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Bavure sur avocat et violence policière gratuite à la PJ

avocatL’avocat stagiaire au barreau gabonais, Me Bérenger Nzé, selon son récit, a passé un sale quart d’heure, le 23 avril 2013, au siège de la Police judiciaire (PJ) où il est venu s’enquérir d’une procédure ayant conduit à la garde à vue de l’un de ses clients alors que l’affaire est déjà en jugement au tribunal.

C’est un jeune avocat en courroux que les reporters de Gabonreview ont rencontré non loin du commandement en chef de la Police nationale. Me Bérenger Nzé, n’en revenait toujours pas de ce qu’il venait de vivre dans les locaux de la PJ.

«Je suis venu à la PJ, sur interpellation de mes clients, pour m’enquérir de la situation de l’une de mes clientes qui a été interpellé dans les locaux de PJ. Je me suis présenté, j’ai présenté ma carte professionnelle aux agents dont je ne connaissais pas les grades. Je les ai salués et j’ai demandé à m’enquérir de la situation de ma cliente qui était là, semble-t-il, depuis le matin. L’agent, un capitaine, dont j’ignore totalement l’identité et le nom, a dit qu’ils agissent sur l’ordre du procureur de la République qui leur a communiqué un Soit-transmis et ils sont en train de l’exécuter. C’est à partir de là que j’ai voulu savoir de quand date ce document parce que j’ai une procédure dans cette affaire qui est pendante devant le tribunal civil. Je trouve un peu inopportun que vienne un Soit-transmis alors qu’une procédure judiciaire est déjà engagée au tribunal. Après cela, j’ai aussi essayé d’expliquer mon dossier. Alors là, s’en est suivi un débordement totalement inadmissible», a expliqué l’avocat.

Me Nzé ajoute que ce débordement est consécutif au fait qu’il a voulu expliquer au policier qu’il y a nécessité d’informer les populations sur les procédures à suivre lorsque qu’il y a des affaires au tribunal ou au commissariat.

«Je lui ai dit : nous devons éduquer et nous devons expliquer sans agresser les gens. Nous devons apprendre à expliquer aux gens la procédure. C’est-à-dire lorsque vous êtes convoqués, vous devez vous présenter personnellement parce que la convocation est personnelle. Même si c’est une affaire qui concerne 30 personnes, tout le monde doit répondre de sa convocation», a-t-il poursuivi en relevant que les policiers «sont auxiliaires de justice […] C’est notre mission, non pas seulement de réprimer, de condamner, mais aussi d’éduquer les populations. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, le procureur de la République a initié les audiences foraines pour être proche des populations et les informer sur les procédures», a-t-il dit.

Au fil de la discussion, le ton est monté et l’avocat relève que le capitaine est devenu agressif sans qu’il ne comprenne trop pourquoi. «Est-ce parce que je lui ai dit que nous devons chercher à éduquer, est-ce parce que je cherchais à comprendre pourquoi ma cliente était là ? Est-ce parce que je lui ai dit que le monsieur qui m’a accompagné, même s’il est dans cette affaire, n’a pas été convoqué pour ce jour et qu’il devra être entendu demain ?», se demande-il.

L’avocat estime qu’il ne s’agit pas d’une affaire de personne. Toujours est-il que l’affaire a fini par ameuter tout le bâtiment abritant les services de la PJ. Il a été chassé, selon ses propos, du bureau dans lequel il était. Voulant rencontrer un supérieur de cet agent, il s’est rendu à l’étage supérieur, en vain. Et revenant, la personne qui l’avait accompagnée avait été mise en garde à vue. Essayant de comprendre ce qui se passait encore, Me Nzé relève que cette fois, il a été violement bousculé, des deux mains, par ce capitaine qui a appelé ses subalternes pour venir le faire sortir du bâtiment. C’est presque les quatre fers en l’air qu’il s’est retrouvé au portillon de cette direction où il estime ne pas comprendre l’origine de cette colère. En face, voulant faire état de la situation au commandant en chef des forces de polices nationale, on lui dira que l’heure était déjà avancée.

Il s’est donc résolu à appeler le procureur de la République à qui il a présenté les faits. Cette dernière lui a promis de lui envoyer un magistrat afin qu’il vienne s’enquérir de la situation. Au moment où il quittait les lieux aux alentours de 18h30, ce magistrat n’était toujours pas arrivé.

«J’ai peur. Sincèrement, j’ai peur. Vous pouvez imaginer. Si on peut faire ça à un avocat dans l’exercice de ses fonctions, imaginez-vous un pauvre justiciable. C’est inadmissible dans un pays de droit. Je ne suis pas venu me balader dans la PJ. Je suis venu travailler. Ça, ce sont des abus. Je pense qu’on ne peut pas continuer comme ça. On ne peut pas continuer à accepter, à faire la loi de l’Omerta, la loi du silence. J’en ai ras-le-bol de ces agents qui pensent qu’ils sont au-dessus de la loi. Je lui ai dit que nous sommes tous assujettis à la loi et que nous n’avons pas le droit de ne pas respecter la loi», a-t-il conclu.

Ayant quitté les lieux sans rencontrer le magistrat qui devrait certainement mieux éclaircir cette affaire, l’avocat stagiaire n’en démord pas pour autant. Il a indiqué qu’il portera plainte pour que cet agent se rende compte de cet abus.

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