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L’OMS reprend son essai sur l’hydroxychloroquine comme traitement potentiel contre le coronavirus

L’Organisation mondiale de la santé avait suspendu temporairement son essai clinique Solidarity après la publication d’une étude dans la revue scientifique « The Lancet ».

Le recrutement de patients recevant de l’hydroxychloroquine va reprendre dans l’essai clinique international Solidarity, lancé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour comparer l’efficacité de plusieurs traitements contre le SARS-CoV-2. L’institution onusienne avait décidé, le 25 mai, de suspendre temporairement leur inclusion, trois jours après la publication dans la revue médicale The Lancet d’une étude suggérant que les malades du Covid-19 hospitalisés et traités avec cette molécule, combinée ou non à des antibiotiques comme l’azithromycine, présentaient un taux de mortalité supérieur et plus d’arythmies cardiaques.

Le comité de suivi de sécurité des données (DSMB), qui seul a accès à l’intégralité des données brutes de Solidarity, n’a pas constaté de signal de toxicité significatif parmi les patients recevant de l’hydroxychloroquine, a indiqué le directeur général de l’OMS, Tedros Ghebreyesus, mercredi 3 juin, lors d’un point presse. Le groupe exécutif de l’essai a donc décidé que celui-ci pouvait reprendre avec les quatre traitements testés : remdésivir, lopinavir/ritonavir, interféron-1a et, donc, hydroxychloroquine.

Vers une reprise en France également

Une telle décision avait déjà été prise par les responsables de l’essai Recovery britannique, qui n’avait pas constaté de toxicité chez les patients sous hydroxychloroquine. En France, où seize essais cliniques comportant de l’hydroxychloroquine ont été autorisés par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), le comité de surveillance et de suivi du plus ambitieux d’entre eux, Discovery, lancé par l’Inserm, qui se réunissait mercredi 3 juin, est parvenu au même constat. Le recrutement de patients sous hydroxychloroquine, suspendu il y a une semaine, devrait donc reprendre, nous confirme Yazdan Yazdanpanah, de l’hôpital Bichat, qui fait partie du consortium REACTing pilotant cet essai clinique : « Il faut attendre l’avis de l’ANSM, mais je ne pense pas que cela pose problème », précise le médecin infectiologue.

En France, la publication de l’étude du Lancet avait conduit le ministre de la santé, Olivier Véran, à saisir pour avis le Haut Conseil de la santé publique. Celui-ci avait été défavorable à l’utilisation en contexte hospitalier de l’hydroxychloroquine, s’appuyant aussi sur d’autres études et remontées de pharmacovigilance faisant état de graves effets indésirables cardiaques. Cet avis avait été suivi d’un décret mettant fin à la dérogation permettant l’utilisation de l’hydroxychloroquine hors autorisation de mise sur le marché dans le cadre du Covid-19.

« Lancet Gate »

L’étude du Lancet a cependant fait l’objet de nombreuses critiques méthodologiques – en France, Didier Raoult l’avait ainsi qualifiée de « foireuse », avant de pointer plusieurs incohérences dans les données. Après avoir publié un erratum reconnaissant une erreur de codage sur des morts du Covid-19 indûment attribués à l’Australie et la publication erronée d’un tableau de données, The Lancet a émis, mercredi 3 juin, une mise en garde (expression of concern) vis-à-vis de l’article et a annoncé qu’une enquête était lancée pour s’assurer de la validité des données.

La société Surgisphere, installée dans l’Illinois, qui affirme avoir collecté plus de 96 000 dossiers médicaux « auprès de 671 hôpitaux sur six continents », et son fondateur, le chirurgien Sapan Desai, suscitent beaucoup d’interrogations – au point d’avoir fait naître le hashtag #lancetgate sur Twitter. Mercredi 3 juin, le New England Journal of Medicine, qui avait publié, le 1er mai, un article faisant appel à des données rassemblées par Surgisphere, avait, lui aussi, émis une expression of concern.

L’article du Lancet, dont l’enquête en cours montrera s’il est construit à partir de données défaillantes ou même factices, soulignait lui-même que ses conclusions n’avaient pas la solidité de celles issues d’essais cliniques randomisés – où l’on compare des groupes de patients constitués de façon aléatoire et recevant ou non le traitement. « Il n’y a, actuellement, aucune preuve que les médicaments proposés contre le Covid-19 réduisent la mortalité, a rappelé Soumya Swaminathan, chef scientifique de l’OMS, lors du point presse du 3 juin. Les études observationnelles ont des limitations. Il faut mener à bien des essais cliniques randomisés. »

Hervé Morin

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