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Côte d’Ivoire: la réconciliation pourrait passer «par une certaine cohabitation politique»

Ce mercredi 11 novembre, le président ivoirien Alassane Ouattara et son principal opposant, l’ex-président Henri Konan Bédié, se sont rencontrés pour tenter d’apaiser les violences électorales meurtrières en Côte d’Ivoire. Les deux hommes ne s’étaient plus rencontrés depuis 2018, « une première rencontre pour rétablir la confiance », a déclaré l’actuel président ivoirien, au terme de l’entrevue qui a duré une quarantaine de minutes à l’hôtel du Golf. Le politologue Sylvain Nguessan revient au micro de Victor Mauriat sur les enjeux et les perspectives de cette rencontre.

RFI : Est-ce que vous avez été surpris par la tenue de cette rencontre entre messieurs Ouattara et Bédié ?
Sylvain Nguessan : À vrai dire, je n’ai pas été surpris de la rencontre, lors de son discours après le résultat proclamé par le Conseil constitutionnel, le président Alassane Ouattara avait dit son vœu, et le souhait de rencontrer son aîné Henri Konan Bédié, et donc on s’attendait plus ou moins à cette rencontre. Après ce qu’on a vu à M’bato le 10 novembre, c’était quand même urgent que nos deux leaders se rencontrent en vue d’apaiser le climat social, d’apaiser la tension.

Justement jusqu’aujourd’hui le bilan des violences liées aux élections est de 85 morts depuis le mois d’août, est-ce que c’est notamment cela qui les a poussés à organiser la rencontre ?

Dans un premier temps, à très court terme comme ils l’ont fait hier, cela s’imposait. Les images de violences horribles de Mbato après celles de Dabou ou de Sakassou, il fallait que nos leaders se rencontrent dans de très bons termes pour apaiser le climat social.

Ils se sont donc rencontrés à l’hôtel du golf d’Abidjan, est-ce un lieu symbolique ?

L’hôtel du golf est tout est symbole pour le président Ouattara et Bédié, c’est dans cet hôtel fin 2010-2011 qu’ils ont pu former le gouvernement bien évidemment ils ont dû penser à monsieur Soro Guillaume, qui était leur allié à ce moment, et qui jouait un rôle clé. Ils ont dû penser à lui. Donc se retrouver sur ce lieu, c’est fort symboliquement pour les deux mais en même temps il y a quelques gènes quand on pense aux relations que les deux leaders ont maintenant avec monsieur Soro Guillaume et Laurent Gbagbo.

À l’issue de cette rencontre quelles seraient les conditions d’une relation apaisé entre Bédié et Ouattara ?

Je pense que les deux acteurs ont une grande expérience du champ politique. Ils ont eu le temps de faire leur bilan, de voir les perspectives qui s’offrent à eux depuis le 31 octobre passé. Pour monsieur Bédié je pense que c’est l’heure de faire le bilan et de passer le relai à la génération future, pour monsieur Ouattara c’est le temps de laisser une Côte d’Ivoire réconciliée où les conflits ne sont pas résolus avec des armes. Ils ont intérêt à taire leurs querelles. Pour ne pas que la Côte d’Ivoire plonge dans une nouvelle crise post-électorale dont nous imaginons un peu les conséquences.

Et comment cela pourrait-il se traduire ?

Je pense à une certaine cohabitation politique entre monsieur Bédié et Ouattara. Je pense que cela intéresse à un plus haut degré monsieur Ouattara, pour monsieur Bédié ce sera un peu plus complexe dans la mesure où il s’est beaucoup rapproché ces derniers temps de monsieur Guillaume Soro et de monsieur Laurent Gbagbo. Il y a même eu des accords qui ont été signés. Donc se rapprocher davantage cela pourrait être également un certain signal en vue d’un gouvernement d’ouverture, où probablement certains cadres du PDCI pourraient rejoindre leurs collègues du RHDP en vue d’apaiser ces tensions.

Après la rencontre les deux hommes ont parlé de confiance mais peut-il y avoir de la confiance si les principaux leaders de l’opposition sont toujours emprisonnés ?

Je pense ça serait au moins un préalable avant le début des négociations, je ne vois pas le président Bédié s’asseoir dignement en face de monsieur Ouattara pour un dialogue politique pendant que monsieur Affi N’Guessan et les principaux leaders des mouvements de jeunesse sont en prison.

Une fois les conditions de travail rendues possibles quels seront les principaux points à aborder avec l’opposition ?

Les revendications de l’opposition sont connues depuis, à savoir la réforme de la CEI, le découpage administratif, l’audit de liste électoral et aussi la réforme du conseil constitutionnel. Je pense que ça fait beaucoup, mais le pouvoir pourrait au moins mettre sur la table les négociations une de ces revendications en bonne et due place. Je pense que cela pourra apaiser un peu la tension entre les différents acteurs politiques ivoiriens.

On se souvient que ce qui avait mis le feu aux poudres c’était la création du conseil national de transition, aujourd’hui ce conseil est-il encore à l’ordre du jour ?

Je pense que ce projet a été mis de côté bien avant cette première rencontre. Tous les communiqués du PDCI ne portaient plus sur cette dénomination. Henri Konan Bédié s’est présenté comme le président du PDCI et non comme le président du CNT. Celui-ci a été abandonné. Peut-être était-ce un moyen de pression pour eux au début, mais vu la tournure que les événements ont très vite pris, tous se sont rendus compte qu’il fallait revenir à leurs familles politiques respectives.

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