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Déclaration de la société civile gabonaise: L’avenir du Gabon repose fondamentalement sur la démocratie

Suite à l’auto-proclamation et à la prestation de serment de Monsieur André Mba Obame, en qualité de Chef de l’Etat, les climats politiques et sécuritaires se sont fortement détériorés au Gabon.
Cette manifestation aurait pu être un non événement si le gouvernement issu de la victoire d’Ali Bongo Ondimba, reconnue par la communauté internationale, n’avait traité le contentieux électoral consécutif à l’élection de 2009 avec une réaction immédiate, musclée et disproportionnée dans la répression de ses adversaires politiques.

Au-delà des agissements anti-démocratiques des différents acteurs politiques, la préservation de l’unité des fils de cette Nation impose à la société civile de rechercher continuellement le bien commun par l’exaltation des valeurs cardinales que sont l’amour du prochain, la cohésion sociale dans le pluralisme, le respect de la dignité et de l’intégrité de la personne humaine, la justice, la vérité et l’équité.

Nous devons, en revanche, lutter avec toutes nos énergies contre les forces d’inertie et contre les forces d’oppression qui prônent le repli identitaire et alimentent la division ethnolinguistique à des fins de politique politicienne, au risque d’entraîner notre pays dans le chaos et la désolation.
Dans ce contexte difficile, la société civile, émanation des forces vives de la Nation, porte-voix des populations, appelle à un sursaut républicain et démocratique, pour que cessent les hostilités et les animosités politiques entre frères et sœurs de notre Nation.

Nous ne voulons pas d’affrontements et de déstabilisation du Gabon. Nous rejetons les appels à la haine et au divisionnisme. Nous voulons vivre ensemble et bénéficier des richesses de notre pays.

Malheureusement, nous constatons avec désolation la restriction inquiétante et grave des libertés syndicales et associatives :

– Dissolution de l’Union Nationale, l’un des principaux partis de l’opposition ;
– Suspension de la principale chaine de télévision privée du Gabon TV+ ;
– Interdiction des marches pacifiques ;
– Interdiction de l’ensemble des modes de diffusion de l ‘ actualité politique ;
– Manipulation de l’opinion par la voie des medias de l’Etat
– -Chantage et intimidation des journalistes qui couvrent les activités de l’opposition ;
– Utilisation abusive et illégale des forces de sécurité pour réprimer et violenter leur propre population, les forces de sécurité se comportant comme des forces d’occupation.

Ces actes sont pour nous inacceptables dans un système démocratique et contraires aux conventions internationales signées par le Gabon notamment le Pacte International sur les Droits civiques et politiques, la Convention de l’Union Africaine sur la démocratie et les élections qui constituent des outils essentiels pour asseoir une meilleure gouvernance démocratique.

Il nous a aussi été rapportées des violations des droits de l’homme particulièrement des arrestations arbitraires comme celles de madame JOKTANE, arrêtée pour le simple fait d’être l’épouse du Révérend MIKE JOTTANE ,proche collaborateur de Monsieur André MBA OBAME, de monsieur Nguema Eba Jean-François est arrêté nuitamment dans son village à Mitzic alors qu’il visionnait le CD relatif à la prestation de serment de monsieur d’Andre Mba Obame.

Monsieur Obiang Ndong Paul fut également arrêté pour les mêmes mobiles, Monsieur Christian NGONDJOUT a par ailleurs été arrêté pour avoir protesté contre la l’arrestation arbitraire de madame JOKTANE. Des tortures systématiques à l’encontre des manifestants arrêtées, la violation des franchises diplomatiques, la privation de traitement pour les citoyens détenus malades, la suspension de salaires et la radiation de la fonction publique des fonctionnaires proches de l’opposition ou supposés de l’être qui sont systématiquement relevés de leurs fonctions sans nouvelles affectations sont entre autres violations qui nous ont été rapportées.

L’avenir du Gabon repose fondamentalement sur la démocratie. Une vraie démocratie dans laquelle le peuple souverain exerce le plein contrôle de ses institutions. Et donc, une démocratie qui repose sur des institutions fiables et équilibrées dans leurs rôles de contre-pouvoirs, dans lesquelles se reconnaîtrait le peuple souverain. Une démocratie qui devra, par conséquent, se fonder sur un système électoral transparent, fiable, juste et équitable, reflétant et respectant le choix de la majorité absolue des citoyens.

Il nous appartient donc de rechercher des solutions permettant de ramener une paix durable reposant sur un consensus collectif sans lequel aucun progrès d’aucune sorte n’est possible.
Propositions de sortie de crise :

1-En tant que citoyens, nous appelons à la tenue d’un dialogue démocratique national incluant l’ensemble des forces politiques et la société civile sous les auspices de Monseigneur l’Archevêque de Libreville, avec l’implication des autres confessions religieuses chrétiennes, musulmanes et les traditionnalistes. 2- Nous appelons à la mise en place d’une Commission Vérité et Réconciliation afin de réunifier durablement les Gabonais et de guérir les blessures intérieures, ainsi que la rancœur qui habitent les Gabonais victimes de la corruption et de graves injustices sociales.

Ce dialogue devra se tenir au Gabon par des Gabonais. Les solutions à nos problèmes doivent être trouvées au Gabon par des Gabonais. Nous avons le potentiel nécessaire pour consolider nos acquis démocratiques. Nous devons parler, discuter de ce qui nous divise et trouver les réponses appropriées. Nous avons l’obligation de préserver les valeurs d’union, de justice, de paix et de fraternité que nous ont léguées les pères fondateurs de notre Nation.

Nous lançons un appel au Président de la République, Chef de l’Etat.
Monsieur le Président,
Acceptez la contradiction. Levez votre âme vers les hauteurs de la sagesse et du dépassement. Montrez- vous grand !
Ne soyez pas le chef qui frappe pour affirmer son pouvoir, mais le leader qui unit la Nation pour laisser à la postérité l’image d’un grand homme.

Ne suivez pas ceux qui vous poussent dans le choix suicidaire d’une répression aveugle dont les conséquences peuvent se retourner contre vous et qui, au crépuscule, vous trahiront.
Ne faites pas de vos opposants des martyrs de la démocratie.

Refusez la confrontation et l’extrémisme, deux choix sans issues.

Refusez que le Gabon, au moment où vous venez de commencer votre magistère, devienne un des derniers pays en régression, car on y viole encore les libertés démocratiques. Acceptez d’ouvrir un dialogue constructif et dans l’intérêt du pays et pour que ses institutions méritent que le peuple les respecte, libérez toutes les personnes incarcérées arbitrairement. Faites rentrez vos soldats dans les casernes
Le Gabon est notre héritage commun. Nous sommes une communauté dont le destin est partagé. Aussi la société civile s’engage-t-elle, devant la Nation et devant l’Histoire, à accompagner, de façon impartiale, ce processus de pacification.

Fait à Libreville, le 04 février 2011

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