«C’est la faute aux opposants»

Les membres de la Dynamique unitaire, parmi lesquels ceux de la Conasysed, défilant devant la Primature à Libreville. © Facebook/Marcel Libama
Les membres de la Dynamique unitaire, parmi lesquels ceux de la Conasysed, défilant devant la Primature à Libreville. © Facebook/Marcel Libama
Sans doute outrée par les récentes images de policiers chargeant à Port-Gentil des élèves qui marchaient pacifiquement, Ika Rosira pousse un coup de gueule sur l’être politique du Gabonais et sur la nouvelle antienne des défenseurs du pouvoir : «C’est la faute des opposants».

Quand on regarde ces images atroces de violence opposant les forces de l’ordre aux pauvres enfants «des pauvres». Comment ils n’hésitent pas à lâcher des bombes lacrymogènes sur eux, à les tabasser et à les poursuivre comme des chiens errants, on se dit : WHAT THE FUCK !!! Qu’est ce qui ne va pas chez nous ? Quel poison coule en eux, au point de les rendre incapables de réfléchir avant d’agir en chacals ? Qu’est-ce qui fait que ce sont nos petits frères et nos petites sœurs, nos enfants perdus, qui ont le courage de les affronter, de s’insurger, de s’opposer, à cette toute puissante injustice inconcevable ? Cette semaine, Charles Agathon, un internaute Gabonais, a dressé le bilan non exhaustif de ce qui ne va pas chez nous, dans une lettre interminable qui ne parviendra certainement pas au président Ali, avec des mots terre à terre et une douleur perceptible, la douleur même d’un jeune qui a cru en l’émergence, d’un jeune qui a cru en Ali, d’un jeune qui a voté pour lui, d’un jeune qui réalise 6 ans plus tard quelle erreur monumentale ça a été, de le laisser occuper le siège que son père avant lui, a confisqué durant 42 ans.

Dans cette lettre qui s’avère être, une sorte d’analyse socio-économique de la situation, le jeune homme s’étonne que tout ce qui se passe de mal au pays, a pour justificatif: «C’EST LA FAUTE AUX OPPOSANTS !!!». En le lisant, on a l’impression qu’il crie, qu’il slame, qu’il poétise sa douleur: «La santé est en grève ; l’éducation est en grève ; les caisses de l’État sont vides ; les logements sociaux peinent à sortir de terre ; les déboires de Lanlaire ; ceux de Jonas Moulenda ; l’acte de naissance truffé d’incohérence ; les forces de l’ordre qui s’en prennent aux grévistes ; l’avion du président retenu contre sa volonté en France ; la Marina qui tarde à sortir de terre ; le décès de Mboulou Beka ; les problèmes d’eau et d’électricité ; les problèmes d’accessibilité à la fibre optique ; les problèmes de crimes rituels ; les révélations des documents liés à la succession de Bongo père ; les taxes audiovisuelles ; 2 mois sans approvisionnement en carburant et en gaz ; le risque d’invalidation de cette année scolaire ; les incohérences du budget 2013 liés à la construction de 60 nouveaux lycées, de 10 nouveaux internats, d’un collège à Mpaga, de travaux d’extension, de rénovation qui se chiffrent toujours à coup de milliards ; le luxueux parc automobile ; les factures impayés à Guido Santullo ; les habitants qui n’ont pas accès à l’eau potable en plein centre-ville…» Charles Agathon a craqué.

Sans être opposant au système, même en tant que PDGiste fini, même si on est né dans le Parti dit démocratique, de parents PDGistes jusqu’à la moelle et qu’on a tété le sein du Parti… en bon enfant du pays, en digne fils du pays, on est obligé, à un moment donné, d’ôter ses lunettes, ses œillères, ses caches-oreilles pour entendre, voir, comprendre la misère dans laquelle on patauge, dans laquelle, ils pataugent. On a tous cette boule dans la gorge, cette douleur atroce, ce nœud, cette impression maudite que le pire reste à venir, quand on voit leur suffisance, l’aisance avec laquelle ils prétendent que tout va bien que tout ce qui arrive de mal : «C’est la faute aux opposants». On a tous envie de leur dire d’aller… On a tous envie d’hurler à la mort, de pleurer devant Dieu, d’invoquer les saints, les anges, les esprits, les ancêtres, peut importe quoi, on a tous l’impression que cela ne relève plus de notre humanité ou de leur absence d’humanité.

Eukeuuuuuuuuuuuuuuuh !!! Bien sûr qu’on voudrait savoir quels sont ces hommes, ces femmes, visionnaires, de valeurs et bourrés de fibres patriotiques, paternalistes, maternalistes, «fraternalistes», capables d’unir leurs forces, leurs énergies, leurs intelligences et leurs bonnes fortunes pour lutter ensemble contre l’ennemi légendaire de la Patrie gabonaise, de l’État gabonais, du Peuple gabonais : La gouvernance mafieuse instaurée depuis plus de 50 ans. En constatant à quel point il est difficile de nous rassembler pour honorer notre culture et ses ambassadeurs, comme il nous est impossible de nous associer au rêve de quelqu’un d’autre. Comment il nous est même pour la plupart, insupportable de voir, l’un des nôtres, briller. Comment certains de ceux qui grimpent et parviennent à leur summum, s’arrangent pour détruire l’échelle de leur ascension humaine pour que personne d’autre ne jouisse de leurs privilèges. Comment la plupart de ces gens on envie de plonger le reste du monde dans le noir de peur que la lumière fasse place aux ténèbres dans les cœurs qu’ils abrutissent intentionnellement. Comment le gabonais a du mal à aimer son frère gabonais. Un grand maître de notre ère avait recommandé : «tu aimeras ton prochain comme toi-même», et on pourrait bien ajouter : «si tu n’aimes pas ton prochain, c’est que tu ne t’aimes pas toi-même».

Quelqu’un nous a appris cette semaine à faire la différence entre un faux africain et un africain véritable, en définissant les faux africains comme n’étant pas de «gentilles personnes». Comme si par définition, l’africain avait été créé pour faire le bien, pour être solidaire, communautariste, altruiste et respectueux des valeurs purement et simplement africaines. De quoi déduire qu’il y a des vrais gabonais comme il y en a de faux, des gens qui ont simplement cessé d’être gabonais parce qu’ils préfèrent faire passer leurs égoïstes intérêts au dessus de l’intérêt supérieur du peuple gabonais. Il y a des vrais et des faux, des bons et des méchants, que les gens qui ont du cœur, constituent une armée de frères et de sœurs d’âmes pour montrer aux autres qu’un autre Gabon est envisageable. Un Gabon qui donnerait à tous, les chances de «vivre dans l’abondance, de prospérer à tous égards», d’avancer dans la lumière et de rayonner dans le monde.

Reprenons notre pays!!!

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