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Le pangolin, une viande très appréciée au Gabon

La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) interdit le commerce du pangolin. Reportage au Gabon, où sa viande est assez prisée.

La CITES a ajouté le pangolin à la liste des espèces biologiques protégées, lors de sa conférence en octobre dernier, en Afrique du Sud.
La vente jusqu’alors réglementée de ce mammifère se nourrissant d’insectes est désormais totalement interdite.
Durant les 10 dernières années, plus d’un million de pangolins ont été massacrés pour leur chair, leurs os et leurs organes.

La viande de pangolin est très prisée par les Gabonais.

Les experts en conservation des ressources fauniques estiment que cette espèce est en voie de disparition.

Ce petit mammifère, qui se nourrit d’insectes, qu’il chasse à l’aide de sa langue, pèse environ 20 kilogrammes à l’âge adulte.

La bête vit dans les régions de savane du Nord du Gabon, dans la province de la Nyanga, dans le Sud et le Sud-Est, dans les plateaux Batéké.
Le commerce du pangolin est interdit, mais au Gabon, les consommateurs n’ont pas renoncé à la viande du petit mammifère à écailles, qui fait partie des menus offerts dans les restaurants des neuf provinces du pays.

Marcel Moukambi, un habitant de la commune de Ntoum, située à 38 kilomètres à l’est de Libreville, la capitale gabonaise, vendait la viande de pangolin, lorsque la chasse de cet animal était encore autorisée.

« Le pangolin, quand vous le trouvez, il se plie et s’enroule pour se protéger. On le retrouve surtout dans les localités de Ndjolé et Makokou, où on peut le croiser sur son chemin. Il ne vit pas en brousse, mais dans les plaines », explique M. Moukambi.

A Libreville, la capitale gabonaise, Pélagie Koumba a la réputation de servir à sa clientèle du gibier, notamment de la viande d’antilope, de gazelle, de sanglier ou de porc-épic.

Cette femme âgée de 48 ans dit avoir servi beaucoup de viande de pangolin à sa clientèle.

« La chair de pangolin, il faut la nettoyer, bien la nettoyer à l’eau chaude. Pour enlever les écailles, on allume du feu. On prend le pangolin, on le met sur la grille. Nous sommes nés en brousse, nous savons donc comment traiter la viande de brousse », dit-elle, experte.
« Les blancs venaient de partout pour manger de la chair de pangolin ici », se souvient Pélagie Koumba.

Au marché de Nkembo, à Libreville, Paul Vincent, un célibataire, mange souvent dans les restaurants.

Il dit ne pas être concerné par la mesure interdisant la chasse et la consommation de certains animaux protégés, dont le pangolin.
Ce règlement viole ce que Paul Vincent considère comme un « droit de l’homme », le droit d’être en bonne santé en mangeant de la bonne viande, y compris celle du pangolin.

Selon lui, la chair de ce mammifère protège contre certaines maladies.

Paul Vincent considère aussi l’interdiction de manger de la viande de pangolin comme une restriction des « plaisirs de la table ».

Les écailles de pangolin sont utilisées au Gabon pour le traitement de certaines maladies, dont l’asthme et quelques cancers, selon des données recueillies par le Fonds mondial pour la conservation de la nature.

Il se dit aussi, dans le pays, que les écailles de cette espèce sont propres à doper la virilité.

En Asie, elles seraient aussi un ingrédient efficace pour le traitement des cheveux.

Ces vertus supposées font du pangolin une espèce très recherchée au Gabon, où le prix d’un spécimen peut aller jusqu’à 1 000 dollars US (environ 500 000 francs CFA), sur le marché noir.

Wildlife Conservation Society (WCS), une organisation internationale de protection de la faune, est présente depuis 1985 au Gabon, où elle lutte contre l’élimination des éléphants et d’autres espèces animales.

Gaspard Ibitsi, son directeur général au Gabon, se réjouit de la décision de la CITES de protéger le pangolin : « C’est une bonne mesure. Nous travaillons avec le Gabon sur la protection de cette espèce. »

« La menace est importante, concernant cette espèce, à cause de la demande en Asie. Le Gabon, comme les autres pays de la sous-région, est sollicité pour satisfaire cette demande. Certaines espèces sont chassées pour être vendues à l’étranger, en Asie notamment. C’est valable pour l’animal, pour les éléments de son corps aussi, comme les écailles », explique M. Ibitsi.

Selon les experts en conservation de la faune, la disparition du pangolin peut affecter l’écosystème des forêts tropicales et entrainer une augmentation des populations de fourmis et de termites.

Des responsables du Fonds mondial pour la conservation contactés par BBC Afrique affirment qu’il n’est pas possible de quantifier la population de pangolins vivant au Gabon, à cause de la complexité de l’habitat de cette espèce.

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