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Gabon – Des manifestants à Paris : « Boum, Ali est tombé ! »

Pour soutenir Jean Ping et souhaiter le départ d’Ali Bongo Ondimba, de nombreux Gabonais ont manifesté dans la capitale française ce samedi 3 septembre.

Le camp de l’opposant, Jean Ping, officiellement battu à la présidentielle du 27 août, a mobilisé samedi des milliers de partisans de la diaspora gabonaise et africaine, à Paris, mais aussi dans toute la France au moment où la pression internationale s’accentue pour un recomptage des voix bureau par bureau, sur fond de crainte de crise post-électorale.

L’incompréhension à propos du résultat du Haut-Ogooué

En rangs serrés, les manifestants se sont retrouvés sur l’esplanade du Trocadéro, à Paris, puis ils ont pris la direction de l’ambassade du Gabon, avenue Raphaël (16e arrondissement) en plein cœur de la capitale française. Parmi eux, Mireille Moukoubi, 38 ans, entrepreneure du Haut-Ogooué, assure ne pas comprendre les résultats qu’il (Ali Bongo) « s’est attribués » dans sa province. « Je suis révoltée, je me dis que le président Ali Bongo a pris en otage et stigmatisé le Haut-Ogooué comme étant à sa botte. »

Cette femme originaire de la ville de Mounana raconte que depuis les résultats du vote, elle et certains de ses proches ont été attaqués sur les réseaux sociaux : « C’est le climat qu’Ali Bongo a créé. » Pourtant, se défend-elle, des leaders de l’opposition, comme Zacharie Myboto et sa fille Chantal, sont originaires de cette province et se battent pour Jean Ping. Les manifestants, dont beaucoup, habillés de jaune, couleur de la campagne électorale de Jean Ping, ont brandi des pancartes disant « Ali Bongo dégage » ou encore « Free Gabon ». Ils étaient tout aussi nombreux dans d’autres grandes villes françaises comme Strasbourg, Lyon ou encore Marseille, comme le montrent ces tweets :

Les résultats proclamés contestés

Junior Boulemba, étudiant en Master d’ingénierie mécanique, se demande lui dans quel Gabon il remettra les pieds. Il est venu devant l’ambassade depuis la veille des élections « pour éviter la fraude », redoutant un bourrage des urnes.

S’il veut le départ d’Ali Bongo, c’est qu’il espère pouvoir rentrer un jour au Gabon. Mais pour l’instant, « ce n’est pas possible. J’habite dans un quartier qui s’appelle Ça m’étonne (dans la banlieue de Libreville, ndlr), où il n’y a ni eau, ni électricité. C’est un quartier où en 2009, on a eu la visite de Pascaline Bongo », la soeur d’Ali Bongo. Avant les élections, « ils nous ont assuré qu’il y aurait bientôt de l’eau et de l’électricité. Mais jusqu’à aujourd’hui, il n’y a rien », se désole l’étudiant aux longues dreadlocks.

Pour eux, pas de doute, c’est l’opposant Jean Ping qui a gagné. Mercredi, la commission électorale a déclaré Ali Bongo élu avec 49,80 % des voix, notamment grâce à la province du Haut-Ogooué, son fief électoral, où il a officiellement remporté plus de 90 % des voix avec plus de 99 % de participation. Mais de nombreux Gabonais contestent ce résultat. En ronde, certains, enveloppés dans le drapeau gabonais, les manifestants frappent le sol du pied, en rythme, comme pour donner plus de force à leurs incantations. Ils espèrent que leur mobilisation attirera l’attention de la communauté internationale.

Parmi la foule, des visages connus

Selon un décompte de l’AFP, les émeutes qui secouent le pays ont fait au moins sept morts. Mais les manifestants parisiens sont convaincus que ce chiffre est bien plus élevé, parlant de centaines de victimes. Beaucoup n’ont qu’un mot à la bouche : « génocide ». Tête de file de la gauche radicale française, Jean-Luc Mélenchon rejoint un temps le rassemblement. Il n’est « pas acceptable que l’on massacre ceux qui veulent seulement des élections libres et démocratiques », lance-t-il, avant d’être chaudement applaudi.

Dans les avenues huppées du 16e arrondissement, un visage connu de la Françafrique arpente lui aussi le pavé. C’est Robert Bourgi, proche de Jean Ping et ancien avocat d’Omar Bongo, le père d’Ali. Il souhaite, dit-il, « réparer son erreur de 2009 », quand il avait appelé à l’élection d’Ali Bongo. Lui aussi craint le pire. Et notamment que, « dans les jours, les semaines à venir, on découvre des charniers » au Gabon. À la tête du cortège, un jeune lève « Odio », une torche indigène faite de sève et d’écorce d’okoumé, utilisée lors de rites initiatiques et censée « montrer le chemin ». Une manifestante y voit un symbole, car, dit-elle, aujourd’hui, « le Gabon a besoin de lumière ».

PAR LE POINT AFRIQUE (AVEC AFP)

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