Alors que la brigade des mœurs de la Police judiciaire (PJ) gabonaise multiplie, depuis de nombreuses années, des opérations visant à «nettoyer» les rues de Libreville de ce qui est, pour les bien-pensants, une aberration, si ce n’est l’un des plus grands péchés, la France, par l’entremise de l’Agence française de développement (AFD), a affiché un humanisme certain pour les professionnels du sexe au Gabon. Ce, en effectuant une donation pour le moins spéciale, au bénéfice de ces individus «hors du commun».
Vendredi 13 septembre dernier, le ministre gabonais de la Santé, le Pr Léon Nzouba, en marge des sept ambulances à usage public qu’il réceptionnait de l’Agence française de développement (AFD), a également reçu une bien curieuse dotation. À usage strictement personnel, le don était constitué de plusieurs kits destinés aux prostitués officiant sur le territoire national, principalement à Libreville et Owendo. Remis en mains propres au ministre gabonais de la Santé par Jean François Desmazières, l’ambassadeur de France au Gabon, la dotation comprenait 400 petits lots, composés chacun d’outils nécessaires à l’hygiène et à la protection des professionnels du sexe.
Plus précisément, chacun de ces kits était composé d’une trousse pour la toilette intime, un savon antiseptique, des préservatifs masculins et féminins, d’un gel lubrifiant, des draps de bain et d’un ensemble de prospectus visant la sensibilisation des «heureux» récipiendaires sur les risques de leur métier. Chiffrée à 17 393 254 francs CFA, le montant de cette bonne action pourrait étonner plus d’un, alors que l’AFD ne s’est pas limitée aux seuls professionnels du sexe. Son programme comporte également des séances de rencontre avec ces derniers. Il est surtout question d’alléger les difficultés de ces «fonctionnaires» hors-normes, en dotant 100 enfants de leurs enfants d’un kit scolaire pour la prochaine rentrée. Les pratiquantes du plus vieux métier du monde ont très souvent du mal à travailler, subissant depuis des années la chasse des agents de la PJ. Pour exemple, dans la nuit du 20 au 21 juillet 2013, trente-deux prostituées avaient été mises aux arrêts à Libreville.
D’un autre côté, l’appui de la France en faveur des prostitués vivant au Gabon, s’est étendu sur une étude de l’AFD visant à recenser les organisations gabonaises qui travaillent à la sensibilisation des professionnels du sexe dans le pays quant aux dangers, et notamment aux maladies et infections sexuellement transmissibles que ces derniers côtoient chaque jour dans leur activité. Si l’Agence n’a pas rencontré d’organisation officiellement inscrite dans cette question, c’est qu’en République, il est des pratiques prisées qui n’aiment pas le bruit. Bien que plusieurs personnes aient recours à leurs services, personne n’ose leur venir en aide officiellement, soit par un véritable programme de reconversion, soit par leur intégration ou leur suivi en tant que profession simplement.



