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Les populations font pression pour la délocalisation d’une manufacture de tabac à Libreville

Les riverains de l’usine de la Société des cigarettes du Gabon (SOCIGA) à Libreville font pression pour obtenir la délocalisation de cette manufacture qui a donné son nom à un des quartiers populaires du 2ème arrondissement de la capitale gabonaise.

« Depuis qu’ils se sont installés ici, j’ai mal à la poitrine et je n’arrête pas de tousser », s’est plaint une femme âgée de 77 ans. « Ici, tout le monde tousse, même les nouveau-nés », a-t-elle affirmé.

Samedi dernier, l’Organisation non gouvernementale (ONG) « Agir pour le Gabon » du Dr Alphonse Louma a organisé, devant le siège de la SOCIGA au quartier éponyme, un sit-in, dans le cadre d’une campagne de proximité destinée à obtenir la délocalisation de la manufacture de cigarettes.

« La cigarette est un poison. Elle contient la nicotine et plusieurs autres substances nocives », a expliqué le Dr Louma, un pharmacien devenu, depuis plusieurs années, une véritable icône nationale de la lutte contre le tabagisme et l’alcoolisme, deux fléaux dont il veut débarrasser le Gabon.

Le maire du 2ème arrondissement, M. Eugène Mba, appréhende la délocalisation avec lucidité. « Il en résulterait inévitablement un manque à gagner pour le budget de l’Etat », a-t-il dit, au cours d’un entretien téléphonique.

En 2008, la SOCIGA a enregistré un bilan positif, avec un chiffre d’affaire de l’ordre de 15 milliards de FCFA, en hausse de 3% par rapport à celui l’année précédente.

« Le problème, c’est que lorsque SOCIGA s’est implantée, en 1972, la zone était encore une broussaille. C’est la ville qui s’est agrandie un peu vite. D’où les problèmes qui se posent aujourd’hui », a expliqué M. Mba.

« Libreville est devenue en quelque sorte le pôle régional de la SOCIGA, une filiale du groupe anglo-saxon Imperial Tobaco », a-t-il dit, ajoutant que l’usine du Gabon dessert les autres pays membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) : Cameroun, Centrafrique, Congo, Guinée-Equatoriale, Tchad.

« A force d’être harcelés, ils (les responsables de la SOCIGA) vont bien finir par s’en aller », a déclaré M. Mba.

Sollicitée par la mairie du 2ème arrondissement pour réaliser des investissements de proximité, notamment le pavage des routes, en guise de compensation, la SOCIGA a donné son accord total.

Selon le maire du 2ème arrondissement, l’opération tarde à démarrer à cause des atermoiements de la PME contactée par la mairie pour exécuter les travaux préliminaires de métrage.

Les responsables de la SOCIGA ont déjà eu à inviter le maire du 2ème arrondissement à la direction de l’entreprise pour lui faire constater les efforts qu’ils déploient en matière de protection de l’environnement.

Dans la province du Haut-Ogooué (sud-est), la SOCIGA est en train d’implanter à Léconi un centre expérimental des cultures de manioc qui bénéficiera de son appui technique, preuve de son implication dans le développement économique national.

Le centre devrait permettre d’étudier les méthodes de culture et les différentes sortes de manioc, afin d’accroitre les rendements des agriculteurs locaux et la qualité des productions, indique-t-on.

« Au stade actuel de son développement, le Gabon n’a pas besoin d’une usine de cigarettes », a déclaré un enseignant d’économie de l’Université Omar Bongo de Libreville.

Très peu d’arguments plaident en effet en faveur de la SOCIGA. En raison d’une très forte mécanisation, l’entreprise ne se sert aujourd’hui que d’une quarantaine de personnes et ne peut donc utiliser à son avantage l’argument de l’emploi.

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