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ENQUÊTE. Comment la France a perdu le Gabon

La Cour constitutionnelle devait se prononcer ce vendredi sur la validité des résultats de l’élection présidentielle, qui déchirent le pays. Une crise que Paris n’a pas vu venir dans l’ancien pilier de son pré carré africain. De « papa Omar » à Ali Bongo, retour sur la fin d’une relation sulfureuse.

La rencontre a eu lieu dans la plus grande discrétion au soir du 28 août dernier, au Palais du Bord de Mer, le siège de la présidence du Gabon à Libreville. Les premiers résultats du scrutin sont tombés les uns après les autres, implacables. Sonné, le président Ali Bongo, candidat à sa propre succession, comprend que l’impensable est arrivé… Son rival, Jean Ping, est en tête presque partout. L’ambiance est électrique.

Parmi les visiteurs qui défilent, la mine sombre, aux portes du palais, l’émissaire de Cynthia Akuetteh, l’ambassadrice des Etats-Unis au Gabon, n’est pas venu les mains vides. Il a une proposition à mettre sur la table. Si le président accepte sa défaite, il pourrait quitter le pays avec la promesse de bénéficier, lui et sa famille, d’une totale immunité. Objectif : éviter un bain de sang, tout en offrant au chef d’Etat une sortie « par le haut ». Une solution qui a déjà fait ses preuves en Côte d’Ivoire par le passé. « Ali », comme on l’appelle à Libreville, l’a-t-il sérieusement envisagée ? Ou a-t-il seulement voulu gagner du temps ? Il aurait en tout cas fait monter les enchères, exigeant l’immunité pour au moins soixante-dix de ses proches. Inacceptable pour l’émissaire américain, qui repart dépité.

Ali Bongo choisit le coup de force. Quatre jours plus tard, il est déclaré vainqueur avec moins de 6.000 voix d’avance, grâce au vote de la province du Haut-Ogooué, dont il est originaire. C’est la seule des neuf provinces du pays où il arrive en tête avec un score stalinien : plus de 95% des suffrages et un taux de participation proche de 100%, ce qui fera tousser jusqu’à son propre camp ! Son improbable victoire déclenche une vague de violences dans tout le pays et une crise à l’issue plus qu’incertaine.

Que va maintenant décider la Cour constitutionnelle, devant laquelle Jean Ping, qui n’est autre que l’ex-beau-frère d’Ali Bongo (il a été le compagnon de sa sœur), a déposé un recours ? La présidente, Marie-Madeleine Mborantsuo, a jusqu’à ce vendredi 23 septembre pour valider ou non les résultats controversés. Un verdict bien délicat pour cette magistrate qui fut, elle, l’une des nombreuses compagnes d’Omar Bongo, dont elle a eu deux enfants, et qui l’a installée à ce poste…

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