pas au quartier général de campagne qui a été pris d’assaut cette nuit. Je l’ai quitté quelques heures avant l’attaque. Ali Bongo pensait que j’y étais encore. Je ne croyais pas qu’il oserait faire ça, c’est inimaginable. Il est fou. Il ne pourra pas survivre comme ça.

Que s’est-il passé cette nuit ?
Vers une heure du matin, des hélicoptères ont tiré sur mon QG de campagne. Beaucoup de responsables de l’opposition y étaient regroupés, pensant être protégés par les militants. Les bombardements des hélicoptères ont fait deux morts et plusieurs blessés. Puis, les militaires ont pénétré dans le bâtiment, ils ont tout cassé. Les ambulances ont été empêchées d’approcher. Les blessés n’ont pas pu être évacués.

Allez-vous appeler au calme ? Ou au contraire à la poursuite des manifestations ?
Quel appel puis-je lancer? Vous ne pouvez pas appeler à la raison dans une situation comme celle-là. C’est la population qui manifeste, qui brûle l’Assemblée nationale, pas les militants de Jean Ping. Les militants sont gazés, arrêtés, emprisonnés : ils ne peuvent plus manifester.

Mais ce sont tout de même vos électeurs qui contestent les résultats. Vous représentez une voix importante pour eux. Vous pourriez appeler à l’apaisement…
C’est à Ali Bongo qu’il faut demander de l’apaisement : on recense aussi deux morts à Port-Gentil et un blessé grave. Et il vient de bombarder son peuple, cette nuit ! Il suffirait qu’Ali Bongo accepte un recomptage des résultats et tout s’arrêterait. J’ai eu plusieurs fois Jean-Marc Ayrault [le ministre français des Affaires étrangères, ndlr] au téléphone pendant la nuit, il parle lui aussi d’appel au calme: c’est son rôle.

Vous dénoncez une fraude massive dans la province du Haut-Ogooué. Les chiffres des autres provinces sont fiables, selon vous ?
Nous ne contestons pas les résultats dans les huit autres provinces. Le Haut-Ogooué est la province natale des Bongo, difficile à contrôler. La technique du gouvernement est de gonfler les résultats de cette région pour combler l’écart des voix qui lui manquait. Ce taux de participation dans le Haut-Ogooué, de 99,93%, n’est pas crédible, le taux moyen, dans le reste du pays, est de 53% ! En dépit de la fraude massive, nous ne contestons pas sa victoire dans cette province. Mais elle est d’une ampleur bien plus faible, qui ne permet pas à Ali Bongo de réduire l’écart. Nous avions des représentants dans tous les bureaux de vote. Nous sommes sûrs de nous.

Célian Macé

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