Quelque chose a changé au pays de HOMELAND. Évanoui dans la nature, recherché par toutes les
polices du globe, Brody est pris en charge à Caracas, au Venezuela, où il s’ennuie ferme en attendant un hypothétique retour aux États-Unis. Sa famille traverse une crise majeure. Carrie, son ancienne maîtresse et ennemie, ne peut évidemment plus compter sur lui. Pire, il semblerait que la jeune femme ne puisse pas non plus s’appuyer sur la bienveillance de son éternel mentor, Saul Berenson. De manière surprenante, ce dernier a dénoncé les agissements de son ancienne protégée devant une commission d’enquête.
En apparence, il ne fait rien pour l’extraire du trou noir dans lequel elle semble plongée. Refusant de prendre ses médicaments (elle est persuadée que le lithium annihilerait ses instincts d’enquêtrice), Carrie la bipolaire passe beaucoup de temps à l’hôpital au cours des premiers épisodes. De la lutte troublante de son héroïne contre – mais aussi tout contre – sa maladie, la série a fait un motif qu’elle approfondit aujourd’hui avec maestria.
Après plusieurs dizaines d’épisodes, l’émotion n’en est que plus forte. Si Carrie avance péniblement dans la vie, plus esseulée que jamais, cela signifie aussi que les couples qui formaient le moteur narratif de HOMELAND depuis ses débuts (Carrie/Brody ainsi que Carrie/Saul) n’ont plus tout à fait la même importance. Au-delà des personnages mis en crise dans leur chair, c’est donc la série elle-même qui a l’audace de se reconstruire au cours de cette troisième saison décidément surprenante. Un pari risqué, mais réussi, puisque le retour des aventures de Carrie Mathison a battu des records d’audience l’automne dernier aux États-Unis. Le premier épisode, « Tin Man Is Down », a attiré les foules… avant d’être dépassé par plusieurs des épisodes suivants. Cette performance apparaît d’autant plus remarquable que l’équipe d’écriture de HOMELAND a eu la tristesse de perdre l’un de ses plus brillants éléments, l’expérimenté Henry Bromell, emporté par une attaque cardiaque en mars 2013.
Barbara Hall (AMY) et James Yoshimura (HOMICIDE) ont ensuite rejoint le staff que l’excellente Meredith Stiehm a retrouvé en fin de saison, après une pause. Profondément adulte et accomplie, HOMELAND devrait nous fasciner encore longtemps.