Les chefs d’entreprises membres de la Confédération patronale gabonaise (CPG) se sont retrouvés le lundi 16 septembre 2013 à Libreville, dans le cadre d’un partenariat avec l’Ecole des Hautes études commerciales (HEC) de Paris, pour suivre une conférence portant sur «le rôle des organisations régionales et de l’ONU pour la résolution des conflits en Afrique comme condition aux investissements et au développement durable», animée par Théodore Christakis, professeur de droit international à l’université Grenoble-Alpes et à Sciences-po Paris.
Cette conférence, à laquelle a assisté le président de la CPG, Henri Claude Oyima, de même que le président de la Chambre de commerce du Gabon, Jean-Baptiste Bikalou, entre autres, visant à améliorer les connaissances des membres de cette structure sur un certain nombre de questions pouvant fortement influencer les contextes d’investissement, a permis de s’interroger sur la manière avec laquelle l’Organisation des Nations Unies (ONU) et les organisations africaines œuvrent au règlement des conflits en Afrique, mais aussi d’évaluer les difficultés persistantes.
«L’objectif de cette conférence est de montrer quelles sont les réponses que le plan international et les organisations internationales apportent à ces conflits et comment on agit de concert pour essayer d’apporter des solutions à ces conflits entre l’Organisation des Nations unies, l’Union Africaine qui a affiché un volontarisme dans ce domaine et qui est trop actif dans plusieurs pays africains. Mais il y a encore beaucoup de choses à faire et on essaie sans doute dans cet échange d’identifier les différents problèmes, en essayant d’imaginer comment on pourrait améliorer la capacité opérationnelle des organisations régionales et sous-régionales en Afrique, résoudre les problèmes de financement, les problèmes budgétaires et apporter, finalement, ce que tout le monde souhaite : la stabilité, une condition pour le développement durable et l’investissement», a expliqué Théodore Christakis, le conférencier.
Selon l’intervenant qui officie également comme directeur du Centre d’Etudes sur la sécurité internationale et les coopérations européennes (Cesice), «L’Afrique recèle un immense potentiel de croissance économique que les investisseurs internationaux savent de mieux en mieux apprécier». Cependant, a-t-il relevé, «le décollage économique africain reste fragile et exposé à de grands risques. Sa principale fragilité est liée aux nombreux conflits qui ravagent le continent et à l’instabilité politique qui en découle, véritable frein au développement socio-économique de l’Afrique».
L’intégration économique et régionale africaine, retenues aujourd’hui par les organismes internationaux comme l’une des voies possibles pour le continent de rattraper son retard en matière de commerce international, peinent à véritablement prendre forme du fait de ces conflits dont la gestion est parfois chaotique. Des mécanismes édifiés dans ce sens n’arrivent pas à assurer la paix et la sécurité du continent. Toute chose se présentant comme un préalable pour les investisseurs désireux de s’établir dans un pays. «Certaines crises récentes, tels que les conflits au Mali ou en République Centrafricaine, ont révélé les profondes difficultés auxquelles ces institutions régionales sont confrontées. Le conflit libyen a par ailleurs souligné les importantes dissensions qui peuvent exister entre l’ONU et l’Union Africaine», a expliqué Théodore Christakis.
«Tout l’enjeu est d’établir une coopération très efficace entre l’ONU, l’UA dont la volonté doit être respectée et les organisations sous régionales en Afrique afin d’apporter les solutions aux conflits. En ce qui concerne les investisseurs, les chefs d’entreprises, je pense que c’est très important de leur apporter des réponses rassurantes concernant la stabilité des pays africains qui ont fait beaucoup de progrès en matière de gouvernance, en matière de protection des droits de l’homme, en matière de respect de l’état de droit. Ce sont exactement les clés pour l’investissement. Les entreprises africaines, que ce soient les grandes entreprises ou les PME, doivent aussi être présentes et profiter des appels d’offres pour les contrats de fourniture en ce qui concerne les opérations de maintien de la paix. Il ne faut pas oublier que nous avons huit opérations de maintien de la paix dans les pays africains. Il faut que, dans le cadre de ces appels d’offres, les pays africains soient présents. Par ailleurs, il y a énormément de choses à faire en ce qui concerne la reconstruction des pays, pour rassurer les investisseurs des différents pays, pour les pousser à investir, pour avoir finalement la croissance des pays africains dans la durée avec suffisamment de garanties en matière de stabilité», a-t-il exposé.
La rencontre entre ces promoteurs ou représentants d’entreprises distinctives du pays a ainsi été le lieu d’un échange nourri et de réflexion. Notons que la CPG regroupe plus de 320 membres, reparties en 16 syndicats dans 22 branches d’activités dont une branche du secteur bois qui a mis en place récemment deux fédérations destinées aux PME-PMI. De source proche du ministère de l’Économie, la coalition syndicale contribue à hauteur de 80% au Produit national brut (PNB)