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Crise postélectorale : l’Onu et les disparitions forcées du Gabon

Réuni en session depuis le 4 septembre dernier à Genève (Suisse), le Comité de l’Organisation des Nations unies (Onu) sur les disparitions forcées a ouvert, le mercredi 6, le dossier du Gabon sur les disparitions forcées. Le pays avait présenté son rapport sur la question en 2015, mais les émeutes postélectorales de la présidentielle de 2016, y rajoutent du nouveau. Il y est désormais question de charniers à Libreville.

Le Gabon comptait parmi les invités du Comité de l’Organisation des Nations unies (Onu) sur les disparitions forcées, le 6 septembre dernier à Genève. Alors qu’une délégation d’experts et juristes était attendue de Libreville, deux dames au demeurant résidentes en suisse ont finalement représenté le pays. Marianne Odette Bibalou Bounda, Représentante permanente du Gabon auprès du Bureau des Nations Unies à Genève, s’est ainsi retrouvée à «assumer la charge de ce dialogue constructif», selon l’expression d’Emmanuel Decaux, dans une webcast des échanges visible sur internet.

Absence du ministre de la Justice et des Droits humains

Interrogée sur le rapport 2015 du Gabon sur les disparitions forcées, Marianne Odette Bibalou Bounda a rappelé les implications de la ratification par le Gabon, en 2011, de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées. Ce traité devant être renforcé par une réforme, en cours, du droit pénal pour aboutir à la reconnaissance spécifique de la disparition forcée en tant que crime au Gabon.

Ainsi, en l’absence de Francis Nkea Ndzigue, ministre de la Justice et des Droits humains, qui était attendu à Genève, Marianne Odette Bibalou Bounda a laissé entendre qu’un nouveau gouvernement venait d’être formé au Gabon et qu’il lui était difficile d’envoyer une délégation à ce dialogue constructif. Les experts de l’Onu ont déclaré leur inquiétude au sujet des événements post-électoraux de septembre 2016 et des graves allégations d’arrestations arbitraires, d’assassinats et de disparitions forcées survenus alors. Ils demandent quelle action a été entreprise afin d’identifier les centaines de corps récemment trouvés dans quatre fosses communes à Libreville, notamment à la cité de la Démocratie, et pour enquêter et mener devant la justice les responsables ?

Tueries, arrestations, disparitions forcées et «politique de l’autruche»

Insistant sur le droit à la vérité et à la justice, l’absence de garanties au sujet de l’inexistence de lieux secrets de détention, Emmanuel Decaux a exigé du Gabon le montage d’un dossier sur les allégations crédibles reçues par le Comité de diverses organisations de renom, au lieu de se contenter de les rejeter systématiquement. En effet, au sujet des tueries, arrestations et disparitions forcées, Bibalou Bounda répondait d’une voix hésitante, peu rassurée et avec des réponses laconiques, à la limite de la langue de bois. «Parler des disparitions forcées au Gabon, c’est vraiment en termes de prévention. Parce que jusqu’à présent aucun service de l’Etat n’a été saisi de ces questions». «Officiellement, on en n’en a jamais été saisi», a-t-elle par exemple déclaré au grand étonnement des membres du Comité. Ou encore, «même lors des troubles postélectoraux du 31 août dernier, aucune disparition ou plainte n’a été portée à la connaissance des autorités judiciaires gabonaises ou de la police attestant des cas de disparitions forcées devant permettre aux autorités de prendre des mesures pour retrouver ces personnes». Des réponses taxées de «politique de l’autruche» par le président du Comité.

La délégation gabonaise a regretté qu’un an après l’élection présidentielle, le pays soit toujours indexé pour des violences postélectorales et surtout que l’on revienne toujours et encore sur cette crise, alors que des mesures ont été prises pour renforcer la cohésion nationale et que les pouvoirs publics cherchent les voies et moyens pour tourner cette page sombre de l’histoire du pays. Sur la défensive, la diplomate gabonaise a indiqué qu’elle préféré attendre les conclusions de la Cour pénale internationale (CPI), venue en juin dernier au Gabon, avant de parler des victimes et des morts. «Je comprends la volonté de tourner la page, encore faut-il avoir lu la page», a souligné le président du Comité.

Les conclusions de cette réunion sont attendues mercredi, le 13 du mois en cours. Ainsi que l’a relevé RFI, même si cette institution n’a pas de pouvoir de sanction, il est à noter qu’elle peut faire une mauvaise réputation à un Etats et alimenter les dossiers en traitement à CPI.

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