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Malversations financières à la SNH : Les élections couplées d’octobre 2018 en ligne de mire

Les révélations de l’audit de la Société nationale des hydrocarbures (SNH) ne sont pas seulement un indicateur de la gestion de cette entreprise. Elles permettent aussi de comprendre où certains partis de la galaxie présidentielle trouvent-ils leur argent.

Tout le monde le voyait. Tout le monde le savait. Personne n’a rien dit au moment où il fallait. Bien au contraire, le pouvoir en place s’en est félicité. L’audit de la Société nationale des hydrocarbures (SNH, communément appelé Gabon oil company – Goc) relève des malversations financières de grande importance. On parle d’un trou cumulé de plus de 85 milliards de francs CFA sur deux exercices. Ces révélations ne sont pas seulement un indicateur de la gestion de cette entreprise publique. Elles permettent aussi de comprendre où certains partis de la galaxie présidentielle trouvent-ils leur argent, comment assurent-ils leur financement. En ligne de mire, le financement de leur campagne durant les élections couplées d’octobre 2018.

Démonstration de puissance financière

L’audit de la SNH révèle pas mal de choses. Il dessine une vue en coupe de certains partis politiques, une esquisse de leurs circuits de financement. Au nombre des personnes ayant bénéficié du produit des détournements, il mentionne Juste Louangou Bouyomeka et Tony Ondo Mba. Pour soutenir leurs trains de vie, les présidents des Sociaux-démocrates gabonais (SDG) et du Rassemblement pour la restauration des valeurs (RV) ont-ils eu recours à des montages opaques ? Si on peut le penser, on doit aller au-delà. De toute évidence, les fonds de leurs partis proviennent des détournements opérés à la SNH. Cela surprend-il ? A moins de faire montre d’une méconnaissance de la vie politique nationale, nul ne peut le soutenir.

Apparus durant les élections couplées d’octobre 2018, SDG et RV se sont illustrés par une débauche de moyens à rendre jaloux le Parti démocratique gabonais (PDG). Généralement choisis parmi les membres de l’Association des jeunes émergents volontaires (Ajev) ou parmi les parents et amis des barons de cette structure, leurs candidats se sont livrés à une démonstration de puissance financière : quand les militants PDG disposaient d’une quarantaine de millions, eux en avaient le double voire davantage. Revendiquant leurs accointances avec la quasi-totalité des directeurs généraux d’établissements publics, ils ont souvent réussi à conquérir l’électorat. Au final, le RV et le SDG, s’en sont tirés avec sept députés chacun, dominant l’Union nationale (UN) mais faisant jeu égal avec le Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM).

Réflexion sur le financement de la vie politique

Sauf à jouer les naïfs, personne ne peut être surpris de voir les présidents de SDG et RV compter parmi les bénéficiaires des flots noirs libérés par la corruption ou des flux gris issus d’études-bidons. Après tout, il leur fallait trouver de l’argent pour financer leurs partis politiques ou apporter leur soutien à certains indépendants voire à leurs camarades investis par le PDG ! Tout cela a nécessité de l’argent. Beaucoup d’argent. Trop d’argent. Surtout, dans un environnement où l’argent est devenu le principal argument de campagne, l’élément de persuasion par excellence. Sans la justifier ni la légitimer, on peut expliquer l’attitude de certains dirigeants d’établissements publics : nommés en raison de leur zèle partisan, ils se sentent en devoir de s’impliquer politiquement, quitte à faire main basse sur les fonds publics. Et si les agissements de Christian Patrichi Tanasa correspondaient à une pratique établie et au contexte ? Pourquoi fallait-il créer des partis-écrans ? Pourquoi fallait-il financer des candidatures indépendantes ? D’où sortait tout l’argent déversé durant les élections couplées d’octobre 2018 ? Voilà le fond du débat.

L’origine des fonds des SDG et du RV étant quasiment établie, le régime ne peut plus se contenter de parler de lutte contre la corruption et le blanchiment. S’il entend moraliser la vie publique, il doit donner à ces révélations une suite politique. Pour ainsi dire, il doit lancer une réflexion sur le financement des campagnes électorales. Concrètement, il doit réfléchir au mode de financement des partis politiques, aux normes de transparence sur l’origine et la gestion des fonds voire au plafonnement des dépenses de campagne. Il doit tout autant songer à la mise en place d’une autorité de suivi du financement de la vie politique. Sauf, bien entendu, s’il a l’intention d’adopter une solution radicale et inédite : la révocation des mandats des élus SDG et RV. En tout cas, le débat sur le financement des campagnes électorales vient d’être lancé. Et de quelle manière… !

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