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Remaniement du gouvernement et congrès du PDG

congres-PDGDe nombreux militants ayant pris part au 10e Congrès ordinaire du Parti démocratique gabonais (PDG), les 5, 6 et 7 avril derniers, ont été surpris des décisions de l’après-Congrès. Visiblement influencé par des lobbies, le président du PDG n’a plus suivi l’esprit et la lettre du Congrès pourtant souverain dans la prise des décisions relatives aux instances et aux organes dirigeants du parti. Le premier parti du Gabon est-il voué à l’instabilité et à l’arbitraire ?

La fin du congrès du Parti démocratique gabonais (PDG) avec sa redistribution des cartes, pousse de nombreux titres et analystes indépendants à se demander «à quand le prochain remaniement du gouvernement ?». Certains vont jusqu’à soutenir que le cabinet Ndong Sima va incessamment être démis de ses fonctions. Lubie de la presse ou conséquence du congrès du parti au pouvoir ?

Même si on ne comprend pas par quelle relation de cause à effet le réaménagement du personnel au sein du parti au pouvoir peut avoir une incidence sur le gouvernement, de nombreuses supputations ont été enregistrées, ces derniers jours, dans la presse et auprès de certains observateurs, qui tablent sur un remaniement du gouvernement. Les tenants de cette thèse s’appuient, en effet, sur le fait que le Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) s’est toiletté lors de son 10e congrès ordinaire, tenu du 5 au 7 avril 2013. Ce qui, croit-on, devrait induire un remaniement du gouvernement, alors que cette conséquence ne correspond à aucun mécanisme jusqu’ici observé dans l’histoire politique du Gabon. Les partisans de ce remaniement invoquent également le renvoi, sine die, des élections locales et municipales prévues cette année 2013. Mais, ceci n’explique pas toujours cela.

Pour soutenir cette idée de remaniement, on en vient à tirer le bilan du gouvernement Ndong Sima, très critiqué, comme les précédents d’ailleurs. Et on parle d’inefficacité, de déphasage de l’action gouvernementale avec la vision du président de la République, de l’incapacité du cabinet gouvernemental à répondre de manière efficiente aux préoccupations des Gabonais. Certains titres ont fait rimer tout cela avec le problème de casting auquel faisait allusion, il y a quelques années, le président Ali Bongo Ondimba lui-même.

Mais la plupart des journaux ayant soutenu l’idée de ce remaniement se sont lancés dans l’analyse des actions sectorielles du gouvernement et certains ministères ont été attaqués plus que d’autres. Ce qui amène à penser à quelques règlements de comptes par presse interposée. L’exemple de l’hebdomadaire La Griffe, est à ce sujet fort illustratif des suggestions que fait la presse au président de la République, sur les bons et mauvais éléments du précédent casting. Le satirique déplore qu’un membre du gouvernement peut «voler 20 milliards de dôlès ; faire endosser une année blanche au pays, accompagner le Premier ministre pour aller se battre avec les journalistes ; se transformer en ministre des élections plutôt qu’en ministre de la sécurité dans un contexte d’insécurité liés aux crimes rituels, se transformer en simple ministre de l’Economie et abandonner l’emploi surtout en pleine grève de l’ONEP». Naturellement, on peut là identifier ceux qui, selon le satirique, devraient sortir du gouvernement : Julien Nkoghé Békalé, Séraphin Moundounga, Blaise Louembé, Jean-François Ndongou et Luc Oyoubi. Et, sans les citer, le journal passe la brosse à reluire sur Emmanuel Issozet Ngondet, Léon Nzouba, Magloire Ngambia, Régis Immongault Tatagani, Étienne Ngoubou. Ceux-là constituent «les véritables piliers de l’Emergence. Quant aux autres…» indique La Griffe. Les ministres encensés ne sont pourtant pas tous des cracks et on retrouve, dans cette short-list, 4/5e de personnes connues pour avoir les faveurs du président de la République ou de son directeur de cabinet.

On pourrait également rappeler le journal La Loupe qui indiquait, le 16 avril, qu’on «attend que des têtes tombent […] Parmi les possibles partants, il y a le ministre de l’Intérieur, celui de l’Education nationale, de la Communication, ainsi que celui des ressources hydrauliques», les uns devant quitter le gouvernement pour «leur longévité aggravée, les autres pour leur incompétence notoire. Plus de place pour les ministres délégués». Le quotidien L’Union, s’est livré, le 16 avril également, à exercice un tout petit peu différent : «la logique voudrait que si Ali Bongo Ondimba veut insuffler une nouvelle dynamique à son action, à la tête de l’Etat, dans la perspective des grandes échéances électorales dont la plus capitale est la présidentielle de 2016, il lui faut envisager la mise en place d’un nouveau gouvernement. Celui-ci sera composé d’hommes et de femmes parfaitement sensibles aux principaux objectifs qu’il veut atteindre».

Il y a peut-être un besoin de renouvellement des acteurs, mais le congrès du PDG ne saurait être le déclencheur du remaniement souhaité ou invoqué, sauf pour la presse qui l’a affirmé et s’est lancée dans des supputations en mettant en exergue le bilan de ceux qu’on voudrait voir écartés du gouvernement.

Il n’y a cependant pas de fumée sans feu et cette rumeur de remaniement viendrait, de source sûre, du palais présidentiel qui a mis en branle ses journaux satellites. Libre au président de la République de refaire son casting à trois ans de la fin de son mandat, mais conclure que ce besoin d’une équipe remaniée est la conséquence du dernier congrès du PDG, tient de l’absurde. Un peu avant cette grand-messe, le président a procédé à des nominations surprises, en dehors du conseil des ministres. Ce qui a contribué à entériner l’idée d’un remaniement imminent. On se souvient en effet qu’à la surprise générale, le vendredi 15 et le samedi 16 mars dernier, des décrets présidentiels, portant sur des nominations et des révocations aux allures de sanctions, sont venu chambouler les choses au rectorat de l’Université Omar-Bongo, à la direction du travail, de la main d’œuvre et de l’emploi, à la direction de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et à la Société des patrimoines et des infrastructures numériques (SPIN).

Ce qu’il y a à dire c’est que des rumeurs de remaniement du gouvernement, il y en a eu beaucoup ces derniers temps. On signalait, par exemple, qu’un nouveau gouvernement devait être mis en place le 28 février dernier et qu’il avait finalement été reporté. Sa mise en place devrait cependant intervenir après la validation formelle, par la cour constitutionnelle, du report des élections locales prévues cette année. Le congrès du PDG ne serait donc pour rien si le gouvernement venait à changer. On devrait, vraisemblablement, attendre encore.

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