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«Biens mal acquis»: Teodorin Obiang renvoyé en procès en France

Teodorin Obiang, le fils du président de Guinée équatoriale, soupçonné de s’être frauduleusement bâti en France un patrimoine de plusieurs dizaines de millions d’euros, est renvoyé devant le tribunal correctionnel de Paris, ouvrant la voie au premier procès français dans le cadre de l’affaire des « biens mal acquis ».

L’espoir grandit chez les partisans de la transparence financière en Afrique. Teodorin Obiang, le fils du président de Guinée équatoriale, est renvoyé devant un tribunal parisien dans le cadre de l’affaire des « biens mal acquis ». Il est accusé de s’être constitué en France un patrimoine mobilier et immobilier de plusieurs dizaines de millions d’euros. Ce patrimoine serait financé en partie par l’argent de la corruption et le détournement de fonds publics de son pays, selon l’association Sherpa, chargée de protéger et défendre les populations victimes de crimes économiques, qui a porté l’affaire devant la justice.

Me William Bourdon, avocat de l’ONG anti-corruption Transparency International France et président de l’association Sherpa, se dit satisfait de cette décision qui ne manquera pas de faire tache d’huile mais il reste conscient du chemin qui reste à parcourir. « Il y a beaucoup de scepticisme, beaucoup d’obstacles, c’est compliqué, explique-t-il. Le mur d’impunité semble éternel s’agissant de ceux qui pillent l’Afrique consciencieusement alors qu’ils sont censés incarner l’intérêt général qu’ils ne cessent de meurtrir. De ce point de vue, une nouvelle page s’ouvre et, par ailleurs, on pense aux chapitres qui nécessairement vont s’accélérer, comme ceux qui concernent la famille Sassou Nguesso et celle d’Omar Bongo ».

Des magistrats enquêtent depuis 2010 sur le patrimoine français de l’entourage du président congolais Denis Sassou-Nguesso, mais également sur l’héritage d’Omar Bongo en faveur de son fils, estimé à plusieurs centaines de millions d’euros, ou encore sur les avoirs du président déchu de Centrafrique, François Bozizé. Des dossiers dans lesquels les principaux intéressés démentent toute malversation, tout détournement de fonds, mais qui ont donné lieu, dans le cas du président congolais, à la confiscation de deux appartements et d’une quinzaine de voitures de luxe.

Grande odyssée judiciaire

Pour l’avocat, le renvoi du fils de Teodor Obiang en procès en France « est une étape essentielle mais c’est aussi le prologue, la préface d’une grande odyssée judiciaire qui va continuer en France et dans bien des pays africains, qui vont se retrouver consolidés dans les démarches qu’ils envisagent d’entreprendre pour restaurer l’intégrité de l’Etat et faire en sorte que quand on est le dignitaire d’un pays, on ne se sert pas de l’abus de pouvoir pour appauvrir les populations ».

L’instruction a permis d’établir que Teodorin Obiang, 47 ans, a acquis « en France, entre 2007 et 2011, soit directement, soit par l’intermédiaire de prête-noms ou sociétés-écrans, un patrimoine mobilier et immobilier évalué à plusieurs dizaines de millions d’euros », relèvent les juges dans leur ordonnance.

Ses dépenses somptuaires en France étaient très éloignées du quotidien de la Guinée équatoriale, dirigée depuis 1979 par son père, où plus de la moitié des habitants vivent sous le seuil de pauvreté : hôtel particulier de 4 000 m² dans le XVIe arrondissement de Paris, robinets couverts de feuille d’or, Rolls-Royce, Bugatti, oeuvres d’art de la collection Yves Saint Laurent-Pierre Bergé.

Contre-offensive judiciaire

Teodorin Obiang a multiplié les actions en justice pour essayer de mettre un terme à l’enquête française. Mis en examen en 2014, il a tenté, en vain, de faire annuler les poursuites à son encontre, invoquant son statut de deuxième vice-président de Guinée équatoriale à l’époque, qui lui octroyait à ses yeux une immunité.

Le camp Obiang s’est aussi tourné vers la justice internationale. La Guinée équatoriale a saisi le 13 juin la Cour internationale de justice de La Haye pour mettre fin aux procédures engagées en France. La France n’est pas le premier pays à lui demander des comptes. En octobre 2014, il avait accepté de renoncer à 30 millions de dollars d’avoirs aux Etats-Unis, dans le cadre d’un accord passé avec la justice américaine qui le poursuivait pour corruption.

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