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Nouveau Code de la communication : Taillé pour Échos du Nord ?

Le ministre de la Communication, Alain-Claude Bilie-By-Nzé, a présenté le 29 novembre dernier quelques passages du nouveau Code de la communication. À la différence de celui de 2001, proposé par le Conseil national de la communication (CNC) sous Pierre-Marie Dong, la nouvelle loi sur la presse a été confectionnée par le gouvernement. Elle porte en elle des germes de destruction massive contre les journalistes, les directeurs de publication, mais aussi les éditeurs, imprimeurs, producteurs, hébergeurs et distributeurs. Elle apparaît aussi comme un outil destiné à passer «à la moulinette» les journaux du groupe Nord Édition et du groupe Oloumambe qui édite «La Loupe», «L’Aube» et «Moutouki» !

En affirmant que «les Gabonais résidant hors du Gabon sont concernés par certaines dispositions du nouveau texte» et que «désormais un Gabonais résidant hors du Gabon ne pourra plus être directeur de publication d’un organe de presse au Gabon, et ne pourra plus écrire régulièrement dans un organe de presse» publié au Gabon, le porte-parole du gouvernement prend le risque de voir sa loi sur la presse être taxée de restrictive, d’hyper-répressive et de liberticide.

En effet, de l’avis de nombreux observateurs, le nouveau texte devant régir la presse au Gabon à partir du 2 janvier prochain montre clairement la position du gouvernement vis-à-vis de certains journaux et de certains journalistes installés depuis deux ans en France. Certains de ces observateurs en sont même à penser qu’elle a été écrite, dans un grand nombre de ses pans, pour restreindre la liberté de ton des journaux indépendants, parmi les plus lus dans le pays.

On le sait, après les événements du 20 décembre 2014 à Rio (dans le 3è arrondissement de Libreville) qui s’étaient soldés par la mort d’un étudiant, Mboulou Beka, et par l’arrestation d’une centaine de partisans de l’opposition, deux journalistes gabonais Désiré Ename, interpellé dans un premier temps, puis libéré, et Jonas Moulenda, menacé de mort selon ses proches – avaient dû prendre le chemin de l’exil.

Depuis lors, ils vivent en France et continuent d’exercer des responsabilités au sein des journaux du groupe Nord Éditions – le premier est toujours directeur de publication d’Échos du Nord, tandis que le second demeure Grand Reporter à Échos du Nord et directeur de la rédaction de l’hebdomadaire Faits divers. Ces deux journalistes continuent aussi d’écrire des articles dans les journaux de ce groupe, champion des ventes dans le pays. C’est également le cas d’Alphonse Ongouo. Le patron du groupe Oloumambe qui édite trois titres, «La Loupe», «L’Aube» et «Moutouki», vit en France depuis de nombreuses années.

Une loi restrictive et liberticide

En interdisant ainsi les journalistes vivant à l’extérieur du pays de continuer à travailler pour des organes de presse publiés au Gabon, le gouvernement fait de cette loi sur la presse – que l’opinion espérait plus libérale, et en tout cas moins contraignante – une loi restrictive et liberticide, à l’image de celles qu’ont adoptées les députés Burundais en avril dernier, et de celle en vigueur en Gambie. Dire que ni le Burundi et ni la Gambie ne sont cités parmi des exemples de démocratie au sud du Sahara.

La nouvelle loi est aussi hyper-répressive. On peut imaginer que, dès le mois de janvier prochain, les journalistes et les publications du groupe Nord Éditions, ainsi que leurs responsables et celui du groupe Oloumambe, vont être dans le viseur de la justice. Une spirale répressive devrait s’engager contre eux si Désiré Ename et Jonas Moulenda continuent d’y écrire et Alphonse Ongouo de superviser ses titres depuis la France. Si, en ce début de 3è millénaire sur la planète terre, on n’imagine pas Rupert Murdoch, le magnat Australien de la presse, être interdit de diriger ses journaux en Angleterre ou aux États-Unis, au Gabon on va plus loin. Car, il y a aussi le risque de voir l’éditeur, l’imprimeur et le distributeur des organes de presse refuser de «s’occuper» des publications dont les dirigeants ne vivent pas dans le pays, de peur d’être reconnus coupables de faits liés aux écrits.

Questions d’un internaute : pourquoi après avoir soutenu la liberté de la presse en France après l’attentat du 7 janvier 2015 contre Charlie Hebdo, Ali Bongo laisse-t-il son gouvernement durcir la loi sur la presse au Gabon ? Quelle image Ali Bongo veut-il que l’opinion ait de ce gouvernement ? Est-ce une façon, pour l’Exécutif, de reconnaître que l’acte posé le 3 novembre dernier par les agents de la DGDI au siège du groupe Nord Éditions était en quelque sorte le premier jalon des dispositions répressives que contient le nouveau texte ?

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