L’Union africaine accuse la CPI de «racisme»

cour-penale-internationaleRéunis lors du sommet de l’Union Africaine (UA), le 27 mai dernier à Addis-Abeba, les chefs d’Etat sont, semble-t-il, tombés d’accord pour fustiger le travail de la Cour pénale internationale (CPI) depuis son entrée en fonction à La Haye en 2003. Dix ans après, l’UA dit avoir le sentiment que l’institution internationale ne s’attaque qu’aux Africains.
Le 10 juillet 2012, l’ancien chef de milice congolais, Thomas Lubanga, est condamné à 14 ans de prison pour son implication dans l’enrôlement d’enfants soldats pendant la guerre civile en Ituri qui aura occasionné mort et destruction dans cette province du nord-est de la RDC, courant 2002-2003 : cet évènement marque de manière officielle la première condamnation de la CPI. Si la suite laisse apparaître une longue liste d’accusés pour la plupart africains, le fait n’a pas échappé à bien de chefs d’Etat et d’hommes politiques issus du continent.

En effet, le gabonais Jean Ping, alors président de la Commission de l’UA s’insurgeait le 29 juin 2012, lors du 17è Sommet des chefs d’Etat de l’UA à Malabo, en Guinée Equatoriale : « On a l’impression que la Cour pénale internationale ne vise que les Africains. Cela signifie-t-il que rien ne se passe par exemple au Pakistan, en Afghanistan, à Gaza, en Tchétchénie ? Ce n’est pas seulement en Afrique qu’il y a des problèmes. Alors pourquoi n’y a-t-il que des Africains qui sont jugés par cette Cour ?». Une question à laquelle auraient bien aimé répondre, en 2013, l’ensemble des chefs d’Etat réunis le 27 mai dernier à Addis-Abeba.

Ainsi, depuis sa création, la CPI a inculpé une trentaine d’individus pour des crimes survenus dans huit pays d’Afrique parmi lesquels la RDC, la Centrafrique, l’Ouganda et notamment le Kenya. Pour le Sommet qui ne conçoit pas que tous les inculpés de la CPI soient des Africains, l’affaire n’a que trop duré. Selon le Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn, président en exercice de l’UA, la CPI «a dégénéré en une sorte de chasse raciale» et «les dirigeants africains ne comprennent pas les poursuites contre les deux chefs de l’exécutif kényan». Aussi, se ralliant à sa cause, le sommet a réclamé le transfert à la justice kényane des poursuites engagées par la CPI contre les président et vice-président kényans, Uhuru Kenyatta et William Ruto, pour crimes contre l’humanité ; une attitude qu’a fortement condamné Fatou Bensouda, la procureure de la CPI, le 28 mai dernier, considérant les critique de l’UA comme une volonté de «protéger les responsables de crimes contre l’humanité».

Selon la procureure de la CPI, les enquêtes ouvertes en RDC, Centrafrique, Mali et Ouganda l’ont été à la demande des Etats concernés, parties au Statut de Rome, fondateur de la CPI, les affaires concernant le Darfour et la Libye (non signataires), quant à elles, l’ont été à la demande du Conseil de sécurité de l’ONU, tandis que le procureur de la CPI s’est autosaisi sur les dossiers kényan et ivoirien : une affaire qui s’annonce donc compliquée entre les deux parties, d’autant plus que l’Union Africaine indique qu’elle va soulever le problème auprès des Nations Unies dans les mois à venir.

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