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Braconnage : ce que pensent les Gabonais

Deux jours après l’ouverture des travaux sous régional sur le braconnage organisé par les Ambassades des États-Unis au Gabon et en République centrafricaine, en partenariat avec le gouvernement gabonais et le Département d’État américain, en vue de trouver des voies et des moyens pour lutter contre ce phénomène, les Gabonais estiment qu’il y a beaucoup de chemin à faire pour arriver à y mettre fin.

Si les notions de protection et de promotion de la faune et de la flore sont des expressions désormais connues de tous, très peu sont en effet ceux qui, dans leur quotidien, appliquent un ou deux règles en vue de participer à ce challenge. Or, aujourd’hui, les méfaits du dérèglement climatique sont ressentis par tous.

Au-delà des questions de coopération bilatérale ou multilatérale qui lient les pays ou les nations, l’atelier sous régional de Libreville, consacré à la lutte contre le braconnage est d’abord une œuvre pédagogique car, il ambitionne d’expliquer aux populations l’importance de la disparition d’une espèce sur le fonctionnement de notre écosystème et par conséquent sur notre évolution.

De ce fait, en faisant un détour dans certains marchés à l’instar de ceux de Nkembo dans le 2e arrondissement ou de Nzeng-Ayong dans le 6e, force est de constater que très peu d’attention est accordé à ce séminaire qui «réuni les politiciens pour traiter de ce qu’ils ne maîtrisent pas» répond une marchande de viande de brousse.

Pour cette commerçante, «il faut absolument quelque chose de rentable à court terme pour qu’on puisse cesser de tuer les animaux. Nous avons des enfants scolarisés. Nous avons besoin de les voir réussir aussi et tout ce que Dieu nous a donné, c’est cette forêt où chacun peut trouver son compte. Maintenant, on nous dit de la protéger sans penser à nos familles. Trouvez-moi un travail avec un salaire sérieux et j’arrête de vendre la viande de brousse», a-t-elle déclaré sans ambages.

Un commercial dans une entreprise de la place, natif du sud du Gabon relève quant à lui qu’il est difficile de vivre dans certaines zones reculées du pays, coupées de toutes les réalités de la civilisation. «C’est ce qui fait qu’il est difficile que le braconnage s’arrête», a-t-il dit avant d’expliquer : «imaginez-vous qu’il y a des villages où la voiture ne vient qu’une ou deux fois par deux semaines. Il n’y a pas de boutiques. Pour vivre la population ne se livre qu’à la chasse. Ils ont du mal à croire qu’on leur interdise de vivre de ce que Dieu leur a donné, surtout que ça leur permettait déjà de gagner un peu d’argent.»

Ce point de vue est largement partagé par des gens issus des villages situés dans les confins du pays où le territoire est parfois à plus de 95 % recouvert de végétation. «Pour arriver à changer les gens, il faut qu’ils aient des alternatives. Il faut qu’ils aient des sources de revenus. Le braconnage leur procure ce revenu. Or, on leur demande d’arrêter sans leur proposer autre chose. C’est dommage parce que les politiques décident parfois dans les bureaux sans réellement savoir ce qui se passe sur le terrain», a soutenu un autre natif de la Nyanga.

Pour certains, tant que la misère sévira dans les villages, les braconniers auront toujours du succès au détriment de toutes les lois et règlements établis, surtout lorsqu’on sait que les coûts continuent de grimper sur le marché.

In fine, il est important qu’au-delà des messes supers élitistes dans les hôtels et autres grandes places, des actions de terrain et de proximité soient menées afin de trouver des compromis qui ne laissent pas les plus démunis sur la touche.Un problème récurent que bien des dirigeants politiques ne semblent pas avoir intégré dans leurs calculs…

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