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Le sort du français dans le monde de plus en plus lié à son avenir en Afrique

Photo de famille des Chefs d’Etat et de gouvernement de la Francophonie présents pour le XIVe Sommet de la Francophonie, qui s’est tenu à Kinshasa du 13 au 14 octobre 2012.
Photo de famille des Chefs d’Etat et de gouvernement de la Francophonie présents pour le XIVe Sommet de la Francophonie, qui s’est tenu à Kinshasa du 13 au 14 octobre 2012.
A première vue, on pourrait croire à une inflation suspecte : le nombre de francophones dans le monde serait passé de 220 millions en 2010 à 274 millions en 2014, soit une augmentation de près d’un quart, d’après le dernier rapport de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) publié mercredi 5 novembre, à trois semaines du prochain sommet de cette institution à Dakar (Sénégal). Mais tout dépend de ce que l’on entend par « francophone ».

A cet égard, l’Observatoire de la langue française de l’OIF établit pour la première fois un distinguo. Sur les 274 millions de personnes actuellement « capables de s’exprimer en français » (langue maternelle ou apprise) dans 102 pays et territoires de la planète, seules 212 millions de personnes « en font un usage quotidien », soit 7 % de plus qu’en 2010.

A quoi est due cette augmentation? « Le français bénéficie de la croissance démographique des pays d’Afrique subsaharienne », indique l’actuel secrétaire général de l’OIF et ancien président du Sénégal, Abdou Diouf, en introduction de ce rapport. Il ajoute : « La scolarisation en français a permis à plusieurs pays du sous-continent de connaître des progressions » importantes. Le rapport cite notamment le Bénin, le Burkina Faso, le Burundi, le Cameroun, le Congo, le Gabon et surtout le Sénégal (+ 30 %). En Afrique, « les systèmes éducatifs, bien que rencontrant des difficultés de nature quantitative et qualitative, continuent d’accorder une place privilégiée au français » mais ces pays « sont de plus en plus engagés dans une course de vitesse entre croissance démographique et scolarisation de qualité », met en garde M. Diouf.

Deuxième langue apprise dans le monde

Jacques Attali, dans son rapport intitulé « La francophonie et la francophilie, moteurs de croissance durable », remis en août à François Hollande, lançait un avertissement plus cinglant : « En l’absence d’infrastructures scolaires permettant de scolariser la majorité de la population, et de maintenir un enseignement du et en français, les générations africaines à venir ne parleront plus français. » Sans coup de pouce éducatif et massif, le risque est grand de voir le français réservé aux seules élites africaines, ajoutait-il, notant au passage la concurrence non seulement de l’anglais ou de l’arabe mais aussi des idiomes africains locaux de plus en plus utilisés dans les médias, comme le wolof au Sénégal ou le mandingue au Mali.

L’OIF maintient cependant ses projections énoncées dans ses précédents travaux : à l’horizon 2050, 715 millions de personnes seront francophones (« capables de s’exprimer en français »), dont 85 % seront africains, sur la base de la croissance démographique envisagée pour un continent promis par ailleurs à un décollage macroéconomique. Des projections qui motivent un intérêt croissant pour l’Afrique subsaharienne de la part des pays francophones du Nord, France en tête.

Combien d’élèves ou d’adultes, grâce au réseau des Alliances françaises et des Instituts culturels, choisissent d’apprendre le français en tant que langue étrangère ? Selon l’OIF, ils sont aujourd’hui 49 millions, soit 6 % de plus qu’en 2010, surtout, là encore, en Afrique (et au Moyen-Orient). Mais leur nombre baisse en Europe, dans de fortes proportions en Pologne (moins 38 %) et au Royaume-Uni (moins 12 %), tandis qu’il reste stable en Allemagne.

Au total, toujours selon l’OIF, le français est la deuxième langue la plus apprise dans le monde (y compris aux Etats-Unis, après l’espagnol) et la cinquième la plus parlée sur la planète, derrière le mandarin, l’anglais, l’espagnol et l’arabe ou l’hindi, suivant les estimations prises en compte. Sur Internet, là où se jouera aussi son avenir, le français serait la quatrième langue la plus utilisée.

Martine Jacot
Journaliste au Monde

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