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Ping-pong très chaud à l’Assemblée nationale française sur la situation politique au Gabon

Le député du Parti socialiste français (au pouvoir), Olivier Faure, a allumé mercredi, lors d’une séance des questions au gouvernement, son ministre des Affaires étrangères, Jean Marc Ayrault par une question très critique sur la réélection, entachée selon lui de fraudes massives, de l’actuel président gabonais, Ali Bongo Ondimba contre Jean Ping lors du scrutin présidentiel du 27 août dernier.

La question d’Olivier Faure :

Monsieur le Président, mes chers collègues,

Ma question s’adresse au ministre des Affaires étrangères. Je voulais évoquer la situation préoccupante au Gabon. Je sais que cette inquiétude est partagée par nombre d’entre nous car le Gabon n’est pas pour la France un pays comme les autres. Les liens qui nous unissent sont profonds, et je devrais même dire que, pendant de trop longues années, la relation avec le pouvoir gabonais a légitimement alimenté la critique sur la Françafrique.

Aujourd’hui, chacun le sait, il existe des présomptions de fraude massive lors de l’élection présidentielle. Les résultats de la région du Haut-Ogooué sont éloquents : plus de 99 % de participation et 95% des bulletins pour Ali Bongo, lui donnant ainsi la victoire officielle.

Dans un pré-rapport de l’Union africaine, les juristes présentent les PV du Haut-Ogooué comme –je cite – « invraisemblables ».

Au PS, à l’UDI, au PG, des voix se sont élevées pour mettre en doute le résultat de l’élection et appeler à l’alternance. La France, par la voix du gouvernement, a elle-même émis des réserves fortes, réclamé le recomptage des bulletins et s’est inquiétée de la disparition de certains opposants.

Par une pirouette saugrenue, Ali Bongo s’est essayé à dénoncer un « néocolonialisme douteux » de la part de notre pays.

La France n’a pas de candidat, mais elle a des principes. La libre détermination des peuples et la démocratie sont des principes universels qu’elle partage avec l’Union Européenne. C’est donc la voix de l’Union Européenne que nous souhaiterions maintenant entendre pour ne pas donner le sentiment de notre implication exclusive qui ne serait plus d’époque.

Monsieur le Ministre, que pouvez-vous nous dire sur le rapport des observateurs de l’Union Européenne qui a été une fois de plus reporté ? Comment entend-elle peser pour que soit respectée la souveraineté des Gabonais ?

L’Afrique nous regarde. Continuons à lui adresser les bons signaux.

La réponse de Jean Marc Ayrault :

Monsieur Olivier Faure, je partage vos inquiétudes, je partage vos préoccupations. Je me suis plusieurs fois exprimé sur la question.

La situation politique de ce pays et aussi la situation sécuritaire nous préoccupent. C’est pourquoi nous attendons comme vous avec beaucoup d’intérêt la publication du rapport final de la mission d’observation électorale de l’Union européenne. Il sera publié ce rapport et j’espère qu’il sera l’occasion d’une évaluation précise des raisons qui ont conduit au doute sur la publication des résultats. Il sera également utile pour avancer et redonner confiance au peuple gabonais dans ses institutions électorales.

Mais nous devons le dire, avec force et vous l’avez d’ailleurs rappelé, au 21ème siècle la France n’a pas à choisir à la place des gabonais. C’est à eux seuls, avec l’appui de leurs partenaires, dont bien sûr la France, de trouver les moyens de sortir de la crise actuelle.

C’est ce que nous disons à tous. Au pouvoir en place mais aussi à Jean Ping qui a été reçu hier au ministère des Affaires étrangères.

Aujourd’hui il y a bien une crise politique. Il faut pouvoir en sortir sans violences et il y a une opportunité à nos yeux qui est la prochaine échéance des élections législatives. Mais faut-il encore que la date de ces élections soit fixée ! Nous le souhaitons dans les meilleurs délais.

Nous formons le vœu qu’elles soient démocratiques pour le peuple gabonais, car des reformes politiques sont aussi possibles, souhaitables. C’est le point de vue que nous défendons. La France est prête à appuyer tout effort international bien sûr avec l’Union européenne pour sortir de cette crise politique et permettre au peuple gabonais de retrouver confiance dans l’avenir de son pays.

Lazare Moukoubidi

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