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Gabon: Haut-Ogooué/La présentation des objets d'art,une hypocrisie organisée

La présentation des objets d’art par les élèves des classes de CM2 (5e année), lors des épreuves pratiques du certificat d’études primaires ressemble beaucoup plus à une hypocrisie organisée qu’à une réalité pratique ou une restitution de leur réel savoir-faire, a constaté un journaliste de l’AGP.

Quand arrive le jour, tous les élèves défilent avec une miniature d’un objet quelconque ayant attiré l’attention de chacun, un met délicieux, un tailleur, etc.

Visiblement ou logiquement, l’objet, le plat ou autre serait l’oeuvre du candidat. Mais en réalité non et les examinateurs le savent.

Curieusement, des notes, défiant toute compétence, sont attribuées à ces candidats pour enfoncer leur talent, de toute évidence.

Comment peut-on expliquer qu’un enfant qui n’a pas pu avoir 8/10e en dessin libre durant l’année en classe puisse présenter un objet d’art qui ressemble pour ainsi dire à la réalité ?

Sachant que les cours de dessin et autres arts ne sont inscrits dans les emplois du temps que pour un flou pédagogique, vu le moins de crédit qu’on y témoigne et le manque de sérieux avec lequel les enseignants diffusent ces enseignements, on peut émettre de grands doutes.

D’ailleurs les enseignants ne demandent aux enfants de dessiner que lorsqu’ils veulent bénéficier d’un temps libre pour se reposer, causer ou passer un coup de fil aux heures de travail ou quelques fois quand ils veulent les pousser à se taire.

Combien d’élèves sont revenus à la maison avec une dizaine de cours de dessin annuels dans leurs cahiers ?

En réalité, cahiers de CEP, objets d’arts et autres sont l’oeuvre des parents ou de certains artistes professionnels ou en herbes contactés dans les quartiers moyennant une pige.

Comment penser qu’une gamine de 12 ans puisse concocter un plat aussi délicieux que celui qui flatte la plupart des examinateurs, alors que leurs aînées de 17 à 25 ans au moins clament chaque jour qu’elles ne savent pas faire la cuisine ?

Dernièrement, à Franceville, un élève est apparu avec un banc, correctement confectionné avec de l’okoumé bien lissé. L’examinateur s’est laissé emporter par la beauté de l’ouvrage d’art et lui a donné l’une des meilleures notes.

Mais était-ce l’enfant qui était noté ou son menuisier ? A supposer que ce soit l’enfant. Comment quelqu’un qui a eu du mal à utiliser son équerre et sa règle graduée en classe aurait-il pu utiliser les outils à peu près similaires à ceux du menuisier pour confectionner une oeuvre d’une aussi grande qualité ?

Il faut raboter le bois pour le rendre lisse, il faut utiliser avec intelligence pour découper le bois selon des mesures précises et il faut être assez dextre pour joindre les pièces avec des pointes au moyen d’un marteau.

Ces choses ne s’apprennent pas à l’école élémentaire et dénonce un jeu qui contribue tranquillement à compromettre le talent artistique du gabonais sous l’oeil complice du ministère de tutelle.

Certains examinateurs sont d’ailleurs très enchantés de décorer leur maisonnée avec quelques unes de ces oeuvres qu’ils présentent aux visiteurs comme étant les fruits du génie de leurs anciens élèves.

Il est possible que cette réflexion soit controuvée ou diffamatoire. Mais comment expliquer que l’Ecole nationale d’arts et manufacture ne soit pas aussi convoitée que d’autres secteurs d’activités de la Nation ?

La situation décrite est la même pour les cahiers de marceaux choisis ou cahiers de CEP. En réalité, les enfants ne font que le choix de leurs morceaux mais pas le reste.

Des décorateurs passent par là. Quand le mois d’avril va à son terme, ils se frottent les mains parce qu’ils ont fini de ficeler des contrats de réalisation des cahiers de CEP avec les écoles.

Un apprenant appelle de Libreville sa mère vivant au village Doumaye (120 Km au Sud de Franceville, après Boumango) pour lui demander de se dépêcher avec son cahier de CEP parce que le directeur voudrait vérifier si le travail avance.

Pour l’amour de son fils, le premier, la mère dépense 2 000 Fcfa pour se rendre à Franceville afin de s’assurer le décorateur a fini le travail qui lui a été confié.

 »Il faut faire vite, ma soeur voyage vendredi soir. Il faut que le cahier de l’enfant parte avec elle sinon je ne pourrai plus le lui envoyer », ordonna Cathy au décorateur.

Finalement, qui est évalué entre l’enfant, les parents et les artistes ?

Une réflexion doit être menée pour rendre à cet examen ses lettres de noblesse et sa valeur, car le CEP restera pour longtemps encore un diplôme d’Etat, pense-t-on.

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