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Eric Dodo-Bouguendza à la tête du PDG : Les raisons d’un parachutage

Le choix du nouveau secrétaire général du Parti démocratique gabonais (PDG) suscite de nombreuses questions.

La nouvelle avait fait le tour de la Toile plusieurs jours avant. Avec assurance, de nombreux internautes l’avaient annoncée. Sans confirmer ou infirmer clairement leurs dires, la direction du Parti démocratique gabonais (PDG) a fini par leur donner raison. Depuis le 15 du mois courant, l’ex-parti unique a un nouveau secrétaire général (lire «Éric Dodo-Bounguendza remplace Faustin Boukoubi»). La dernière session du comité permanent de son bureau politique en a décidé ainsi. Par ce choix, le PDG a privilégié la logique géo-ethnique tout en consacrant l’option interne et administrative.

Parachuté à la tête d’un parti gangrené par l’esprit de cour et les luttes de positionnement (lire «La nature profonde du PDG» et «Le chemin de croix de Boukoubi»), Éric Dodo-Bouguendza est la surprise du chef. Personne ou presque ne l’attendait à ce niveau. Tout le monde ou presque avait misé sur un autre cheval : originaires de l’Ogooué-Lolo comme lui, Pacôme Moubelet-Boubeya était régulièrement cité en raison de sa proximité supposée avec Ali Bongo, Blaise Louembé était annoncé du fait de sa fougue et de son zèle militant, Régis Immongault était sur les tablettes à cause d’une prétendue prévenance. Au-delà, certains avançaient l’hypothèse Alain-Claude Bilié-By-Nzé, mettant en avant sa faconde et sa combativité apparentes. Il y en avait même pour parier sur Paul Biyoghé Mba, son zèle cynique et son sens politique présumé étant ses meilleurs atouts. Réputé proche d’Ali Bongo, revendiquant une fidélité à toute épreuve, Ali Akbar Onanga y’Obégué figurait aussi sur la liste des probables secrétaires généraux du PDG.

Géopolitique et question identitaire

Seulement, comme les mauvaises, les vieilles habitudes ont la vie dure : le PDG est encore très loin de rompre avec la «géopolitique» chère à Omar Bongo Ondimba. Le profil de son nouveau secrétaire général confirme la prééminence du fait ethnique et de l’appartenance provinciale dans son analyse de la vie politique. Passéiste et rétrograde, cette grille de lecture a permis de minimiser l’absence de charisme, le peu d’ancrage territorial et les faibles états de service de l’impétrant. Pour tout dire, avec Éric Dodo-Bouguendza la logique géo-ethnique et l’option administrative ont pris le pas sur la vision nationale et les considérations politiques. Or, aux dires de certains de ses proches, l’homme ne mobilise pas vraiment dans son fief de Lastourville. Selon eux, il a une faible pratique de l’idiome local.

La mise en avant de tels éléments pourrait déboucher sur d’autres considérations, encore plus personnelles. Ayant bénéficié de la «géopolitique», le nouveau secrétaire général du PDG pourrait être confronté à la question identitaire. Sa surprenante et tapageuse implication dans l’organisation, en janvier 2014, de la fête de Nosso Senhor de Bonfim, saint patron de la ville de Salvador de Bahia au Brésil, pourrait nourrir bien des débats, y compris les plus nauséabonds. «Il est souvent mal venu pour un être humain d’ignorer ses origines et il n’y a pas pire forme d’esclavage que l’ignorance de ses origines», lançait-il au cours d’une conférence de presse célébrant la communauté Aguda du Gabon. Ayant publiquement soutenu, promu et revendiqué un particularisme, pourra-t-il désormais conjurer un débat sur la question ? Saura-t-il se placer dans une perspective nationale ?

Ali Bongo comme Faure Gnassingbé

Pour l’heure, l’opinion cherche à décrypter le choix de sa personne, à en comprendre les raisons. La survie du PDG commande d’interroger la capacité de son secrétaire général à indiquer un cap, mettre la machine en ordre de bataille et susciter une adhésion populaire. Bien entendu, tout cela doit se faire en tenant compte du rôle central du président de la République dans le fonctionnement de ce parti. Certaines voix prêtent à Ali Bongo l’intention de faire comme Faure Gnassingbé au Togo, à savoir : rebaptiser le vieux parti, accusé d’avoir freiné le développement du pays. Or, aux termes de la Constitution, le changement de parti politique entraîne la perte du mandat, singulièrement pour les parlementaires. En conséquence, un éventuel changement de nom doit se faire avec le soutien et l’aval de tous. La marque ayant ici toute son importance, il y a nécessité de s’assurer du soutien de l’exécutif du parti concerné.

En effet, en cas de réticence ou de résistance à un éventuel changement de nom, un procès en légitimité s’ouvrirait inévitablement, avec des dégâts non négligeables en termes d’image. Plus grave, si Ali Bongo venait à faire cohabiter un nouveau parti avec le PDG, les mandats des élus seraient automatiquement remis en cause. Voilà pourquoi, dans la perspective d’une mutation, il faut s’assurer de la docilité du secrétaire général. Est-ce la raison pour laquelle Éric Dodo-Bouguendza a été préféré aux autres candidats ? Dans la liste des postulants éventuels, y avait-il une personnalité à même de s’accrocher au label PDG, au point de refuser sa disparition ? Y avait-il risque de voir le secrétaire général pactiser avec certains apostats ou se laisser manipuler par des forces extérieures pour faire échec à un éventuel changement de nom ? Au vu de la surprise créée par l’identité de leur nouveau secrétaire, les militants PDG gagneraient à se poser ces questions.

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