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Edouard Ogandanga ‘’la vie est sacrée, nul n’a le droit d’ôter la vie de son prochain’’

Edouard-Ogandaga-au-milieuDans une interview accordée au quotidien d’information ‘’l’Union’’, le premier président de la Cour d’appel judiciaire de Libreville, Edouard Ogandaga, s’est longuement appesanti sur le phénomène des crimes rituels. Cette pratique qui depuis plusieurs mois, est le sujet principal de toutes les conversations des gabonais et des gabonaises. Détails :

Question : Bonjour, M. le premier président de la Cour judiciaire de Libreville. Ces derniers temps, on parle de plus en plus de crimes rituels. Qu’entend-on par crimes rituels ?

Edouard Ogandaga : En droit, le crime se définit comme une infraction de droit commun ou politique punie d’une peine criminelle. Et la peine criminelle, c’est la réclusion criminelle à perpétuité, qui est la peine la plus forte, et la réclusion criminelle à temps qui est la peine la plus modérée.

Question : Quel est le regard de la justice face à ce phénomène ?

Edouard Ogandaga : La justice a un regard froid, qui consiste à régler la question conformément à la loi. Ce qui nous amène à revisiter la question du crime dans son entièreté. Et c’est ce qui explique que depuis 2010, un accent particulier a été mis sur l’organisation des sessions criminelles pour permettre à ces compatriotes qui se sont gravement écartés de la loi, d’être régulièrement jugés. Et pour ceux qui sont déclarés coupables d’être sévèrement punis. Donc, c’est le regard froid de la justice face à ce phénomène.

Question : Quelle mesure peut-on envisager ?

Edouard Ogandaga : La justice n’intervient que lorsque le mal est fait. La justice n’assure pas la prévention, et celle-ci est assurée par d’autres départements de l’Etat. En amont, il y a la prévention, et celle qui peut éviter que les crimes ne se commettent. Donc, il y a par exemple, que l’on reprenne les missions jadis exercées par la sécurité mobile, qui consistaient à organiser à travers la ville des patrouilles, de nuit comme de jour, pour sécuriser les personnes et les biens. Nous le disons parce que la crainte du gendarme est le premier élément de sécurité.

La simple présence des gendarmes dans les carrefours, les lieux obscurs et quartiers constitue un élément dissuasif. Il faut donc des mesures d’envergures ; multiplier les contrôles, multiplier les spots publicitaires pour amener les uns et les autres à être de plus en plus vigilants, pour amener les citoyens à aider la justice et les forces de sécurité, en dénonçant les comportements suspects et contraires à la loi qu’ils peuvent observer autour d’eux. Il n’est pas que l’on sache que le voisin fume du chanvre et qu’il ne soit pas dénoncé, car tôt ou tard, il vous agressera un jour. Il faut que la population dénonce. Il faut également des opérations spéciales comme Nguené, qui doivent aller jusque dans les quartiers malfamés. C’est le fait de demeurer silencieux qui donne l’impression que rien ne se fait ou que tout cela est encouragé.

Question : Que fait la justice dès qu’un crime est commis, puisqu’elle n’agit qu’en aval ? Et pensez-vous que l’impact des sessions criminelles suffira pour dissuader les candidats aux crimes ?

Edouard Ogandaga : Dès qu’un crime est commis, la justice se met en branle pour constater sur le terrain avec les OPJ. Et à partir de là, une enquête est ouverte. Cette enquête va permettre de rechercher les auteurs et les preuves. Souvent, les auteurs ne sont pas connus, il faut les rechercher pour savoir qui ils sont. Et lorsque nous arrivons à leur mettre la main dessus, il faudrait qu’une information soit ouverte par le parquet, que le juge d’instruction instruise en respectant toute la procédure et à la fin, si les faits sont constitutifs du crime, que la personne soit renvoyée devant la Cour criminelle.

Le juge d’instruction rend son ordonnance et la transmission des pièces au parquet général qui, lui, rend ses réquisitions pour saisir la chambre d’accusation et celle-ci rend son arrêt de renvoi si les faits sont établis. C’est à partir de là que la Cour siège pour examiner et sanctionner, le cas échéant. Les sessions criminelles qui se tiennent ont un rôle dissuasif, parce qu’avant, on ne savait pas que les criminels étaient jugés, et j’avoue qu’avec la médiatisation des sessions, les uns et les autres commencent à prendre conscience. La société est également rassurée que toute personne, après avoir commis un crime, doit être jugée et condamnée. Donc, les sessions criminelles aujourd’hui sont un élément dissuasif, un élément d’assurance pour la population car, en réalité, aucun crime ne doit rester impuni. L’année dernière, nous avons tenu deux sessions criminelles et, dans quelques temps nous allons repartir.

Question : Quelle est la procédure engagée contre les personnes en détention préventive et déclarées plus tard non coupables ?

Edouard Ogandaga : Le Code de procédure pénale a prévu pour les personnes qui ont longuement été détenues et qu’au bout de cette longue détention, le juge d’instruction arrive à rendre un non lieu, ou après leur passage devant la Cour criminelle, celle-ci arrive à les relaxer. Pour ces personnes qui ont subi un préjudice certain, la loi prévoit qu’elles doivent être indemnisées par l’Etat. Mais ce que je tiens aussi à souligner, c’est que ces personnes ne sont souvent détenues de façon fortuite, c’est à l’issue d’un certain nombre de présomption, d’un ensemble d’éléments à charge qu’on arrive souvent à les retenir aussi longtemps.

Souvent lorsqu’elles sont libérées, ce n’est pas tant parce qu’elles ne sont pas coupables, c’est parce qu’on n’a pas trop suffisamment d’éléments pour les condamner. Et l’Etat a prévu qu’en raison de cette longue détention, elles soient indemnisées. Mais souvent, c’est au cas par cas. Mais pour revenir au cœur de cet échange, je dis souvent que le crime c’est le crime. Qu’il soit commis à des buts fétichistes. C’est le mobile du crime qui est essentiel. Pourquoi tue-t-on ?

Il y en a qui tue pour prélever des organes humains pour avoir de l’ascension sociale, politique ou spirituelle. On tue pour diverses motivations. Mais ce qui nous intéresse, c’est que la vie est sacrée, nul n’a le droit d’ôter la vie de son prochain. C’est Dieu qui donne la vie et c’est Dieu qui doit la reprendre. La bataille que nous devons tous mener, la justice, les forces de sécurité, les populations, les politiques, est que personne n’ôte la vie de personne.

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