Les députés «frondeurs» du PDG

Assemblée nationale gabonaiseLe Parti socialiste (PS) français, au pouvoir en France depuis mai 2012, n’a pas le monopole des «députés frondeurs» – ces élus de l’Assemblée nationale qui n’entendent pas être des «godillots», des béni-oui-oui…

Il faut tout de suite le dire : il ne s’agit pas d’un groupe constitué, pas même d’un groupe informel. Il est question de députés qui dénoncent, souvent discrètement, parfois ouvertement en interne, certaines pratiques de l’Exécutif et qui peuvent, de ce fait, être classés comme «frondeurs». Ils n’ont pas leur Christian Paul qui, en France, parmi les députés PS, se considère comme le chef de file des frondeurs. Ils ne se «recrutent» pas parmi les «Généraux» (les membres du Bureau de l’Assemblée nationale), mais plutôt dans «la troupe» (les députés simples). Ils condamnent la propension du gouvernement à apporter à l’Assemblée nationale, des projets de lois souvent mal ficelés, mal élaborés, malgré leur passage au Conseil d’Etat, des projets de lois des finances élaborés à partir de données pas toujours en phase avec la réalité et qui contribuent à asseoir cette crise entre gouvernants et gouvernés.

Parmi eux, se trouvent des compatriotes qui veulent voir les lignes bouger réellement, qui voudraient que l’on tienne compte un peu plus des aspirations des populations et de leur bien-être. Il y a aussi – il est vrai – parmi eux d’anciens ministres débarqués il y a peu de temps et des députés qui, élus depuis bien longtemps, ont toujours rêvé d’un portefeuille au gouvernement. Mais il y a aussi des députés qui n’ont pour seule ambition que de servir le Gabon.

Il y a deux semaines, peu avant la tournée des membres du Bureau de l’institution dans le Moyen-Ogooué, face au ministre du Budget et des Comptes Publics, un député, appuyé par d’autres, s’est écrié : «Dîtes-nous la vérité, Monsieur le ministre, les chiffres que vous avancez sont-ils vrais ?» De telles réactions qui étaient très rares autrefois sont aujourd’hui de plus en plus entendues dans les salles réservées aux auditions des membres du gouvernement. Mêlant courtoisie et franc-parler, ces «frondeurs» sont, un peu malgré eux, les porte-voix des rues qui grondent, des syndicats qui hurlent, des étudiants qui veulent se faire entendre.

En fait, de tout temps, et surtout depuis les années 90, les députés PDG se sont toujours alignés sur les thèses de l’Exécutif par «devoir de solidarité» ou par fidélité et loyauté. Pas de bouderie, pas de sons dissonants, pas de toussotements. Et pour les maintenir dans cet état, quelques billets de banque leur étaient distribués (le groupe PDG était alors dirigé par Léonard Andjembé, puis par Guy Nzouba Ndama), notamment lorsque l’opposition fortement représentée dans l’hémicycle voulait «faire sauter» les gouvernements Oyé Mba. Les députés PDG ont toujours été distingués pour leur discipline, leur sérieux, leur respect des consignes du parti.

Mais, depuis quelque temps, un certain nombre d’entre eux, ainsi qu’indiqué plus haut, font montre d’une certaine exaspération. A l’origine de celle-ci, la situation sociale du pays qui appelle à de profondes réformes. Mais qui, lorsqu’elles sont annoncées, ne vont pas jusqu’au bout. La situation financière du pays également marquée par ces écarts entre les chiffres annoncés et les moyens dégagés… ou non. Mais aussi l’omniprésence du PDG dans l’hémicycle. 114 députés auxquels s’ajoutent les trois députés RPG et l’élu du CLR. Cette écrasante majorité (118 députés sur 120) donne, aussi paradoxal que cela paraisse, envie à certains élus de la majorité de «se faire sentir», parce que trop étouffante, trop étranglante, assommante. Plus ils approchent la fin de leur mandat – dans deux ans et deux mois -, plus ces «frondeurs» montrent leur différence d’approche et d’appréciation. Mais jusques-à-quand ? Auront-ils le courage de franchir le Rubicon en se désolidarisant ouvertement de certaines décisions, comme ont pu le faire d’autres dans cet hémicycle, ou comme l’ont fait, par exemple, Paulette Oyane Ondo et Jean-Christophe Owono Nguéma, alors députés PDG, lorsque le gouvernement avait envoyé à leur examen le texte portant modification de la Constitution en 2011 ?

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