Alors que le communiqué officiel du tout premier conseil des ministres présidé par Ali Bongo Ondimba a indiqué le rappel à Libreville de Philibert Andzembé, gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC), en vue de son remplacement, cette mesure semble n’avoir pas été entendue par l’intéressé qui campe au poste de gouverneur l’institution financière sous régionale. En cette qualité, il a présidé, le 26 octobre dernier à Douala, une réunion de l’institut d’émission monétaire de l’Afrique Centrale, comme si de rien n’était !
Le 19 octobre dernier à Libreville, le cabinet présidentiel a annoncé que Philibert Andzembé, gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC), était rappelé «en vue de son remplacement». Dans le même communiqué, la présidence de la République gabonaise faisait état de «l’arrestation des fonctionnaires gabonais présumés impliqués et résidant sur le territoire national après les malversations financières provisoirement évaluées à 19 milliards de francs CFA au bureau extérieur à Paris de BEAC».
La décision du gouvernement gabonais de «rappeler» à Libreville Philibert Andzembé en raison de l’enquête liée à ces malversations financières, semble être restée à ce stade décisionnel et prend les allures d’un effet d’annonce.
Selon l’agence de presse camerounaise AGA MEDIAS, Philibert Andzembé a présidé, le 26 octobre dernier à Douala, en sa qualité de Gouverneur de la BEAC, une réunion de l’institut d’émission monétaire de l’Afrique Centrale en lieu et place du vice-gouverneur d’origine congolaise, Rigobert Andely, qui assumait déjà l’intérim du gouverneur au siège de l’institution monétaire sous-régionale à Yaoundé.
Selon la même agence de presse, M. Andzembé affirmerait que le Gabon, son pays d’origine, n’est pas habilité à le démettre de ses fonctions. S’appuyant sur le « consensus de Fort-Lamy », il soutiendrait que son pays n’a que le pouvoir statutaire de proposer le nom du Gouverneur. Seule la conférence des Chefs d’Etat, l’ayant nommé, aurait le pouvoir de le démettre.
Selon « Mutations », un autre journal camerounais, «Philibert Andzembé est présenté comme complice passif dans l’affaire, pour n’avoir commencé à prendre les mesures conservatoires contre les suspects que plusieurs mois après sa prise de fonction en juillet 2007, alors que les faits remontent à 2004, sous le règne de Jean Félix Mamalépot dont la complicité dans ce scandale n’est pas exclue».
Le même journal poursuit : «Dans les habitudes de la Banque, aucun cas de figure ne prévoit le rappel du gouverneur par son pays. Dans la diplomatie, ce terme revêt une mesure conservatoire dans une situation de crise entre des Etats. Visiblement, le gouvernement gabonais a voulu anticiper sur d’éventuelles poursuites judiciaires contre Philibert Andzembé, qui désormais ne jouit d’aucune immunité et peut de ce fait se mettre à la disposition de la justice. En attendant que son limogeage soit entériné par le sommet des chefs d’Etat de la CEMAC annoncé pour le mois de novembre à Bangui, en République centrafricaine».
D’un point de vue purement juridique et du parallélisme des formes, Philibert Andzembé aurait quelques raisons d’attendre le sommet de Bangui, vu qu’il avait été proposé par le défunt président Omar Bongo Ondimba dont le choix avait été entériné par le sommet des chefs d’Etat. Mais, du point de vue de la politique interne du Gabon, ce scandale financier et son traitement «expose Ali Bongo à sa première bourde politico-diplomatique», selon l’expression de l’agence AGA MEDIAS qui poursuit que cela «apparaît d’évidence comme au moins une défiance à l’autorité gouvernementale de son pays d’origine, qui pourtant lui avait sauvé la mise en début d’année après l’éclatement de l’autre gros scandale des placements douteux, passé par pertes et profits alors que sa responsabilité personnelle était bel et bien engagée. Non plus par simple passivité puisqu’on apprend que le gouverneur avait géré ces opérations de placements uniquement avec son directeur chargé des placements, n’informant ni les administrateurs, ni le gouvernement de la BEAC encore moins les Etats-membres actionnaires.»
La presse camerounaise commence donc à s’interroger sur «la valeur des autres mesures dites fortes annoncées sur cette affaire par le Conseil des ministres gabonais». Pourtant, deux cadres de la BEAC ont effectivement été mis aux arrêts, du moins entendus, à Libreville : Armand Brice Ndzamba et Maurice Moutsinga, respectivement comptable du bureau parisien de la BEAC entre février 1994 et début 2009 et directeur central de comptabilité au siège de Yaoundé de 2000 à 2007. Ils sont accusés d’avoir occasionné des tripatouillages relatifs aux détournements survenus au bureau extérieur de la BEAC à Paris.
Le Gabon invite les autres pays membres de la BEAC à «participer activement à la recherche des solutions pour restaurer la sérénité et la crédibilité de la BEAC». Philibert Andzembé, 52 ans, est en poste à Yaoundé depuis le 6 juillet 2007.
Mon Dieu quel gouvernement des tocards?un gouvernement qui maitrise guère les dispositions juridiques en vue du limogage d’un gouverneur de la BEAC. Celà justifie la bêtise que ces français ont imposé au gabonais. néanmoins on peut connaitre les limites de ce barbare! Andzembe t’es un homme et tu connais tes droits!