Comme si son état de santé actuel n’en dit pas déjà assez pour comprendre qu’il est plus qu’urgent de statuer sur son sort, le sénateur du Komo-Kango, Gabriel Eyeghe Ekomie a été trimbalé sur un brancard, dans l’après-midi du 11 septembre, entre le Centre hospitalier universitaire de Libreville (Chul) où il est interné depuis un mois et demi, et le palais de Justice de Libreville. Il était question de l’auditionner.
Au regard de ce qui se produit autour du dossier du sénateur du Komo-Kango, Gabriel Eyeghe Ekomie, accusé d’être le commanditaire du crime d’une fillette de 12 ans avec prélèvement d’organes, l’on est tenté de parler d’«affaire de toutes les surprises», tant elle est loin de tarir en ricochets. Après s’être fait extorquer 2,5 millions francs CFA contre une présupposée libération de prison par le biais d’un sortilège, et menacer de se suicider devant ses femmes si on le ramenait à la prison de «Sans famille», l’homme a été l’objet d’une troublante «mise en scène», le 11 septembre.
Ce jour-là, Gabriel Eyeghe Ekomie devait être auditionné par le juge chargé de l’instruction de son dossier. Un avis a été envoyé par le juge au conseil de l’inculpé annonçant cette audition. Cependant, compte tenu de l’état de santé du présumé commanditaire de crime, actuellement interné au CHUL, le juge n’avait pas encore décidé du lieu de l’audition puisque la loi lui permet d’interroger le détenu sur place, à l’hôpital. Aucune consigne n’avait donc été donnée aux responsables de la prison.
Contre toute attente, alors qu’aucun ordre d’extraction n’a été envoyé, le sénateur du Komo-Kango, a été transporté au Palais de justice de Libreville sur un brancard par le SAMU, en violation de la procédure.
Selon une source proche du dossier qui a souhaité garder l’anonymat, le juge, qui d’ailleurs se trouvait dans un autre bureau, a été appelé d’urgence par les agents de sécurité de son service, lui disant que le sénateur se trouvait devant sa porte. À son arrivée, il a interrogé l’agent de la prison centrale qui accompagnait le détenu, sur la présence de ce dernier au palais de justice et lui demandant de lui fournir l’ordre d’extraction qui, normalement, commande la présence d’un détenu au palais de justice. L’agent aurait été incapable de lui répondre. Le juge a également interrogé le détenu lui-même et n’aurait reçu aucune explication valable.
«Et comme si, cet incident n’était pas déjà de trop, pour la suite des évènements, c’était sans compter sur l’un des conseils du sénateur, à savoir maitre Moubembe, qui a découvert son client couché sur le brancard en criant à la violation des droits de l’homme et en demandant qu’il soit libéré compte tenu de son état de santé», a révélé la même source, avant d’indiquer que : «pour plus de sérénité, le juge d’instruction a donc décidé d’auditionner le sénateur à l’hôpital en présence du parquet général et devant ses avocats et cela s’est bien passé».
Tout porte à croire que cet ensemble d’actes chronologiquement bien menés, viserait un seul et unique but : «la libération de l’accusé», seule demande de ses avocats à chaque fois qu’une occasion leur est donnée de s’exprimer. Ce, d’autant plus que, selon la source, «des différents rapports médicaux, il ressort que l’état de santé du sénateur ne serait pas si grave que le présentent ses avocats».
On peut donc se demander si les avocats de monsieur Gabriel Eyéghé Ekomie souhaitent véritablement que cette affaire arrive à une fin qui permettra de disculper ou non leur client ? Ou, veulent-ils le maintenir éternellement en détention préventive en empêchant par tous les moyens l’accomplissement des différents actes de procédure ? Il n’est cependant pas à oublier qu’il s’agit d’une affaire dans laquelle une jeune écolière de 12 ans a été assassinée et dans laquelle subsiste encore des zones d’ombres que la justice devra éclairer.
