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Gabon : ce qu’il faut retenir de la tentative avortée de coup d’État

Lundi 7 janvier, un groupe de militaires a pris temporairement le contrôle de la radio nationale pour appeler au soulèvement et annoncer la formation d’un « Conseil national de restauration », et ce alors qu’Ali Bongo Ondimba poursuit sa convalescence au Maroc. Une tentative de coup d’État qui s’est soldée quelques heures plus tard par l’arrestation des commanditaires.

Tôt dans la matinée du lundi 7 janvier, un petit groupe de militaires – une dizaine selon le ministre de la Communication Guy-Bertrand Mapangou, porte-parole du gouvernement –, a fait irruption dans les locaux de la Radio Télévision gabonaise (RTG) pour diffuser un message sur les ondes de la radio d’État et annoncer la mise en place d’un « Conseil national de restauration » dont le but était de « sauver la démocratie, préserver l’intégrité du territoire national et la cohésion nationale ». Six employés de la RTG, des journalistes et des techniciens, étaient également présents sur place et ont été séquestrés.

« Une fois encore, une fois de trop, les conservateurs acharnés du pouvoir dans leur basse besogne continuent d’instrumentaliser et de chosifier la personne d’Ali Bongo Ondimba en mettant en scène un malade dépourvu de plusieurs de ses facultés physiques et mentales », indiquait le communiqué, en faisant référence à la convalescence du président, dont sa dernière prise de parole depuis son hospitalisation remonte au 31 décembre, à l’occasion de son discours des vœux à la nation. Selon le communiqué des putschistes – qui a tourné en boucle une partie de la matinée sur les ondes de la RTG –, ce message de vœux n’a fait que « renforcer les doutes sur sa capacité à assumer ses fonctions de président ».

Qui sont les putschistes ?

Selon le ministre de la Communication Guy-Bertrand Mapangou, les mutins étaient une dizaine à pénétrer dans les locaux de la radio. Plus tôt dans la journée, la présidence avait parlé de six militaires impliqués. Sur les images de l’allocution des militaires à la RTG, trois officiers coiffés des bérets verts de la Garde républicaine sont visibles, dont un certain lieutenant Kelly Ondo Obiang, commandant adjoint de la garde d’honneur de la Garde républicaine, qui a pris la parole pour lire le communiqué.

Se présentant comme le président d’un Mouvement patriotique des jeunes des forces de défense et de sécurité du Gabon (MPJFDS), formation jusqu’à présent inconnue, il a été formé en partie en Côte d’Ivoire, à l’École des forces armées (EFA) de Zambakro, à Yamoussoukro, dont il est sorti en 2015. Selon nos informations, l’homme était jusqu’à présent « un parfait inconnu », plus souvent mobilisé au sein de la garde d’honneur, unité de parade et non de combat.

La situation rapidement « sous contrôle », selon le gouvernement
La réaction des autorités ne s’est pas fait attendre. Les blindés des forces de sécurité gabonaises ont très rapidement bloqué l’accès au boulevard Triomphal, et pris le contrôle dès 7 heures (heure locale) des entrées de la RTG. Vers 9h00, la situation était « sous contrôle », selon la présidence.

Deux militaires impliqués dans la tentative de coup d’État avortée ont été abattus lors de l’assaut des hommes du Groupe d’intervention de la gendarmerie gabonaise, selon le ministre de la Communication Guy-Bertrand Mapangou, porte-parole du gouvernement. Les autres ont été arrêtés. Le lieutenant Kelly Ondo Obiang, qui était parvenu à s’échapper des locaux de la radio, a finalement été appréhendé à proximité du bâtiment et mis aux arrêts. Les mutins sont actuellement entendus par le procureur de la République. Au moment où nous écrivons ces lignes (18h00, heure locale) internet était toujours coupé au Gabon.

Des proches de Jean Ping cités dans le communiqué

Dénonçant la « confiscation du pouvoir par ceux qui le 31 août 2016 ont fait assassiner nos jeunes compatriotes », le lieutenant Ondo Obiang a cité une série de personnalités pour prendre part au « Conseil national de restauration ». Parmi celles-ci, on retrouve le général Jean Philippe Ntumpa Lebani – qui avait purgé une peine de prison pour une précédente tentative de coup d’État avortée en 2009 –, le colonel Rapontchombo, officier de l’armée de terre, ainsi que plusieurs acteurs de la société civile, réputés proches de Jean Ping, le syndicaliste Jean Rémy Yama et la chercheuse Laurence Ndong, Marcel Libama (Union nationale), l’avocate Paulette Oyane et Bertrand Zibi, ancien député qui a quitté le Parti démocratique gabonais (PDG) avant la dernière présidentielle.

Une liste qui interroge, puisque Jean Rémy Yama a expliqué à Jeune Afrique ne pas être au courant de l’action entreprise par le groupe de militaires, tandis que l’ancien député Bertrand Zibi est, lui, toujours incarcéré à la prison centrale de Libreville depuis août 2016.

 L’Union africaine (UA) a été la première à réagir pour condamner fermement « la tentative de coup d’État intervenue ce matin au Gabon ». « Je réaffirme le rejet par l’UA de tout changement anticonstitutionnel », a réagi sur Twitter Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’Union africaine.

La France a elle aussi condamné « toute tentative de changement de régime extra-constitutionnel », tandis que le président tchadien Idriss Déby Itno a fait part de son « indignation », dans un communiqué publié lundi après-midi, dans lequel il a apporté « son soutien et celui de toute la communauté de la Cemac » à son homologue gabonais Ali Bongo Ondimba, qui n’a pas encore commenté les événements.

Mis à jour le 08 janvier 2019 à 01h19

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