Le Gabon, qui aspire à devenir un pays émergent à l’horizon 2025, se soucie beaucoup de son image. Il entend ainsi s’approprier toutes les pratiques qui permettent la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption, la gestion saine des finances publiques, le respect des droits de l’homme. L’ambition est noble. Non seulement parce qu’il s’agit de conforter les acquis déjà reconnus au Gabon, comme étant un pays politiquement stable, vivant depuis de longues dates dans un climat de paix et ayant des institutions solides, mais aussi parce qu’il est question, au bout du compte, de créer les conditions idoines pour attirer les investisseurs. L’enjeu, dans cette affaire d’image, c’est finalement le développement. La Coupe d’Afrique des Nations (CAN) de football que le Gabon a co-organisée en janvier dernier avec la Guinée équatoriale, par exemple, s’est révélée, au-delà de la compétition, comme une bonne opération marketing pour le pays, ayant réussi l’organisation de cet évènement sportif, le plus grand à l’échelle du continent.
La CAN Orange 2012, du fait de sa forte médiatisation, a énormément contribué à amplifier la bonne image du Gabon sur la scène internationale. Sans doute, les retombées de ce visage agréable offert par le Gabon à la face du monde ne tarderont pas à se manifester, si elles ne le sont pas déjà. Comme quoi, on ne badine pas avec l’image d’un pays, parce que les effets peuvent être désastreux ou bénéfiques selon ce que ce même pays donne au reste de la planète, en termes de perception. Il n’est donc pas vain de se préoccuper d’améliorer l’attractivité de son pays, par des faits visibles et des pratiques manifestement honorables. L’investissement, si important peut-il être, n’ira pas susciter des royalties à court ou moyen terme.
C’est en cela qu’il faut apprécier à sa juste valeur le récent séminaire organisé à Libreville par l’expert Simon Anholt, un conseiller diplomatique intervenant auprès des gouvernements ayant à cœur d’améliorer la compétitivité de leur pays. Le Premier ministre Raymond Ndong Sima, les membres du gouvernement gabonais et autres hauts fonctionnaires ont été édifiés, à travers des cas pratiques, sur des techniques permettant de mieux projeter l’image du Gabon à l’extérieur. Un exposé où le conférencier s’est employé à montrer ce qui peut faire que l’image d’un pays change positivement ou, au contraire, ne puisse pas évoluer, etc. La démarche obéit à la vision du président de la République d’ériger le Gabon au rang des pays émergents, à l’horizon 2025. Il est important, en effet, que les cadres de la haute administration aient une approche commune des notions d’identité et de réputation. Et le conférencier Simon Anholt n’a pas manqué de le souligner aux membres du gouvernement gabonais. Avec force détails. Aujourd’hui, affirme-t-il, le monde entier forme un seul marché. Les différents pays du monde rivalisent pour créer des événements commerciaux, culturels ou sportifs d’envergure internationale afin d’attirer les investisseurs, et susciter l’attention et le respect des autres gouvernements et des peuples. Pour Simon Anholt, la démarche consistant à comprendre, évaluer et gérer la ‘’marque nationale’’ ou la ‘’marque ville’’ constitue une des tâches essentielles de tout gouvernement ou entreprise responsable, et la valeur de cette marque constitue un avantage concurrentiel. Bref, il serait intéressant pour le Gabon de concevoir et de réfléchir autour des concepts forts et originaux, afin de gagner la compréhension et le soutien des acteurs économiques (notamment) de l’extérieur, dans un contexte de globalisation où la concurrence s’avère rude. Le développement est aussi à ce prix.
Alexis Koumba
