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La Russie accusée par Washington d’avoir utilisée une arme anti-satellite depuis l’espace

Les Etats-Unis accusent la Russie d’avoir testé une arme anti-satellite depuis l’espace. Moscou qualifie de « propagande » ces accusations.

Pour Washington, il s’agit d’une rare escalade militaire dans la guerre des étoiles. Pour Moscou, il ne s’agit que d’un « instrument spécial » d’inspection spatiale. En attendant, les Etats-Unis accusent formellement la Russie d’avoir testé une arme anti-satellite lancée depuis l’espace.

Dans un communiqué Jay Raymond, patron du Commandement spatial américain (Space Command) affirme, preuves à l’appui que Moscou aurait « réalisé un test non-destructeur d’une arme anti-satellite depuis l’espace ». Cette opération aurait eu lieu le 15 juillet.

« C’est une nouvelle démonstration que les menaces contre les installations spatiales des Etats-Unis et de ses alliés sont réelles, sérieuses et croissantes », estime le « Space Commander ». « L’espace est un théâtre de guerre comme l’air, la terre et la mer », ajoute le général Jay Raymond.
La Russie a qualifié vendredi de « propagande » les accusations américaines, selon lesquelles les Russes auraient testé une arme qui pourrait être utilisée pour détruire des satellites dans l’espace

« Nous avons toujours été et sommes restés fidèles à l’objectif de démilitarisation de l’espace et au non-déploiement de tout type d’arme dans l’espace », a répondu Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, lors d’une conférence de presse.

« Objet E »

Le 15 juillet dernier, Cosmos 2543 (un sous-satellite d’un mètre carré de surface, selon les militaires américains) aurait libéré un objet à une vitesse de l’ordre de 200 mètres par seconde, estime l’astronome Jonathan McDowell.

Baptisé « objet E » par les Américains, il est aujourd’hui encore en orbite et ne semble rien avoir heurté. On ignore sa taille, sa forme et sa nature, mais cela ne change rien à sa dangerosité.

Ce ne serait pas un première. En 2017, le même scénario s’était produit avec un autre appareil russe). En novembre 2019, la Russie a lancé un satellite, baptisé Cosmos 2542. Surprise, la semaine suivante, il a libéré Cosmos 2543, un sous-satellite pour observer, inspecter ou espionner d’autres satellites.

Une arme à part entière

En orbite, les satellites filent dans le vide à des dizaines de milliers de kilomètres par heure, et le moindre choc entre un satellite et un objet peut percer un panneau solaire ou endommager ou détruire tout l’engin, selon la taille de l’objet.

Dans l’espace, la différence entre satellite et arme est donc théorique: quelle que soit sa fonction, l’objet E est de facto considéré un « projectile » que les Américains considèrent comme une « arme » à part entière.

C’est l’équivalent d’une « balle » dans l’espace, a dit vendredi Christopher Ford, du département d’Etat. « Là-haut, il n’y a jamais de petit accrochage ».
Moscou, d’ailleurs, l’a implicitement reconnu en répliquant que Washington et Londres ont aussi des programmes de satellites d’inspection ou de réparation pouvant être détournés pour devenir des « armes anti-satellites ».

Les Etats-Unis ont effectivement des satellites militaires manoeuvrables en orbite, et qui peuvent libérer de plus petits satellites. En 2018, la France s’était plainte qu’un satellite russe se soit rapproché d’un de ses satellites militaires pour l’espionner (pour par exemple voir les technologies à bord), mais un satellite américain avait approché ce même satellite russe quelques jours auparavant.

On ignore si les Américains ont la capacité d’envoyer des projectiles à haute vitesse comme les Russes viennent de le faire, dit Brian Weeden, spécialiste de sécurité spatiale à la Secure World Foundation, à Washington. « Mais ils pourraient sans doute le faire, s’ils le voulaient ».

Les Américains très dépendants de l’espace

« Les Russes pourraient vouloir envoyer un message stratégique sur la vulnérabilité des systèmes américains », poursuit Brian Weeden. Les satellites espions sont énormes, extrêmement coûteux et peu nombreux, dit-il. « La Russie ne dépend pas autant de ses satellites que les Etats-Unis, et les satellites russes sont loin d’être aussi chers », ajoute l’expert.

C’est ce qu’a redit le patron de la Space Force vendredi: depuis la guerre du Golfe, tout dans l’armée américaine, des avions aux fantassins, dépend de l’espace, pour la navigation, les communications, le renseignement.

« Tout ce que nous faisons (…) intègre l’espace à chaque étape », a dit le général Raymond.

Américains et Russes auront l’occasion d’en parler directement, la semaine prochaine à Vienne, pour leur première réunion sur la sécurité spatiale depuis 2013.

Pascal Samama avec AFP

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