Addax Petroleum : des gendarmes dans le pétrole à Obangué

Obangue-1Ne tenant pas leurs promesses envers les anciens ouvriers d’Addax Petroluem sur le champ réquisitionné d’Obangué, le ministère du Pétrole et, dans une certaine mesure, Gabon oil company ont envoyé, le 21 juillet, 65 gendarmes les en déloger.

Les ouvriers et le personnel d’encadrement qui continuaient de travailler sur le champ d’Obangué, réquisitionné par le gouvernement gabonais fin 2012, en ont été délogés manu militari, les 21 et 22 juillet dernier. Une situation qui ne vient qu’en rajouter à la tension déjà existante entre le ministère du Pétrole d’Etienne Ngoubou et Addax Petroleum, qui a lancé deux procédures judiciaires contre Libreville et l’auditeur Alex Stewart.

Selon un confrère généralement bien informé, «La Gabon Oil Company (GOC), mise sur pied en 2011 et désormais en charge d’Obangué, peine à s’organiser et à recruter suffisamment de personnel pour faire fonctionner le site. De leur côté, les ex-salariés du périmètre n’ont perçu aucune indemnité de départ de l’Etat alors que ce dernier s’était engagé à leur verser un dédommagement. Ils font entendre leur voix, ouvrant une brèche à Addax Petroleum qui tente de revenir dans le jeu.»

En effet, au terme d’un mouvement d’humeur, le 15 avril 2013, qui avait occasionné la fermeture du champ d’Obangué (85 000 barils/ jour) réquisitionné par le ministère du Pétrole, Etienne Ngoubou, le ministre du Pétrole, qui avait fait le déplacement d’Obangué, avait convié les employés du champ réquisitionné à des négociations à Libreville. Michel Nzoghe, Bertrand Ngoma et Daniel Boutoto qui représentaient les employés d’Obangué ont donc commercé avec Alexandre Tchikaya, directeur de cabinet du ministre, Wenceslas Mamboundou, conseiller stratégique du ministre, et Ghislain Athomo, inspecteur spécial adjoint du secteur pétrolier. Le ministère qui en était à sa 3e réquisition – chacune durant 6 mois -, a reconnu «avoir supprimé, les droits des employés d’Obangué», raconte un agent de maîtrise sur le champ concerné. Il a donc été convenu de rétablir ces droits, «notamment, les salaires et les nombreux avantages acquis avec l’employeur contractuel Addax.» De même, un protocole d’accord a été signé portant sur le payement, à chaque employé réquisitionné, d’un bonus de fin de réquisition.

Mais, les ex-salariés du périmètre attendent depuis le 10 juin et n’ont perçu aucune indemnité de la part de l’Etat. Bien au contraire, le ministre du Pétrole «ne tient aujourd’hui que des propos méprisants et hautains à l’égard des ex-employés réquisitionnés. Mieux encore, ils (le ministre et la direction de la GOC) nous intiment de démissionner d’Addax et de sortir du champ d’Obangué si on ne fait pas ce qu’ils veulent. Nous avons fait savoir, au ministre et à la GOC, que nous sommes contractuellement liés à Addax et nos postes de travail sont à Obangué, donc il n’est pas question de perdre cet acquis», raconte l’agent de maîtrise sus cité.

C’est dans ce contexte que le 21 juillet dernier, M. Essanga, lieutenant de Gendarmerie, et M. Nkounkou, adjudant, sont arrivés pour déloger les «employés d’Addax qui empêchent la GOC de récupérer le site». 65 gendarmes armés constituaient ce commando de déguerpissement. Ils sont suivis, le 22 juillet, de deux hélicoptères de l’Armée de l’air ramenant sur le site les anciens employés d’Addax «qui ont fait allégeance au ministre Ngoubou et à la GOC» ainsi que Victor Moungongo, directeur des opérations de la GOC. Ce beau monde a tenté d’organiser une passation de service qu’ont refusé les anciens travailleurs d’Addax Petroleum. Ce qui a induit leur sortie immédiate d’Obangué, après l’interrogatoire de chacun d’eux par la Gendarmerie. Des embarcations ont été mises à leur disposition et tous les travailleurs, vindicatifs, ont quitté le site d’Obangué. Aucune brutalité n’a été enregistrée. Mais quel avenir pour ces travailleurs ?

«Cette affaire commence à poser de sérieux problèmes au pouvoir d’Ali Bongo : la ligne dure suivie par Etienne Ngoubou est de plus en plus critiquée en privé par certains fonctionnaires et conseillers qui craignent qu’un échec de l’arbitrage à Paris serait catastrophique pour l’attractivité du Gabon», note le confrère généralement bien informé.

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