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Après la lettre de Macron à Ali Bongo : Bataille pour la légitimité à Libreville

Comme le veut la coutume diplomatique, le 9 août dernier, le président français, Emmanuel Macron a adressé une lettre de félicitations à son homologue gabonais, Ali Bongo Ondimba, à l’occasion de la célébration de l’indépendance du Gabon. Mais si le message n’avait rien d’extraordinaire, il a réussi néanmoins à engager une bataille de légitimité entre les camps de Jean Ping et du pouvoir qui se disputent la reconnaissance auprès du Chef de l’Etat français, depuis le terme du scrutin présidentiel de 2016.

« A l’occasion de la Fête nationale de la République du Gabon, j’ai le plaisir de vous adresser, à vous-même, ainsi qu’à l’ensemble de vos compatriotes, mes sincères félicitations. Je tiens à souligner l’importance que j’attache au dialogue et à la coopération entre nos deux pays sur des sujets d’intérêt commun tels que les changements climatiques ou la paix et la sécurité en Afrique. Je souhaite que nous continuions à travailler à l’approfondissement de notre relation et au renforcement des liens qui unissent si étroitement nos deux pays ».
Voilà le court message d’Emmanuel Macron à Ali Bongo. Un message qui a déclenché une avalanche de réactions entre l’opposition réunie autour de l’ancien candidat à la dernière présidentielle, Jean Ping et le camp du président gabonais, Ali Bongo Ondimba. Alors que les partisans du pouvoir exultent en saluant la lettre de Macron comme une preuve de la reconnaissance d’Ali Bongo par l’Elysée, ceux de Ping, eux critiquent sévèrement un message aux allures d’un camouflet.

Mieux, ils avancent même que ce message ne constitue en rien une preuve de considération du Chef de l’Etat gabonais par la France. Il ne fait donc plus de doute que même après 57 ans d’indépendance, le personnel politique gabonais, pouvoir comme opposition en sont encore à une recherche aveugle de légitimité auprès d’un président français. Une sorte de néocolonialisme paradoxal, voulu et entretenu par les dirigeants africains, qui n’hésitent pas appeler au secours une ancienne puissance colonisatrice quand ils ne dénoncent pas sa tutelle coloniale par son ingérence dans leurs affaires intérieures. C’est en cela qu’il faut comprendre le sens de la tournée européenne de l’opposant Jean Ping, qui lorgne depuis, en vain d’ailleurs, l’aide des Occidentaux pour venir faire le ménage et chasser du pouvoir son rival Ali Bongo, qu’il accuse de lui avoir volé sa victoire au soir du 27 août 2016. Mais au-delà de l’ancien patron de l’Union africaine, c’est presqu’une maladie commune aux opposants africains, qui en mal d’assises avec les régimes politiques de leurs pays, ne trouvent d’autre recours que celui du pays du Général De Gaulle. Une aide que les pouvoirs en place ne tardent pas à repousser avec l’éventail de la souveraineté nationale comme une forme de néocolonialisme insupportable. La France se retrouve ainsi au milieu du gué, comme l’ont dit Antoine Glaser et Stephen Smith, co-auteurs de Comment la France a perdu l’Afrique. Qu’elle intervienne, on dénonce son ingérence dans les affaires d’un Etat souverain. Qu’elle s’abstienne, on fustige son manque d’assistance à un pays ou peuple en danger.

Voir ainsi Jean Ping et le pouvoir se disputer la légitimité française à travers une simple lettre, c’est donc comprendre le degré d’infantilité politique des uns et des autres, qui ont du mal à se départir du fantasme français en Afrique. C’est malheureusement le sens de l’indépendance du Gabon dont on vient pourtant de commémorer la 57ème année.

Charles Nestor NKANY

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