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Six mois après le DNPA : Les ratés d’une stratégie

Après le Dialogue national pour l’alternance, convoqué par ses soins, l’intérêt immédiat de Jean Ping était de capitaliser, au mieux et au plus vite, les faits marquants d’une élection, somme toute, particulière.

Entre une tournée interprovinciale (lire «Jean Ping y croit encore»), entamée mais stoppée depuis, et la mise en place d’un collectif des victimes (lire «En prélude à l’arrivée de la CPI»), les résolutions du Dialogue national pour l’alternance (DNPA) sont de nouveau dans les esprits. Chacun s’interroge sur leur devenir. Pourquoi la tournée dans l’arrière-pays ne se poursuit-elle plus ? La nécessité de reprendre langue avec la base n’est-elle plus évidente ? Fallait-il attendre l’annonce d’une mission de la Cour pénale internationale (CPI) pour songer à la structuration d’une plate-forme de défense des droits des victimes ? Est-ce le prélude à d’autres actions concrètes ? Va-t-on enfin entrer dans le dur, dans le vif du sujet ? On ne commettrait pas l’imprudence de se montrer péremptoire.

Proagir au lieu de réagir

La traduction en actes des résolutions du DNPA a toujours été une préoccupation pour les militants de l’opposition. Durant la phase de conception de ces assises, certains s’étaient prononcés sur cette question. Pour les sceptiques, rien n’était possible sans les leviers du pouvoir d’Etat. Les zélotes et bigots y allaient, eux, de leurs imprécations et admonestations, sans évoquer les aspects pratiques. Les optimistes mettaient en avant la portée politique de ces assises, insistant sur le développement d’une guérilla démocratique. Tout ce monde était néanmoins d’accord sur une chose : la nécessité de resserrer leurs liens et définir une stratégie concertée.

Décidée le 29 septembre 2016, le DNPA était avant tout un acte politique. Voulu par Jean Ping, il n’était pas seulement destiné à rejeter les résultats officiels rendus publics six jours plus tôt par la Cour constitutionnelle. Il visait aussi à faire contrepoids à l’appel au dialogue lancé par Ali Bongo… six jours auparavant. Par cette annonce, l’ancien candidat consensuel de l’opposition entendait proclamer sa détermination à œuvrer pour réconcilier la nation. Affirmant avoir reçu l’onction populaire, il avait à cœur de prendre sur lui et d’assumer ses responsabilités. Seulement, en agissant de la sorte, il prenait aussi le risque de construire sa stratégie par opposition à celle de son rival. Au-delà, il choisissait de réagir au lieu de proagir ou d’anticiper. Là où devait attaquer, il acceptait de contre-attaquer. Quand il devait prendre les devants, il se condamnait à subir.

Action immédiate et continue

Pour autant, les conditions de naissance de cette idée n’avaient a priori rien d’inhibant ou d’inhibiteur. Pour la première fois depuis 1990, l’annonce des résultats officiels ne donnèrent pas lieu à un concert de félicitations voire à une reconnaissance précipitée de la France, comme si la réalité électorale gabonaise était enfin mise à nu. Pour la première fois aussi, l’essentiel des forces de l’alternance avait misé sur un seul candidat, comme si quelque chose d’essentiel avait bougé. Non seulement Jean Ping bénéficiait ainsi d’un contexte inédit mais, il avait à disposition toutes les énergies pour le développement d’une stratégie efficiente. Restait maintenant à faire preuve de froideur dans l’analyse et de méthode dans l’action.

Comme en atteste la participation, le DNPA a bénéficié de ce contexte surchauffé, de l’élan de solidarité des forces sociales et de la détermination de la base militante. Les idées sorties de ce forum (lire «Des projets plein la tête») et les railleries de certains alliés d’hier (lire «Ndemezo’Obiang attend la suite») rendaient nécessaire l’action immédiate et continue. Dans cette perspective, trois urgences semblaient évidentes: documenter l’attaque du quartier général de Jean Ping et plus largement les événements du 31 août dernier, fournir aux familles des victimes un encadrement et un accompagnement à même de les aider à mieux défendre leurs droits et, maintenir la pression populaire. Pour tout dire, il était impératif de capitaliser, au mieux et au plus vite, les faits marquants d’une élection, somme toute, particulière.

Pour Jean Ping, le plus dur a commencé avec la proclamation des résultats par la Cour constitutionnelle. Nolens volens, ses premières décisions montraient sinon une impréparation à affronter cette étape, du moins des hésitations. Il avait l’obligation de ne pas se laisser enfermer dans la stratégie d’Ali Bongo, de dérouler son propre agenda. Au dialogue proposé par son adversaire, il aurait pu opposer autre chose. Il aurait peut-être dû s’arc-bouter contre une demande d’enquêtes nationale et internationale sur les événements post-électoraux. Surtout après que le DNPA eut consacré cette exigence. C’était, pour lui, un moyen de prendre la main et pousser la majorité dans ses derniers retranchements. Porte-étendard d’une frange non négligeable de la population, il avait l’obligation d’être à la fois novateur et pugnace. Car, son adoubement comme candidat consensuel représentait pour d’aucuns l’espoir de mettre un terme aux élections truquées et contestées. A l’épreuve des faits, il n’en fut rien. C’est dire si ses atermoiements ont parfois exhalé un parfum d’occasions ratées ou de stratégie inaboutie. C’est dire si l’après-DNPA n’a pas toujours été du goût de tous les siens.

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