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Gabon : la Cour constitutionnelle, solution ou problème ?

La plus haute instance juridique a désormais la lourde tâche de trancher le différend postélectoral qui oppose Ali Bongo et Jean Ping, son challenger.

C’est la voie constitutionnelle qui a été officiellement choisie par le candidat Jean Ping, qui conteste des résultats publiés dans plusieurs provinces du pays, dont le Haut-Ogooué. Concernant le président Ali Bongo, l’annonce d’une saisie de la Cour n’a pas encore été rendue publique à l’heure où nous publions cet article. Surnommée « la tour de Pise », car elle pencherait toujours du même côté, celui du pouvoir, la Cour constitutionnelle se retrouve au coeur de la présidentielle avec un arbitrage attendu dans quinze jours. Au lendemain de cette annonce, de nombreuses réactions se font entendre du côté de l’opposition, venant notamment de la base, qui juge l’opposant Jean Ping « naïf » en saisissant cette Cour. En effet, les neuf juges sont nommés par le président du Sénat, par celui de l’Assemblée et par le chef de l’État lui-même. La présidente de la Cour, Marie-Madeleine Mborantsuo, est la belle-mère du chef de l’État. D’où le manque de confiance.

« La tour de Pise »

Pour de nombreux opposants, la Cour constitutionnelle est aux ordres du pouvoir, juge et partie. C’est ce qui explique le refus et les réticences de Jean Ping à saisir cette institution dans ce bras de fer qui l’oppose à Ali Bongo Ondimba, proclamé vainqueur de la présidentielle du 27 août 2016. « Nous réclamons le recomptage des voix, bureau de vote par bureau de vote, afin de rétablir la vérité des urnes et la paix dans notre pays », déclare René Ndemezo’O Obiang, directeur de campagne de Jean Ping. Il rejette toute idée de recourir à la Cour constitutionnelle « pour faire invalider la victoire provisoire » d’Ali Bongo Ondimba. Barro Chambrier, président du parti Héritage et Modernité, propose que le nouveau recomptage des voix se passe à la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cenap), en présence des observateurs internationaux, des représentants des deux adversaires politiques et des leaders de la société civile. « Je suis pour le recomptage des voix, notamment dans la province du Haut-Ogooué, de manière consensuelle en dehors de la Cour constitutionnelle », a renchéri Joël Assoumou, militant de l’opposition et agent au ministère du Transport.

Force à la loi

Ali Bongo Ondimba, donné vainqueur du scrutin présidentiel du 27 août 2016 selon les résultats provisoires, ne s’oppose pas à l’exigence posée par son concurrent Jean Ping, mais il souhaite que le recomptage des voix se fasse dans un cadre légal, c’est-à-dire au sein de la Cour constitutionnelle. « Nous devons respecter les lois du pays », a-t-il dit en répondant aux questions des journalistes à propos de la requête informelle de son rival Jean Ping, qui s’est autoproclamé président de la République en estimant que la majorité des électeurs a opté pour le changement de régime. « La phase postélectorale est marquée par l’éventuel contentieux et la proclamation des résultats par la Cour constitutionnelle. En cas de contestation du procès-verbal de centralisation de la Cenap, il revient aux candidats ou à toute autre personne intéressée d’introduire des requêtes auprès de la Cour constitutionnelle pour solliciter, notamment, le recomptage des voix, bureau de vote par bureau de vote », a précisé ce 8 septembre le ministre gabonais des Affaires étrangères, Emmanuel Issoze-Ngondet, lors d’une conférence de presse à Libreville. Suffisant pour calmer les esprits ? « Nous préférons la mort plutôt que de voir Ali Bongo Ondimba prendre la direction de notre pays pour un nouveau septennat », a lâché Laurent, un militant de l’opposition rencontré au QG de Jean Ping. « Le peuple a voté massivement Jean Ping. Tout le monde le sait et nous ne pouvons plus accepter que notre vote soit volé », a-t-il ajouté.

Une épine en moins dans le pied de l’UA

La mission des chefs d’État africains attendus à Libreville vendredi est reportée sine die, selon un communiqué officiel de l’organisation. Mais elle a précisé rester attentive aux événements qui se dérouleront au Gabon dans les prochains jours. Le calme étant revenu, ce temps gagné va lui permettre d’impulser une solution privilégiant le dialogue politique. Mais seulement Jean Ping pourra-t-il seulement accepter d’entrer dans un gouvernement d’union nationale pour la reconstruction du pays et la préservation de la paix si chère aux Gabonais ? Les présidents africains pourront-ils avoir le courage de désavouer leur ancien camarade en difficulté électorale ? Quelle marge de manœuvre pour Idriss Déby et ses pairs ? Autant de questions que se posent les Gabonais au moment où tous les regards sont rivés vers la Cour constitutionnelle, laquelle doit proclamer définitivement dans les prochains jours les résultats de la présidentielle.

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