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Gabon : L'appel tardif des intellectuels

Un collectif de 21 intellectuels gabonais a lancé ce 29 août un appel à l’ensemble des acteurs politiques du pays pour la transparence de l’élection et la préservation de l’unité nationale encore immaculée du Gabon. A jour J-1 du scrutin, cet appel souligne tristement le mutisme assourdissant dont a fait preuve l’intelligentsia gabonaise pour cette transition politique historique qui cristallise toutes les craintes, toutes les inquiétudes mais aussi tous les espoirs du peuple gabonais.

© D.R. L’intelligentsia gabonaise est restée muette à la contestation populaire des autorités

21 intellectuels gabonais se sont férédés en collectif pour lancer un appel ce 29 août afin d’exhorter la classe politique du pays à respecter l’Etat de droit, à préserver l’unité nationale et à prévenir l’insécurité et la xénophobie.

En se basant sur le «testament» du défunt président Bongo Ondimba dans son discours du 1er décembre 2007, le collectif a interpellé les dirigeants du pays à redoubler de vigilance à l’approche du scrutin national qui doit élire le prochain chef de l’Etat.

«Nous exhortons les acteurs politiques à s’engager à faire du Gabon un pays résolument tourné vers le développement, la justice sociale, l’épanouissement de ses habitants, pour préserver durablement le climat de paix dans lequel nous vivons et qui menace ruine au regard des dérives actuelles des acteurs politiques et de leurs partisans inconditionnels», écrit le collectif.

Alors que la tension est à son comble avec de nombreuses contestations sur l’organisation de l’élection du 30 août, l’appel des intellectuels met en garde face à «un climat de tensions et de violences, qui pourrait conduire la Nation vers des affrontements aux conséquences incalculables, porteurs d’une dégradation accrue de notre tissu économique et socio-politique».

«Aussi loin que nous puissions remonter dans le cours de notre histoire, (…) les différentes composantes sociologiques qui constituent la Nation gabonaise ne témoignent d’aucune expérience d’affrontement sanglants, comme ce fut le cas dans nombre de pays africains», rappelle par ailleurs le «collectif des 21».

Citant enfin le poète écrivain et homme politique Vincent de Paul Nyonda dans son oraison funèbre à Jean Hilaire Aubame, le collectif rappelle que l’unité nationale «n’a été possible que parce que la confrontation politique de l’époque se plaçait exclusivement au niveau des idées et tournait résolument le dos à la violence physique, aux luttes tribales et claniques».

Le Collectif des 21 réuni notamment les auteurs Martin Alihanga ; Guy Serge Bignoumba ; le sociologue Anaclé Bissiélo, actuel ministre de la Statistique et du Développement ; Agathe Boukinda ; le sociologue Jean-Marie Bouyou ; le géographe Jules Djeki ; Djohou Boma ; le pharmacien Jean-Noël Gassita ; le géographe Serge Loungou ; l’auteur Lucie Mba, fille du premier président du Gabon ; l’enseignant en médecine André Moussavou Mouyama ; l’enseignant Léandre Edgard Njambou ; Lucien Blaise Ndoyi ; Wilson Ndombet ; Jérôme Ndzoungou ; Jean Ntchilé ; le sociologue Fidèle Pierre Nzé Nguema, actuel recteur de l’Université Omar Bongo (UOB) de Libreville ; l’enseignant Anselme Nzoghe Aboughe ; Lucien Obame ; le géopolitologue Marc-Louis Ropivia et Mesmin-Noël Soumaho.

S’il est malgré tout salutaire, à la veille du scrutin, cet appel souligne inéluctablement le silence assourdissant dont a fait preuve l’intelligentsia gabonaise durant cette transition politique historique. Alors que de nombreuses voix se sont élevées de toutes parts pour dénoncer l’organisation de l’élection et le pilotage de la transition, ceux qui sont censés jouer le rôle de Prométhée sont restés muets jusqu’à cet appel à la veille du scrutin.

Un réveil tradif, trop tardif selon certain leaders politique qui préviennent déjà depuis plus d’une semaine que toutes les conditions de la contestation sont réunies. La tension est aujourd’hui à son comble et l’exaltation des opinions politiques ont mis des oeillères à la plupart des concernés. Alors que les Gabonais se rendront dès 7H00 demain matin dans les bureaux de vote, cet appel risque fort de tomber dans l’oreille d’un sourd. «Cabri mort n’a plus peur du couteau».

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