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Cacao: Asphyxiée par le pétrole, la filière renaît de ses cendres

La campagne Café Cacao, qui a démarré dans plusieurs provinces du Gabon, depuis quelques semaines, a redonné du travail et procuré de nouveau un revenu aux populations rurales. La reprise de cette activité, longtemps étouffée par les industries extractives : le pétrole et le manganèse, va redynamiser ce secteur dans les villages.

Distribution de machettes et de limes aux planteurs, prix d’achat du café réévalué, plantations réhabilitées… Depuis 2005, la Caisse de stabilisation et de péréquation (Caistab) tente de réanimer une filière laissée depuis des années en friche. Son directeur général, Mathias Otounga Ossibadjouo, s’est converti lui-même en planteur. Sur le terrain, des signaux forts sont donnés et plusieurs producteurs ont retrouvé le sourire.

Le directeur général de la Caistab parcourt les villages pour recueillir les préoccupations des producteurs de café et de cacao, ainsi que les difficultés auxquelles ces derniers sont confrontés. Des ingénieurs agronomes ont d’ailleurs été affectés auprès des planteurs, dans les provinces. Leur mission ? Relancer les activités de cette filière.

Cet élan a déjà éveillé l’intérêt des producteurs de café et de cacao qui ont décidé de réhabiliter leurs plantations recouvertes par la forêt, faute de soutien. C’est en 2005, date de l’arrivée de la nouvelle équipe dirigeante, que cette filière a commencé à renaître de ses cendres grâce au coup de pouce de l’Etat. Pour transmettre le goût aux jeunes, des campagnes de sensibilisation ont été menées l’an dernier à travers tout le territoire national.

Depuis le 5 juillet du mois en cours, les responsables de la Caistab procèdent à l’achat du café et du cacao dans certaines provinces du pays. Bradé sous le manteau pour 400 francs CFA le kilogramme à l’époque, le prix du café pour cette campagne a été réévalué de 12,5%, soient 450 francs CFA par rapport aux années précédentes. «Cette augmentation est une contribution de plus dans le souci de garantir le devenir agricole du Gabon afin d’accroître ses revenus», explique un technicien de la Caistab.

Cette année, les plus productifs ont perçu même jusqu’à 600 000 francs CFA. Autant dire que la volonté affichée par l’actuel directeur général de la Caistab s’avère payante. Mieux, la relance de l’activité cacaoyère et caféière en 2006 a déjà créé près de 200 postes de travail autour des plantations d’Ebeigne, dans la région du Woleu-Ntem, dont le café et le cacao font sa fierté. Dans cette province, la Caistab avait acheté, par exemple, lors de la campagne de 2006 plus de 75 tonnes de café au prix de 400 francs CFA le kilo contre 31 seulement en 2005, soit une hausse de 104,4%, selon les chiffres produits par la Caisse.

Parallèlement, et à la même période, 144,50 tonnes de cacao de grade supérieur et 71,27 tonnes de cacao de grade inférieur ont été achetés au prix respectifs de 600 francs CFA et 400 FCFA le kg. Mais faute de financement, les achats de cacao et de café avaient été réduits. Car la caisse ne parvenait plus à acheter la récolte. Laissant de facto sur le carreau les quelques 800 producteurs (selon le recensement de 2000) de cacao que compte la province du Woleu-Ntem.

En 2008, lorsque le Gabon accueillait la première réunion officielle de la toute nouvelle Agence des cafés robusta d’Afrique et de Madagascar, instance créée pour promouvoir la production africaine, les autorités entendaient faire savoir qu’il d’autres secteurs pour qui le pays qui compter en dehors du pétrole pour assurer son développement. Lors de cette rencontre, le directeur général de la Caistab avait insisté sur l’importance de la place qu’occupe le café dans les différentes économies des pays membres de l’agence, notamment en matière de réduction de pauvreté dans les zones rurales par le biais des emplois qu’il créé.

La production du café et du cacao avait atteint son niveau record au Gabon dans les années 75 avec 17 000 tonnes. Depuis cette date, elle stagne à 300 tonnes par an, selon les statistiques de la direction générale de l’économie. Déjà déclinante, la production s’est effondrée au début des années 2000, au détriment des industries extractives qui avaient asphyxié la culture du café. Paradoxalement, le café et le cacao apparaissent – grâce aux revenus pétroliers – comme un outil de développement et d’aménagement du territoire. La filière a redonné du travail et procure déjà un revenu aux villageois, sans emploi.

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  1. Erreur de ma part. Excellent article (ou presque). Je voulais mettre 4 étoiles.
    Le travail fait par la CAISTAB commence à donner ses fruits, grâce à l’importante mobilisation de son Directeur qui a su donner des motivations à ses « troupes ».

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