spot_imgspot_img

Au Gabon, l'opposition, divisée et sans voix, semble en plein désarroi

Le symbole est fâcheux. Au lendemain de l’annonce de l’élection d’Ali Bongo, au moins deux personnes sont mortes, vendredi 4 septembre, après avoir été atteintes par des balles au cours d’affrontements entre des émeutiers et les forces de l’ordre à Port-Gentil. La ville, capitale pétrolière du Gabon, est un bastion de l’opposition qui dénonce un « hold-up électoral ». La première victime aurait été blessée jeudi ; la seconde serait morte sur le coup vendredi.

Des versions contradictoires circulent sur les circonstances de ces décès attribués soit à des pillards munis d’armes à feu, soit à des militaires. Pendant plusieurs heures, vendredi, quelque 250 personnes réparties en petits groupes mobiles se sont livrées à des pillages. Un commissariat de police a été attaqué, des commerces dévalisés et un complexe sportif et culturel de la société Total-Gabon incendié.

Au même moment, les autorités, accusant l’opposition de recourir à la violence, exprimaient leur crainte que le début du mandat d’Ali Bongo ne soit entaché par des morts violentes.

Même l’instauration d’un couvre-feu à Port-Gentil, dès jeudi soir, et le renforcement des forces de l’ordre gabonaises n’ont pas empêché la mise à sac de commerces et de stations-service. Les effectifs des militaires français stationnés dans la ville pétrolière sont passés de 50 à une centaine. De source officielle, on assure que seule une poignée de ces soldats issus du 6e bataillon d’infanterie de marine (BIMa) est présente dans l’enceinte du consulat de France incendié jeudi, et non en territoire gabonais. « Pas question pour eux de rétablir l’ordre », précise-t-on. Le Gabon n’a « pas besoin » de l’aide de la France, a appuyé le ministre gabonais de la défense.

Vendredi, alors que Port-Gentil s’enflammait, Libreville reprenait vie. Les commerces ont rouvert tandis que le dispositif policier était allégé dans la capitale. Mais le climat demeure instable : des pillages nocturnes se poursuivent et les esprits restent échauffés.

Si Ali Bongo n’a pas maté la révolte née de son élection contestée, il a plongé ses adversaires dans le désarroi. Dans les états-majors, l’ambiance est passée de l’euphorie des victoires autoproclamées à l’abattement d’une défaite confirmée, dès vendredi, par la Cour constitutionnelle.

Match Gabon-Cameroun

A l’évidence, le maintien du match de football Gabon-Cameroun, samedi à Libreville, en présence du nouveau président, vise à accréditer l’idée d’un retour à la normale. Ali Bongo compte probablement sur une victoire de l’équipe nationale des « Panthères » pour ressouder le pays. Mais le pari est risqué car une défaite pourrait relancer les troubles. L’un des premiers gestes présidentiels de M. Bongo a été, jeudi, de rendre visite aux joueurs, entraînés par le Français Alain Giresse, et de leur promettre une prime en cas de qualification pour la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud.

Au même moment, deux présidentiables battus, André Mba Obame et Pierre Mamboundou, restent invisibles, s’étant mis « en lieu sûr » après avoir été violemment délogés par des militaires, jeudi, des abords de la Cité de la démocratie où ils protestaient.

Quasiment privés d’accès aux médias nationaux, incapables de parler d’une seule voix, ils laissent leurs troupes désemparées. Vendredi, les partisans de M. Mamboundou, dont le fief est précisément Port-Gentil, appelaient à la « résistance », sans donner publiquement un contenu concret à ce mot d’ordre ambigu.

Les opposants hésitent à agiter ouvertement le thème anti-Français, pourtant le plus populaire. M. Mba Obame affirme « ne pas détenir d’élément permettant de douter de la neutralité de la France », mais certains de ses proches accusent les médias français d’avoir facilité la victoire de leur adversaire. Du côté de M. Mamboundou, tout en flattant les médias étrangers « sans qui personne ne saurait ce que nous subissons « , on jette en pâture le nom de journalistes français accusés d’être à la solde d’Ali Bongo.

A Paris, tandis que le Parti socialiste dénonçait un scrutin présidentiel « précipité et contesté » et condamnait les « actes d’intimidation » contre des Français, Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères, affirmait que « la France (accepterait) le résultat des élections les plus contrôlées », se référant au travail des missions d’observation du scrutin. Aux Etats-Unis, répondant à la question de savoir si Washington considérait l’élection gabonaise comme libre et honnête, le porte-parole du département d’Etat a indiqué : « Je ne crois pas que nous soyons encore parvenus à cette conclusion. »

Exprimez-vous!

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

spot_imgspot_img

Articles apparentés

spot_imgspot_img

Suivez-nous!

1,877FansJ'aime
133SuiveursSuivre
558AbonnésS'abonner

RÉCENTS ARTICLES