Depuis de nombreux mois, Libreville et Owendo croulent littéralement sous des tas d’immondices. De Nzeng-Ayong à la SNI, il n’est pas un quartier où les habitants ne se plaignent des odeurs et de l’insécurité sanitaire dans laquelle ils vivent sans que cela n’émeuvent le moins du monde les principales autorités en charge de cette question. En vue d’y voir plus clair, le Sénat auditionnera dans les semaines à venir, les maires de Libreville et Owendo.
Décidément, ces derniers mois n’auront pas été de tout repos pour Jean François Ntoutoume Emane. Le maire de Libreville, attaqué de toutes parts, aussi bien par ses «camarades» que par ses adversaires de l’opposition pour son laxisme et sa gestion pour le moins scabreuse de la capitale gabonaise, semble broyer du noir ces derniers temps. Au point que les mauvaises langues murmurent que le maire sortant ne trouve plus le sommeil depuis que le pays tout entier a découvert l’«irresponsabilité» dont le taxait son jeune camarade Alexandre Barro Chambrier, il y a un mois, à l’occasion d’une rencontre politique avec les partisans du Parti démocratique gabonais (PDG). Mais la diatribe du jeune camarade plein d’ambitions avait, semble-t-il, suscité un fort intérêt de la part des parlementaires qui, désormais, souhaitent entendre les explications du responsable sortant de l’Hôtel de ville de Libreville.
En effet, le mercredi 11 septembre dernier, à la faveur d’une double réunion du bureau et de la conférence des présidents du Parlement, en présence du ministre de la Justice, Ida Reteno Assonouet, il a été décidé, entre autres, de convoquer le maire sortant de la commune de Libreville à une audition pendant laquelle celui qui est aujourd’hui attaqué et traité de tous les petits noms d’oiseaux par ses «amis» et ses rivaux, répondra de toutes les accusations qui pèsent sur lui.
Ntoutoume Emane dont l’estime et les chances de recouvrer son poste à la tête de l’Hôtel de ville s’amenuisent au fur et à mesure que les tas d’immondices prennent du volume dans les rues de la capitale, aura donc à entretenir les membres du Sénat sur les raisons de cette insalubrité grandissante dans la ville dont il a la gestion. Mais la présidente du Sénat, Rose Francine Rogombé, présidente de la double réunion s’est dite curieuse d’entendre également les explications de Jeanne Mbagou, mairesse de la commune d’Owendo, sur la même question pour la ville dont elle a la charge.
Ainsi, les deux maires sortants auront à dire au Parlement les raisons qui pourraient justifier que Libreville et sa périphérie soient dans un état aussi dégradant pour l’image du pays. Pour les membres de la Haute Chambre du Parlement, il est question de définir les responsabilités dans cette affaire qui ne manque pas de jeter le discrédit sur l’ensemble des maires des six arrondissements de Libreville. A ce jeu question-réponse dont la date n’a pas été communiquée, plusieurs membres du gouvernement risquent également d’être auditionnés, a annoncé l’Agence gabonaise de presse (AGP). En effet, après l’audition des deux maires, les sénateurs interpelleront les responsables des départements ministériels directement ou indirectement impliqués dans la gestion de la citée. Sont donc susceptibles de passer «à la barre», Jean François Ndongou en qualité de ministre de l’Intérieur, et le Pr Léon Nzouba ministre en charge de la Santé, entre autres.
Connaissant la verve de ces derniers en plus de celle, légendaire, de Jean François Ntoutoume Emane, l’on est déjà certain d’assister à une belle compétition de lancer de patate chaude entre les différentes personnalités vers lesquelles se tourneront les sénateurs.