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Le coronavirus dans l’air peut-il nous infecter ? Ce que les dernières données nous apprennent

CONTAGION – Alors que la transmission par voie aérienne était considérée comme improbable au début de la pandémie de Covid-19, elle est jugée de plus en plus crédible. Une étude apporterait même les premières preuves du risque infectieux dans l’air expiré.

Le coronavirus est-il présent dans l’air ? Si oui, combien de temps reste-il en suspension et dans quelle proportion ? Y a-t-il un risque infectieux dans les particules expirées en parlant ou simplement en respirant ? Les questions autour d’une éventuelle transmission du virus par la voie aérienne sont nombreuses, alors même que, pour rappel, cette piste était considérée comme improbable au début de la pandémie de Covid-19.

Aujourd’hui, les indices en ce sens s’accumulent, au point d’avoir donné lieu récemment à une lettre ouverte d’experts à l’Organisation mondiale de la santé. L’occasion de faire le point sur ce que l’on sait et ce qu’il reste à savoir sur cette question.

Le virus est en suspension dans l’air…

Cela fait plusieurs mois maintenant que l’on sait que le coronavirus causant le Covid-19 a été retrouvé sur de multiples objets dans des chambres d’hôtel ou d’hôpital, ainsi qu’en suspension dans l’air.

Des études sur le SARS-CoV-2 et d’autres virus respiratoires ont en effet mis en évidence que des particules virales étaient aussi présentes dans des gouttelettes microscopiques (moins de 5 microns de diamètre) dans l’air expiré par une personne infectée.

… potentiellement pendant des heures

Ces micro-gouttelettes que nous rejetons lorsque nous respirons et parlons peuvent rester en suspension en intérieur, potentiellement pendant des heures en l’absence de ventilation, et de fait être inspirées par d’autres personnes.

Une étude, publiée en mai dans la revue américaine PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences), montrait ainsi comment la parole était un probable vecteur de transmission du virus via les micro-gouttelettes de salive qu’elle génère. Ces dernières pouvant rester suspendues dans l’air d’un espace fermé pendant plus de dix minutes, dans le cas de l’expérience en question.

Mais jusqu’à de nouveaux travaux de recherche, dont les résultats ne sont pour l’heure que préliminaires et n’ont pas été examinés par le comité de lecture d’une revue scientifique, il n’avait jamais été démontré que les particules virales en aérosols étaient suffisamment actives pour contaminer de nouvelles personnes.

Il « se réplique et est par conséquent infectieux »

Une équipe de l’université du Nebraska a en effet pour la première fois réussi à faire se répliquer des particules de SARS-CoV-2 prélevées dans l’air de chambres de malades du Covid-19, ce qui appuie l’hypothèse selon laquelle le virus est transmissible non pas seulement par les postillons et les grosses gouttelettes, mais aussi par les microscopiques gouttelettes.

Les chercheurs ont à cette fin prélevé l’air dans les chambres de cinq patients alités, 30 cm au-dessus de leurs pieds environ. Les patients parlaient, quelques-uns toussaient. Dans le détail, ces derniers ont réussi à collecter des micro-gouttelettes de moins de cinq microns de diamètre contenant du virus, et même de moins d’un micron. Ils ont ensuite isolé le virus et l’ont placé dans un milieu spécial pour le faire se répliquer. Ce qu’ils sont parvenus à faire avec certitude que pour trois des 18 échantillons, venant de gouttelettes d’un micron.

Quelle quantité inspirée présente un risque ?

« Je crois que la plupart des infectiologues s’accordent à dire que la voie aérienne est une composante de la transmission, bien que nous débattions encore de son importance », a encore commenté Joshua Santarpia.

La professeure Linsey Marr, spécialiste de la transmission aérienne des virus, a commenté sur Twitter que cette étude relayée ce lundi, et dont les résultats préliminaires n’ont pas été examinés par le comité de lecture d’une revue scientifique, présentait « des preuves solides ». Et d’ajouter : « Il y a du virus infectieux dans l’air. Reste à savoir quelle quantité il faut respirer pour être infecté ».

Un risque accru dans les endroits fermés ?

Le 7 juillet, l’Organisation mondiale de la santé, sous pression des scientifiques, a reconnu que la transmission aérienne du virus « ne peut être exclue ». Notamment, détaille-t-elle dans une fiche actualisée, dans « certains endroits fermés, comme les lieux très fréquentés et mal aérés » et lorsque les gens y sont présents « pendant une durée de temps longue ». Exemples ? Les chorales, les restaurants ou les cours de sport.

Le virus serait alors porté par des aérosols, provenant soit de l’évaporation des gouttelettes soit de la simple respiration des porteurs du virus. Plus petits (moins de 5 microns), ces aérosols peuvent se maintenir en suspension en intérieur et être inhalés par d’autres gens.

Des cellules infectées in vitro même après trois heures

Dès la mi-mars, une étude américaine publiée dans le New England Journal of Medicine (NEJM) montrait que le nouveau coronavirus pouvait survivre en laboratoire pendant trois heures sous la forme de particules dans l’air.

Cette dernière conclut aussi que les particules de virus contenues dans ces aérosols produits expérimentalement peuvent infecter des cellules in vitro, même après trois heures.

La ventilation, un double effet

A l’heure du déconfinement, de nombreux experts appelaient à mieux ventiler lieux de travail, écoles, hôpitaux et maisons de retraite, et à installer des outils de lutte contre les infections tels que des filtres à air sophistiqués et des rayons ultraviolets spéciaux qui tuent les microbes dans les conduits d’aération. « Augmentez la circulation de l’air extérieur autant que possible », conseillent les Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC) américains.

Le CDC européen a de son côté expliqué le 22 juin que la climatisation pouvait diluer le virus dans l’air et l’évacuer, mais qu’elle pouvait avoir l’effet inverse si le système de ventilation ne renouvelait pas l’air et le faisait recirculer dans les mêmes pièces.

Un exemple fameux est celui d’un cluster démarré dans un restaurant de Canton en janvier : une personne sans symptôme a contaminé des clients de deux tables voisines, sans contact ; le climatiseur a vraisemblablement fait voler le virus d’une table à une autre. D’autres cas de super-contagions, dans un autocar chinois et dans une chorale américaine, accréditent aussi la piste aérienne.

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