spot_imgspot_img

Assassinat d’Amadou Yogno: les présumés coupables changent de version

Paysage_Lambarene_GabonDécidément, l’assassinat du transporteur interburbain camerounais, Amadou Yogno, tué le 21 janvier 2013 près de Ndjolé, est très loin de son dénouement. Le quotidien L’Union a indiqué le 5 mars que «les quatre personnes accusées d’avoir commis ce crime […] soutiennent désormais que l’antenne provinciale de la Police judiciaire (PJ) leur a arraché des aveux par le biais de la torture».

Les choses prennent une autre tournure concernant l’assassinat barbare d’Amadou Yogno, Camerounais de 46 ans tué et dépecé le 21 janvier 2013 près de Ndjolé. Les premiers suspects interpellés et transférés à Lambaréné, Philippe Iloumbou Boussengui alias Koutch (45 ans), Antoine-Médard Ossombi (37 ans) et Émile Tonda (49 ans) nient désormais leur première déposition après que des avocats pour leur défense aient été commis par des âmes aussi bien intentionnées qu’anonymes.

Leurs avocats, dont Me Missou et Me Diop, qui pourraient être rejoints, selon le quotidien L’Union, par Me Issembe, «entendent soulever l’exception de nullité des aveux contenus dans les déclarations de l’enquête préliminaire». Pour eux, «les déclarations faites par les mis en cause sont nulles et non avenues. La PJ leur a arraché des aveux sous la torture. Celle-ci est une violation des droits de l’homme».

Le procureur de la République près le tribunal de première instance de Lambaréné, Juste Ambourouet Ongandaga, bat en brèche, quant à lui, cet argument : «Ce sont des échappatoires. Ils n’ont pas été torturés. En enquête préliminaire, ils étaient constants dans leurs déclarations. C’est un revirement de dernière minute», a-t-il précisé, soulignant que les ecchymoses à leurs poignées étaient dues aux menottes qu’ils portaient.

On n’a effectivement pas l’impression, en regardant un reportage récemment diffusé sur Gabon Télévision, que ces présumés coupables ont été brutalisés. Ce d’autant plus que leur expression, était aussi claire que limpide. L’un d’entre eux avait d’ailleurs brandi devant la caméra son poignet contusionné comme un signe de la brutalité policière. Sans être expert en la matière, quiconque pouvait aisément deviner qu’il ne s’agissait ni plus ni moins que des traces des menottes.

L’autorité judiciaire avait déjà indiqué que des personnalités politiques avaient envoyé dans sa ville des émissaires qui demandaient aux prévenus de produire une autre version des faits. De plus, parce qu’il est établi que le surnommé Koutch, ex-secrétaire départemental du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) de la ville de Booué, est un proche du directeur général de l’Oprag et que Emile Tonda a été le directeur de cabinet de ce DG lorsqu’il était ministre délégué à la Communication, le faisceau de présomption pointait vers ce dernier, mais il se déporte désormais vers une autre autorité, native de la ville de Booué, qui serait à l’Assemblée nationale ou au gouvernement. Ce qui est jugé inconcevable par la plupart des observateurs politiques : on n’imagine mal Koutch et Tonda se mettre si facilement au service de l’adversaire inconditionnel de leur mentor.

En suivant le cheminement qui essaie de les extraire des mailles de la justice, on se demande si les quatre présumés meurtriers d’Amadou Yogno ont été entendus au même moment pour dire la même chose. Quoi qu’il en soit, cette affaire semble avoir des ramifications que n’imaginent même ceux qui veulent tirer les choses au clair. Dans ces conditions, on peut déjà commencer à croire, comme pour d’autres cas de meurtres, crapuleux ou rituels, que celui d’Amadou risque de ne jamais être clarifié et puni.

Exprimez-vous!

spot_imgspot_img

Articles apparentés

spot_imgspot_img

Suivez-nous!

1,877FansJ'aime
133SuiveursSuivre
558AbonnésS'abonner

RÉCENTS ARTICLES