À l’heure où plusieurs personnes, principalement les dirigeants des États, clament haut et fort que l’esclavage a été aboli et que leurs pays combattent ces actes rétrogrades, la fondation Walk Free, soutenue par Hillary Clinton et Bill Gates, vient de dévoiler les noms des pays où se pratique l’esclavage moderne.
Malgré les mécanismes mis en place par les autorités pour juguler sinon bouter hors du territoire gabonais le phénomène de l’esclavage moderne, pratiqué discrètement et en réseau, ce crime continue pourtant de s’enraciner dans le pays. Le Gabon a pourtant ratifié un bon nombre de textes concernant la lutte contre l’esclavage, à l’exception de la Convention relative à l’esclavage et à la Convention supplémentaire relative à l’esclavage s. Il a également signé l’accord multilatéral de coopération pour lutter contre la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants en Afrique occidentale et centrale, mais il n’a pas ratifié la Convention sur le travail domestique.
Nouvelle organisation basée en Australie, soutenue par l’ancienne secrétaire d’État américaine Hillary Clinton et le philanthrope co-fondateur de Microsoft, Bill Gates, la fondation Walk Free a publié, pour la première fois, le 17 octobre 2013, l’indice de l’esclavage mondial dans lequel on note que «le Gabon est considéré comme une destination et un pays de transit pour les victimes de l’esclavage moderne en provenance d’autres parties de l’Afrique occidentale et centrale. Son économie et ses infrastructures relativement stables au niveau régional ne sont pas sans conséquence dans l’intérêt que les jeunes des régions environnantes à la recherche d’opportunités éducatives et économiques lui accordent».
Avec une population estimée à 1,5 million habitants, le Gabon ne se donne pas trop de mal pour figurer dans le top 10 des pays ayant la plus forte prévalence en esclavage moderne sur les 162 pays étudiés. Les résultats sont en effet un ratio calculé à partir du poids démographique des pays et le pourcentage de la population réduite en esclavage dans ces Etats. Un calcul pour le moins difficile, à en croire Nick Grono, le directeur général de Walk Free, qui explique qu’«il est difficile d’obtenir des données car il s’agit d’un crime caché. C’est un peu comme mesurer la violence conjugale ou le trafic de drogues». L’étude a ainsi été menée sur la base d’une combinaison d’indicateurs concernant les niveaux de mariages d’enfants et les niveaux de trafic humain dans et hors du pays.
Selon cette enquête inédite publiée à Londres, près de 30 millions de personnes dans le monde vivent dans des conditions d’esclavage, l’Inde pointant en tête avec presque la moitié des personnes asservies soit (14 millions d’esclaves), suivie de la Chine (2,9 millions) et du Pakistan (plus de deux millions). Quatorze pays africains dont la Mauritanie, le Bénin, la Côte d’Ivoire, la Gambie, le Gabon et le Sénégal sont parmi les 20 pays les plus mal classés si l’on prend en compte le pourcentage de population réduite en esclavage.
En Afrique subsaharienne, le Gabon occupe le 10e rang de ce classement avec une moyenne de 13707 personnes en esclavage, pour un plancher de 13000 esclaves et un plafond de 15000 esclaves.
Les lois du Gabon criminalisent la traite, la prostitution forcée et le travail forcé des enfants de moins de 18 ans. Cependant, il n’existe pas de loi spécifique sur l’esclavage moderne et le trafic d’hommes et de femmes. La loi érige en infraction pénale la traite des personnes de moins de 18 ans à la fois pour l’exploitation économique et sexuelle et prévoit des peines emprisonnent de cinq à 15 ans (article 4 du code gabonais du travail – loi n ° 3/94). Le rapport dresse un certain nombre de choses pouvant être faites ou améliorées sur lesquels Gabonreview reviendra.
