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Jean Ping: «Les Gabonais, peuple en danger, demandent l’assistance du monde entier»

Jean Ping est arrivé à Paris le vendredi matin, le 28 octobre. L’opposant gabonais doit rester en France quelques jours. Puis, il doit se rendre également aux Etats-Unis durant la semaine. L’ancien chef de la commission de l’Union africaine ne reconnaît pas la victoire d’Ali Bongo à la présidentielle et il se considère comme président élu. Samedi 29 octobre, il a tenu un meeting sur le parvis des droits de l’homme, au Trocadéro, à Paris, afin de remercier la diaspora pour son action. Deux mois après sa défaite électorale, l’opposant reste ferme sur ses positions. Il est l’invité de Sébastien Németh.

RFI : Depuis plusieurs mois, vous vous êtes adressé à de nombreuses reprises à la diaspora. Est-ce que cela veut dire que vous vous sentez impuissant à Libreville ?

Jean Ping : Nous nous adressons à tout le monde. A la diaspora, on vote, donc il fallait s’adresser aussi à la diaspora qui a l’avantage de vivre dans un environnement où ils peuvent s’exprimer librement, où ils constituent notre fer-de-lance à l’extérieur. La diaspora fait un travail important. Et c’est vous dire aussi que la situation ne peut pas être acceptée, par personne. Et quand la diaspora mobilise, elle mobilise aussi des non-Gabonais.

Au niveau politique, votre ancien directeur de campagne, René Ndemezo’o Obiang, s’est dit ouvert au dialogue proposé par Ali Bongo. Comment réagissez-vous à sa position ?

Je n’ai aucune réaction. Je ne m’occupe pas de ceux qui partent. Je m’occupe de ceux qui restent avec nous. Cela a toujours été comme ça partout dans le monde. Il y a des gens qui continuent, il y a des gens qui se désistent, et il y a des gens qui trahissent. Je ne m’occupe pas d’eux.

Cela veut dire que vous considérez que René Ndemezo’o Obiang ne fait plus partie de votre camp ?

Je ne considère rien du tout. C’est lui qui déclare ce qu’il fait.

René Ndemezo’o Obiang n’a pas été le seul à prendre cette position. Mike Jocktane (évêque) l’a fait également. Estelle Ondo a rejoint le gouvernement. Est-ce que vous ne craigniez pas à termes un affaiblissement de l’opposition ?

Est-ce que vous avez l’impression sur le terrain, comme dans la diaspora, que ces gens que vous avez cités ont une influence ? Non, aucune. Je ne crains absolument pas, au contraire. Je pense qu’ils éclaircissent la voie.

Où en est l’alliance avec Guy Nzouba Ndama et Casimir Oyé Mba ?

L’alliance entre les trois leaders, et même les quatre parce qu’il y a Léon Paul Ngoulakia, elle est solide, elle est déterminée. Et là sur l’essentiel, il n’y a aucun changement.

Est-ce que cette alliance tiendra notamment jusqu’aux législatives de décembre ?

Malgré ce que le camp d’en face essaye de faire, elle tiendra. Je vous le garantis.

Ces législatives justement, est-ce que vous irez ?

Je n’irai pas prendre des positions seul. Et pourquoi voulez-vous que moi, sous prétexte que je suis le président élu, je vais prendre les décisions sans consulter les autres. Les décisions seront prises collégialement.

Courant novembre, on attend le rapport final de la mission d’observation de l’Union européenne. Qu’est-ce que vous en attendez de ce rapport final ?

On nous a dit, il faut aller à la Cour constitutionnelle. Les résultats sont là, que la communauté internationale aille jusqu’au bout. Il y a des gens ici en France qui croient que je vais m’entendre avec Ali [Bongo]. Dites à ces gens qu’ils se trompent absolument. Je ne m’entendrais jamais, jamais, jamais avec Ali. Il faut qu’ils le sachent. Quelqu’un qui a triché, quelqu’un qui a tué autant de Gabonais, vous pensez que je vais dialoguer avec lui ? Pour dire quoi ? Evidemment, nous avons écrit que nous demandons des sanctions d’abord ciblées, contre un certain nombre de personnalités que nous avons mentionnées. Et nous constatons que, dans certains cas, ces sanctions sont en voie d’être prises. Nous pensons qu’il va nécessairement reculer, qu’il va nécessairement dégager, sanctions ou pas sanctions.

Sanctions ou pas sanctions, comment pourrait-il quitter le pouvoir aujourd’hui ?

Est-ce que vous n’avez pas vu d’autres exemples dans le monde qui éclairent les voies qui pourraient être suivies ? Regardez ce qui se passe au Venezuela : le pouvoir du président Maduro a tout verrouillé. Mais que fait l’opposition ? Ils sont dans une situation de rapport de force. Et vous verrez que les Gabonais lisent, les Gabonais écoutent.

Donc de nouvelles manifestations à Libreville au Gabon. C’est encore possible ?

Tout est possible au Gabon, tout.

Beaucoup de rumeurs circulaient à une époque comme quoi vous alliez prêter serment. Pourquoi ne pas avoir choisi cette stratégie par exemple ?

Nous ne l’avons pas choisie, parce que nous pensions qu’elle n’était pas bonne.

C’était ce qu’avait fait André Mba Obame en son temps. Pourquoi ce n’était pas une bonne stratégie ?

Qu’est-ce que ça a donné lorsque André Mba Obame l’a fait ?

Il s’est réfugié au Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), par exemple.

Je n’ai pas l’intention de me réfugier quelque part.

Cela aurait été trop dangereux ?

Qu’est-ce que vous entendez par dangereux ?

Le pouvoir vous a menacé d’arrestation au cas où il y aurait des manifestations, ce genre de choses ?

Le pouvoir a menacé de me tuer, de me ruiner. Le pouvoir m’a menacé de me mettre en prison. Dans mon domicile où j’ai été callassé, ou des procès ont été intentés contre moi partout. Tout cela ça peut à nouveau arriver.

Vous n’appelez pas en tout cas vos partisans à descendre dans la rue, ce que faisait Pierre Mamboundou à son époque ?

Tout est ouvert. Il ne faut pas vous imaginer que je soulève un bâton magique et que je dis : «faites ceci, faites cela». Le peuple est souverain et le peuple fait sans demander mon autorisation. Et le peuple dit d’ailleurs que si Monsieur Ping s’entend avec Ali, c’est lui que l’on viendra attaquer. Nous allons brûler sa maison. C’est-à-dire, le peuple veut aller jusqu’au bout.

Le président tchadien, Idriss Déby, était à Libreville. Il est venu féliciter Ali Bongo pour sa réélection. Est-ce que vous n’avez pas peur qu’avec le temps, la communauté internationale veut que la situation se tasse, qu’il n’y ait pas de vagues ?

Moi, je ne crains rien. Et ce qui va se passer, va se passer, avec eux ou sans eux. Le président Idriss Déby est un président souverain. S’il prend cette décision, c’est une décision souveraine. Les Gabonais se considèrent comme un peuple en danger. Et ils demandent l’assistance du monde entier. Que fait-elle, l’opinion internationale ? C’est à elle de prendre ses responsabilités.

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