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L’infécondité de la Journée nationale du drapeau, 8 ans après

À leur arrivée au pouvoir, les Émergents ont lancé un grand nombre d’idées qui, à l’exercice, n’ont pas donné les résultats escomptés. C’est le cas de la Journée nationale du drapeau. Appelée officiellement à consolider les bases de l’unité nationale et à raffermir la cohésion parmi les populations, l’allégeance au drapeau vert-jaune-bleu n’a pas vu se lever, au sein des équipes dirigeantes notamment, «l’aurore» vers un meilleur vivre-ensemble…

«Tous tribalistes, tous régionalistes, tous sectaires !». La formule a rendu célèbre un certain Bob sur les réseaux sociaux. Bien qu’elle soit excessive, elle n’en comporte moins quelque vérité. En dépit de la célébration et de la magnificence du drapeau national depuis août 2010, beaucoup de Gabonais, du fait de leur origine, de leurs croyances idéologiques et philosophiques, ont été maintenus au bord de la route. Ostracisés. Marginalisés. Mis à l’écart.

Depuis le 9 août 2010, an 1er de la célébration de la Journée nationale du drapeau, qui devait symboliser la fierté d’appartenir à un même pays, aucun Conseil des ministres n’a réhabilité de nombreux cadres évincés en octobre 2009… En effet, depuis le Conseil des ministres de triste mémoire du 19 octobre 2009, près de 300 hauts fonctionnaires attendent toujours une affectation. En effet, le compte-rendu de ce Conseil des ministres réglait avant tout des comptes à des compatriotes (le Premier ministre d’alors, Paul Biyoghé Mba, avait nommé des personnes dont il ne connaissait même pas le prénom ou le nom en entier ou le corps dans l’administration, l’essentiel pour lui étant de limoger). Il était reproché aux limogés une certaine neutralité ou d’avoir soutenu des candidats de l’opposition en 2009, dont André Mba Obame le principal d’entre eux.

Toutefois, l’ostracisme et la marginalisation ne concernent pas uniquement ceux qui se seraient signalés sur le front politique. L’allégeance au drapeau national n’a pas permis, ces huit dernières années, d’éteindre chez les gouvernants leur penchant pour l’ethnisme, le tribalisme et le régionalisme. L’amour du drapeau qu’affichent, chaque 9 août, les responsables politiques en public ne les a pas amenés à se transcender et à sortir de leurs penchants innés…

L’allégeance au drapeau ? «Un simulacre», souligne un journaliste du quotidien L’Union. Des cabinets ministériels entiers sont dédiés à l’ethnie et à la région d’origine du «patron» du ministère. De même, les postes de PCA ou de directeurs généraux d’entreprises publiques, parmi les plus beaux fromages de la République, sont réservés à une ethnie. «Le premier problème du pays c’est l’homme politique lui-même : le pouvoir pour soi, sa famille, sa tribu, son clan et sa province. Très peu de ces responsables publics dépassent le niveau de l’intérêt provincial», a écrit, dans une tribune à l’hebdomadaire Jeune Afrique, Vital Kamerhé, ancien président de l’Assemblée nationale de la République démocratique du Congo au sujet du tribalisme sévissant dans son pays. Une assertion tout à fait valable au Gabon où cette pratique continue de fragiliser la nécessaire solidarité nationale et l’indispensable vivre-ensemble.

Au finish, huit ans après son instauration, l’allégeance au drapeau n’a pas permis de mettre fin au tribalisme ambiant dans la société gabonaise. Il va falloir trouver d’autres voies pour restaurer «la volonté de vivre ensemble». Même si la presse ne le dit pas assez, l’opinion, elle, s’est fait son idée depuis 2009 : dans la haute administration et dans les entreprises publiques, voire dans les postes réservés au gouvernement dans le secteur privé, le partage équitable n’est pas la chose la mieux… partagée. Il va falloir imaginer un autre avenir en confiance ! Parce que le tribalisme ruine l’efficacité de nos institutions et de nos entreprises, et, pour finir, la société gabonaise tout entière. C’est lorsque les dirigeants politiques se seront mis au-dessus de toutes ces contingences que l’on dira que l’instauration de la Journée nationale du drapeau a permis de faire bouger les lignes. Cela passe aussi par «la réaffirmation du rôle de l’Etat en tant que garant du bien-être individuel et collectif».

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