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Tales of Jeanne Ebori

jeanne-ebori-1Rivière souterraine, tourbillons furtifs, volumineux serpent de type inconnu, nécessité de cérémonie rituelle Mpongwè, fromager contourné pour des raisons métaphysiques, la zone de l’ancien hôpital Jeanne Ebori qui sera dynamité ce dimanche 27 octobre après l’échec de la première option, grouille d’histoires fantastiques. Petit ramassis des contes de Jeanne Ebori ; «Tales of Jeanne Ebori», aurait écrit Edgard Allan Poe.

Désamianté dès mars 2013 et vouée ensuite au dynamitage, l’immeuble ayant abrité la Fondation Jeanne Ebori aura donné du fil à retorde à l’entreprise Entraco, chargée de sa démolition. Dans le milieu du BTP gabonais, nombreux se sont demandés pourquoi ce marché de démolition a échu à Entraco, l’entreprise n’étant pas connue pour avoir un savoir-faire dans ce domaine. La démolition d’un bâtiment, selon les spécialistes, répond en effet à un certain nombre de critères et nécessite un savoir-faire éprouvé que n’a certainement pas Entraco. A moins qu’elle ne se soit attaché, en dernier recours, les services de quelques spécialistes venus de l’étranger.

La résistance de la vieille dame

Pour la démolition de Jeanne Ebori, Entraco avait d’abord choisi une méthode pour le moins inédite, consistant à créer un amas de gravats sur lequel devait grimper un engin muni d’une pince de démolition. Dans l’usage et à travers le monde cette méthode n’est utilisée que pour les immeubles à faible hauteur. Trop haute sans doute, Jeanne Ebori, la vieille dame qui toise l’entrée du quartier Louis depuis 25 ans, a fait échec à cette méthode : l’engin à pelle de démolition est tombé de son monticule de gravats, il y a un mois environ, et le conducteur de l’engin n’a eu la vie sauve que parce qu’il avait pu s’en extirper à temps. Une perte évaluée à plusieurs centaines de millions.

Entraco a donc décidé de passer à une autre méthode, dite de «basculement sécurisé à l’aide des explosifs». Ce dynamitage sera effectué ce dimanche 27 octobre à 11 heures. Le voisinage qui avait déjà souffert, durant de longues semaines, de la poussière, du bruit et des tremblements du sol au passage des engins avec des maisons qui se fissurent, craignent que cette opération ne débouche sur un désastre. Les autochtones du quartier Louis où se trouve l’immeuble à démolir assurent d’ailleurs qu’il a été construit sur un ancien marécage qui fut rempli de remblais tandis que, sous l’immeuble, coule une rivière souterraine qui se déverse au pont Deemin. Les spécialistes indiquent qu’une démolition de ce type ne peut être entreprise sans études spécifiques préalables. Entraco y a-t-elle procédé, en moins d’un mois ? On ne saurait y répondre, le chantier étant fermé aux curieux et ses travailleurs assurant ne pas être obligés de répondre aux questions.

Mythes et métaphysique sur le chantier de la Marina du Port-Môle

En face du chantier de démolition de Jeanne Ebori, les Chinois de la CHEC (China Harbour Engineering Company Ltd.) s’attèlent au déploiement du matériel devant permettre le dragage du fond de l’Estuaire du Komo. Il est question ici de gagner 604 mètres sur la mer pour une largeur sur la berge de 1250 m. Le gain de terrain sur la mer abritera le projet de marina autour du Port-Môle de Libreville.

Là, derrière la palissade de chantier construite autour du stade situé en face de l’ancien hôpital Jeanne Ebori, des histoires fantastiques se racontent. Des ouvriers assurent y avoir vu, de nombreuses fois, un volumineux serpent multicolore qui disparait dans les eaux salée de la mer ou au pied de l’énorme fromager visible sur les lieux et d’ailleurs contourné par la palissade de chantier. Pourtant photographié à l’aide des téléphones portables, le serpent n’apparait nulle part sur les prises de vue. Hallucination ou mondes parallèles en rencontre furtive ?

Toujours est-il que pour expliquer le contournement de ce grand arbre, il se raconte qu’il y a, là autour du géant arbre à cime brisée, un sanctuaire abritant les égrégores ancestraux des Mpongwè, ethnie autochtone de Libreville fortement implantée au quartier Louis. Les travaux de dragage et pompage ne sauraient commencer, assure-t-on à la ronde, si une cérémonie traditionnelle n’y est pas d’abord organisée. «Les Myènè devaient organiser leur cérémonie rituelle autour de ce fromager, le week-end dernier [18-20 octobre]. Ils ont dit à nos dirigeants que si on abattait ce fromager et s’ils ne faisaient pas leur rite avant, le chantier allait enregistrer un nombre de morts incroyable. On est obligé de les croire quand on se souvient de l’accident mortel qui avait eu lieu lors de la course de bateaux formule 1», soutient un Gabonais, agent de sécurité sur le chantier.

D’autres histoires se racontent autour de ce chantier qui font état d’un mystérieux tourbillon furtif que rien n’explique sous le pont Deemin. Que faut-il penser de cette multitude de témoignages concordants ? En tout cas, la science et la technologie rencontrent là les présupposés métaphysiques des peuples autochtones. Tout le monde, dans le quartier, assure que la cérémonie rituelle Mpongwè va incessamment être organisée. Mais, que réserve donc aux riverains, le dynamitage de la Fondation Jeanne Ebori ce dimanche à 11 heures ? Tous osent croire qu’Entraco a la pleine mesure de son opération. Chiche !

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