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L’enfer de l’eau potable à Libreville

Leau1-420x190Confrontée à une forte expansion urbaine, Libreville peine à fournir le vital liquide à l’ensemble de ses habitants depuis plusieurs années maintenant. Si plusieurs mesures ont été annoncées pour redresser le tir, les résultats se font toujours attendre.

Nkembo, Derrière l’ENS, Sotega, Okala, Agondjé, Avorbam… la liste de ces quartiers de Libreville où l’eau potable est devenue une denrée rare ne cesse de s’allonger. Dans plusieurs quartiers de la capitale, il faut en effet veiller devant son robinet à des heures tardives, et prier pour que l’eau arrive enfin. Pis, il faut parfois attendre deux ou trois jours, voire plus, pour espérer obtenir le précieux liquide. Et encore : lorsque l’eau arrive enfin, la pression est souvent faible, obligeant ainsi certains Librevillois à passer d’interminables minutes devant le robinet pour faire le plein de récipients. Dans certains cas, l’eau est tellement rare que les populations sont obligées de parcourir de longues distances pour aller s’en procurer. Dans d’autres zones, on peut attendre 5, 6, voire 10 mois sans qu’une goutte d’eau ne sorte du robinet. Si les habitants de Derrière l’ENS, vont très souvent s’en procurer au campus de l’Université Omar Bongo, ceux d’Okala-carrière ou d’Avorbam se débrouillent comme ils peuvent. Une nouvelle activité commerciale consistant à livrer de l’eau moyennant 15.000 francs pour 1 000 litres s’est même créée et ne cesse de prospérer. Une situation qui met à mal la santé des populations. Car, bien malin qui pourra garantir la provenance et la qualité de cette eau que des entités spontanées livrent çà et là.

Et pourtant, cette situation ne date pas d’aujourd’hui. Au vu et au su des autorités compétentes, elle perdure et s’enlise. Quelles en sont les causes ? Qu’est ce qui est fait pour rendre l’eau disponible à tous ? La Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) ne peut-elle pas concevoir un plan de rationnement qui permette à toutes les zones de disposer d’un peu d’eau ? Pourquoi certaines zones en ont tout le temps et d’autres jamais ? Autant de questions auxquelles personne n’apporte de réponses. Evidemment, cela ouvre la voie à toutes les supputations. Ironiquement, certains affirment qu’«il n’y a plus d’eau au Gabon». D’autres, pensent que les agents de la SEEG privent volontairement certaines zones pour favoriser la prospérité des entités qui en livrent. Il y en a, plus sérieusement, qui estiment que «la SEEG est tout simplement dépassée et n’arrive plus gérer la situation».

La croix et la bannière

De fait, les difficultés d’accès à l’eau potable sont un casse-tête pour les populations. Dans les zones rurales, on note une absence d’infrastructures pour satisfaire la demande. Selon des données disponibles, seuls 25% de la population vivant en zone rurale a accès à l’eau potable. En zone urbaine, ce taux est de 66%. Or, c’est justement en zones urbaines où les populations sont confrontées aux plus grandes difficultés d’accès à l’eau potable, la vétusté des infrastructures et l’absence de financement d’envergure ne permettant pas de répondre adéquatement à la demande.

Par ailleurs, il n’existe aucun cadre juridique sur l’eau et encore moins des principes publics pour favoriser un accès en eau en qualité et en quantité pour tous. Alors que dans d’autres pays, le lotissement urbain en vue d’occuper les espaces d’habitation s’accompagne d’un plan de distribution d’eau fondé à la fois sur l’expansion urbaine, l’évolution démographique et les besoins de la croissance économique, au Gabon la production et la distribution de l’eau semblent être improvisées.

Conscients de la gravité de la situation, le gouvernement et la SEEG ont annoncé en 2007 des investissements de l’ordre de 600 milliards de francs CFA pour actualiser et moderniser l’infrastructure. 7 ans plus tard, les délestages et coupures d’eau se sont accrus. Des sources concordantes estiment que pour permettre l’accès à l’eau en qualité et en quantité suffisante pour tous, sur l’ensemble du territoire, il faut investir dans la construction d’infrastructures de production et de distribution de même que des infrastructures de traitement des eaux usées.

En mai et juillet derniers, Désiré Guédon, ministre de l’Energie et des Ressources hydrauliques, est allé s’enquérir du fonctionnement et des difficultés auxquelles sont soumis les agents de l’Agence de régulation de l’eau potable et de l’énergie électrique (ARSEE) et la Société de patrimoine, du service public, de l’eau potable, de l’énergie électrique et de l’assainissement. Si les différentes réunions organisées avec les agents et leurs responsables se sont achevées sur une note d’espoir, les discussions ont tout de même laissé entrevoir quelques difficultés, notamment s’agissant des effectifs, du financement et de la communication, particulièrement la vulgarisation des missions assignées aux deux structures. Mieux, à l’issue du Conseil des ministres du 8 mai dernier, un «conseil présidentiel» a été annoncé qui devait se pencher sur «l’épineux problème de l’alimentation en eau potable de Libreville». Ce, pour se conformer et mettre en pratique l’objectif 19 du Plan stratégique Gabon émergent (PSGE) qui vise à garantir un accès universel à l’eau potable, Ali Bongo Ondimba a décidé de la tenue, la semaine prochaine, d’un «conseil présidentiel» consacré à la question de l’eau potable. Tenu le 15 mai 2014, dans les conclusions de ce «conseil présidentiel» il était question de renforcer le réseau de transport et de stockage d’eau à Libreville. La construction de l’usine de Ntoum 7 qui doit alimenter Ntoum, Kango, Akanda et Libreville grâce à un captage dans le fleuve Komo avait été soulignée. Mais, pour terminer sa construction et l’ensemble des ouvrages nécessaires à la réalisation totale du projet, il fallait mobiliser 20 milliards de francs CFA en plus sur ce qui avait déjà été décaissé, c’est-à-dire 94 milliards. On n’en a plus jamais parlé.

Pour l’instant, c’est toujours la croix et la bannière pour s’approvisionner en eau potable à Libreville. Jusqu’à quand ?

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