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Du concret sur les chantiers de l’Émergence

De l’énergie, du bois, du minerai, des usines et des infrastructures diverses ont ponctué la randonnée, du 10 au 13 octobre 2012, sur «la piste des chantiers de l’Émergence», ce voyage de presse qui a permis de constater, de visu, quels investissements publics annoncés ont été réalisés ou démarrés. Il n’y avait nulle part d’éléphant blanc et il n’y avait pas que des annonces. Du concret ? Oui, il y a du concret…

Mais qu’est-ce que donc qu’un éléphant blanc ? L’expression est trop souvent galvaudée au Gabon, même par les dirigeants et leaders d’opinion. Wikipedia, l’encyclopédie libre et collaborative, nous renseigne qu’«un éléphant blanc est une réalisation d’envergure et prestigieuse, souvent d’initiative publique, mais qui s’avère plus coûteuse que bénéfique, et dont l’exploitation ou l’entretien devient un fardeau financier». Voilà qui est fixé et qui est clair.

Durant le voyage de presse dénommé «Les chantiers de l’Émergence», organisé du 10 au 13 octobre 2012 par le service de communication de la Primature et le Comité de communication de la présidence de la République (Cocom), aucun éléphant blanc n’a été aperçu. Si les maquettes et les annonces de projets, par Henri Ohayon de l’ANGT, ont suscité la controverse, on ne saurait pour autant dire que rien de concret n’a été enregistré durant ce voyage de presse. On passera sur les maisons témoin de la cité en construction à Angondjé, bien visibles sur un terrain viabilisé, et sur l’Institut de cancérologie du même quartier, déjà présentés sur Gabonreview.

Le parcours de ce voyage de presse a conduit les journalistes à la Zone économique spéciale (ZES) de Nkok, sur le chantier de construction de l’Hôpital universitaire d’Owendo, à l’usine de transformation de bois de la Société nationale des bois du Gabon (SNBG) et à la Centrale Électrique d’Alénakiri, mais aussi sur le chantier du Grand Poubara et du complexe métallurgique de Moanda.

Zone économique spéciale de Nkok

Chantier pionnier de l’Émergence parce qu’il s’inscrit dans la démarche du président Ali Bongo Ondimba de favoriser la création d’une industrie locale exportant des produits finis et semi-finis à forte valeur ajoutée, la Zone économique spéciale (ZES) de Nkok enregistre déjà 62 investisseurs ayant fait l’acquisition de parcelles et sont prêts à s’implanter. Quelques-unes de ces structures ne vont pas tarder à lancer leurs activités, à l’instar de la Compagnie des bois du Gabon (CBG) ou de l’entreprise de chaudronnerie Soferga dont la production commence en décembre 2012. Selon Théophile Ogandaga, coordonnateur général de cette ZES, la première phase portant sur l’aménagement du site, la mise en place des infrastructures et des services d’électricité et d’eau, est actuellement à 85 % de sa réalisation. La seconde phase qui consiste à la construction des unités de production par les entreprises ayant fait l’acquisition des terrains, a déjà commencé. Le temps nécessaire à l’implantation de ces entreprises pourra s’étaler sur deux ou trois ans.

Un portique monumental, une petite autoroute de 14 km bitumée et éclairée par des lampadaires, une imposante sculpture représentant les trois présidents de l’histoire du Gabon, des ronds points, une infirmerie, de nombreux bâtiments achevés et quelques autres quelques en cours d’achèvement occupent déjà les 400 ha de terrain au terrassement impressionnant.

Hôpital universitaire d’Owendo

Situé non loin de l’Université des Sciences de la Santé et du célèbre Hôpital pédiatrique d’Owendo, la construction de l’Hôpital universitaire d’Owendo est fortement avancée du point de vue du gros œuvre. Démarré en février 2012, le chantier sur lequel s’active l’entreprise autrichienne Vamed, mondialement connue comme spécialiste en construction d’infrastructures hospitalières, sera livré en février 2014.

Cet hôpital qui comprendra un service de consultation externe, trois blocs opératoires, un service d’urgences, un service de radiologie, un laboratoire, une pharmacie et une morgue, est l’un des cinq pools de référence envisagés dans la région de Libreville et Owendo. Erigé sur une surface de 15 450 m², ce complexe de six bâtiments comptera 135 lits, un équipement médical ultramoderne, ainsi qu’un amphithéâtre où seront donnés des cours, au rez-de-chaussée, un espace de rééducation fonctionnelle au 1er étage et deux étages d’hospitalisation. 225 ouvriers s’activent sur ce chantier qui sera terminé fin 2013 pour que commencent, début 2014, les activités de l’Hôpital universitaire d’Owendo, selon les indications de René Claude Igondjou, le chantier du chantier.

Usine de la SNBG

Occupant une superficie de 111 970 m² et situé dans la zone portuaire d’Owendo, le complexe industriel de la Société nationale des bois du Gabon (SNBG), qui compte trois usines, est un autre exemple concret de réalisation qui favorise la transformation locale des matières premières, prônée par le Gabon Industriel.

Opérationnelle depuis le mois de mai 2012, l’usine de tranchage, livre depuis lors ses produits à des entreprises locales et en exporte vers l’Italie. L’usine de sciage, qui fonctionne actuellement à 60% en attendant l’installation d’une deuxième unité de sciage, expédie déjà ses premières productions vers le Vietnam tandis que l’usine de déroulage qui produira du contreplaqué, est en cours d’installation. L’installation de sa première ligne est terminée depuis quelques temps alors que se montent actuellement sa deuxième ligne de production et son unité de pressage.

Longtemps spécialisée dans la commercialisation à l’étranger de l’Okoumé et de l’Ozigo, la SNBG a surfé sur la mesure d’interdiction d’exporter le bois en grume, à partir de 2010, et s’est aussitôt reconvertie en lançant ce projet de complexe industriel, véritable effet de la politique d’émergence du président Ali Bongo. Elle transforme actuellement 500 000 m³ de bois pour produire, au Gabon, des placages tranchés, des avivés, des placages déroulés et très prochainement du contreplaqué.

Centrale électrique d’Alénakiri

«Les infrastructures énergétiques sont et doivent être à la base de notre développement», avait indiqué le président Ali Bongo dans son discours de vœux à la nation, le 31 décembre 2010. A cet effet et pour assurer de manière permanente la distribution de l’électricité à Libreville, l’Etat gabonais a lancé la construction d’une centrale thermique à gaz naturel à Alénékiri dans la zone d’Owendo d’une puissance de 70 MW dont la première phase (35 MW) est terminée. L’énergie produite servira à l’alimentation de la ZES de Nkok et le surplus transféré sur le réseau de la Société d’énergie et d’eau du Gabon pour l’alimentation des nouveaux quartiers de Libreville.

Construite par l’israélien Telemenia qui formait en même temps des ingénieurs et techniciens gabonais à la construction et au fonctionnement d’une centrale thermique, la centrale d’Alénakiri sera entièrement livrée à la mi-décembre 2012.

Barrage du Grand Poubara

Résolument le projet le plus impressionnant visité durant ce voyage de presse, le chantier de construction du barrage hydroélectrique de Grand Poubara, dans le Haut-Ogooué, a été lancé en novembre 2008. Ce chantier de premier plan pour la croissance économique du pays devrait notamment permettre d’alimenter la province en électricité, devenant ainsi un levier important pour le développement des activités économiques. Notamment, pour le fonctionnement du complexe du sillico-manganèse et de manganèse métal en construction à Moanda.

Dès janvier 2013, ce barrage livrera de l’énergie à la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog). Un délai dont on ne saurait douter du fait que plusieurs centaines d’ouvriers y travaillent jour et nuit. L’ouvrage, construit par l’entreprise chinoise adjudicataire, Sinohydro Corporation Ltd, aura 37 mètres de haut avec un réservoir d’une surface totale de 46 km². Dans sa première phase, le barrage produira 160 MW au moyen de quatre turbines de 40 MW chacune puis 280 MW dans sa deuxième phase.

Complexe métallurgique de Moanda

D’un coût de 134 milliards de francs CFA, le complexe métallurgique de Moanda, communément appelé C2M ou CMM, actuellement en construction à Moanda, va ouvrir la voie d’une véritable ère industrielle au Gabon en favorisant la transformation locale du minerais de manganèse.

Sa première cuve cylindrique, de 15 m³, a déjà été posée alors que l’armature de l’usine est monte visiblement à bonne vitesse. Le projet consiste en une usine de sillico-manganèse, d’une capacité de 65 000 tonnes par an et une usine de manganèse métal de 20 000 tonnes par an. Ces unités vont favoriser la création de 400 emplois dont la moitié d’emplois directs.

Aucun de ces projets ne correspond à la définition d’un éléphant blanc, sus indiquée. Alors que les esprits critiques affichent la hantise de projets pharaoniques qui n’aboutiront jamais, sans, peut-être, toujours savoir de quoi il retourne, il est nécessaire de souligner qu’il y avait du concret sur la piste des «chantiers de l’Émergence». Et, au-delà des maquettes qui ont alimenté la controverse et le doute, les journalistes invités à ce voyage de presse ont donc également eu droit à de nombreux projets porteurs, souvent en phase terminale et ayant parfois déjà commencé à fonctionner.

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