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Au Gabon, Ali Bongo s’impose sans convaincre

Alors que la Cour constitutionnelle a reconnu l’élection du président sortant, des arrestations ont eu lieu dans les rangs de l’opposition. Le camp de Jean Ping espère une intervention de la Communauté internationale.

« Libreville est très calme, à ma grande surprise », constatait le 25 septembre un expatrié français vivant dans la capitale gabonaise. « Nous nous attendions à des réactions plus vives dans la rue, comme il y a trois semaines. Mais cette fois, le régime a déployé un impressionnant dispositif sécuritaire. La ville est quadrillée par les forces de l’ordre : même dans les ruelles, il y a des militaires », assurait-il.

Deux jours après la confirmation par la Cour constitutionnelle de la réélection d’Ali Bongo à la présidence de la République, le Gabon vit sous la surveillance étroite de son armée, de sa police et de sa redoutable Garde républicaine.

Peur des représailles

Devant la maison de l’opposant Jean Ping, deux camions de la gendarmerie étaient encore stationnés, le 25 septembre. Sur les grands axes de la capitale gabonaise, des check-points étaient dressés pour contrôler les véhicules : « Les forces de l’ordre sont courtoises, comme pour se faire pardonner auprès de la population d’être ainsi utilisées », note Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, responsable de la communication de Jean Ping. Pour autant, la peur des représailles est sensible dans les rangs de l’opposition.

« Il y a beaucoup de rumeurs inquiétantes qui circulent sur notre sort : la future arrestation de Jean Ping, le prochain assassinat d’untel. Et avec tous ces policiers et ces militaires dans la rue, nous ne nous sentons pas à l’abri d’un dérapage », confie John Nambo, un proche de Jean Ping. « Dans ces conditions, j’évite de sortir de chez moi, je prends des précautions au cas où… ».

Depuis le 23 septembre, Jean Gaspard Ntoutoume Ayi n’habite plus à son domicile : « Avec ma famille, nous nous sommes réfugiés dans une autre maison. Je ne suis pas serein, le climat est bien plus hostile et malsain que lors de l’élection présidentielle de 2009 », dit-il.

Des personnalités arrêtées

Selon des proches d’Ali Bongo, trois personnalités de l’opposition ont été arrêtées par les forces de l’ordre.

Le premier d’entre eux, l’ancien chef du renseignement gabonais, Léon-Paul Ngoulakia, par ailleurs cousin d’Ali Bongo Ondimba, récemment passé à l’opposition.

Interpellé aussi, le président du Rassemblement Républicain et Socialiste (R.R.S), Alfred Nguia Banda : ancien cadre du conseil national du PDG (parti présidentiel) et directeur général de la Société gabonaise d’entreposage de produits pétroliers (SGEPP), il avait été limogé de ses fonctions en avril, après avoir créé son propre parti politique.

Et enfin, Féfé Onanga, le président du Mouvement populaire des radicaux (MPR), soutien actif de Jean Ping, a été placé en garde à vue à la Brigade centre de la gendarmerie, à Port-Gentil. Le 25 septembre, ils étaient tous les trois toujours détenus par les forces de l’ordre.

Un climat d’intimidation

Dans ce climat d’intimidation, l’opposition s’en remet au jugement de la communauté internationale : « Nous avons saisi la Cour constitutionnelle comme elle nous le demandait. Peut-elle acter ce qui vient de se passer sans rien dire, sans rien faire ? », demande Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, qui précise que Jean Ping rencontrera les diplomates en poste à Libreville pour leur demander d’agir en conséquence.

Pour l’heure, les États-Unis ont pris « note de la décision de la Cour Constitutionnelle » : « nous exhortons la Cour à publier les détails de ces procédures publiquement, par souci de transparence », a-t-elle aussi demandé. « La France constate que l’examen des recours n’a pas permis de lever tous les doutes », a regretté son chef de la diplomatie, Jean-Marc Ayrault.

« Nous n’avons besoin de personne pour parler des problèmes du Gabon », a répliqué Ali Bongo sur la radio RFI. Et d’insister : « L’ingérence n’est pas une bonne chose ».

Du côté de l’Union africaine, on prend « acte » de la réélection d’Ali Bongo. Mais personne encore n’a félicité le fils d’Omar Bongo.

Laurent Larcher

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